Dernier jury d’année à la faculté de droit. Et toujours le même constat : une très grande majorité des étudiants n’est pas venue passer les examens. A Brest, pour la licence 1 cela représentait 45 % des convoqués et à Quimper, 57 % !
Evidemment une part de l’explication tient aux choix des étudiants.
Certains d’entre eux n’étaient inscrits en droit que parce que leur dossier en IUT ou dans un autre établissement avait été refusé en septembre dernier et qu’en attendant la rentrée 2006 pour retenter leur chance, ils avaient préféré découvrir un nouveau domaine.
D’autres ont dû se résoudre en janvier, à constater leur peu d’appétence pour la matière et se sont accordés un semestre de… réflexion. Sûrement pour mieux repartir en septembre prochain.
D’autres encore, cela arrive à chaque session, aussi étonnant que cela puisse paraître, oublient les dates précises des examens et se retrouvent de ce fait classés « défaillants ». Et les derniers sont peut-être découragés par la somme des points à devoir récupérer pour valider leur année..
Mais tout ceci ne sont que des suppositions. Car c’est bien là le drame. L’Université ne suit pas ces « étudiants décrocheurs ». Elle ignore tout de leurs motivations initiales et des difficultés qu’ils rencontrent dans l’année. Une faute dont tous les enseignants, dont votre serviteur, portent leur part de responsabilité.
Tout à fait juste, l’université devrait être comptable de ses déchets (entre guillemets).
Par contre je pense que le déchet devrait être l’exception c’est à dire qu’il faudrait que l’orientation soit plus sélective. La formation est un investissement financier et humain. Elle doit être valorisée par une meilleure orientation, un suivi personalisé et un soutien à la sortie, quelque soit le niveau de cette sortie.
Grand désaccord sur le mot « sélective ». Un véritable accompagnement vers l’orientation devrait être fait, mais sans que l’université ne puisse sélectionner ceux qui peuvent ou non y venir…
L’abscence d’écoute de la plupart des enseignants d’université (le responsable de ce blog n’est pas coupable, c’est l’un des rares à m’avoir intéressé réellement à ces cours), de suivi en-dehors ou les notes extrêmistes sont tellement pénalisantes qu’il devient souvent impossible de remonter certaines notes.
J’ai ainsi souvenir d’un enseignant qui sur 400 étudiants n’avaient trouvé que 13 méritant une note supérieure à 10 et aucun n’avait le droit à plus de 12… Est-ce que Jean-Jacques aurait une idée dela personne dont je parle ?
Il est souvent aussi facile d’oublier que les conditions sociales des étudiants jouent fortement sur la capacité à réussir les exams… Réussir un exam quand vous avez bossé la veille au soir… quand le cours de la matière X tombe pendant vos heures de travail… quand le prof fait son exam en renvoyant à des livres dont il vous a parlé mais que vous ne pouvez pas vous payez…
La pédagogie et la responsabilisation de l’Université, ainsi que la question de l’autonomie des étudiants font partie des véritables questions pour une université jouant pleinement son rôle
Je me rappelle encore de ma première journée à la fac de Quimper où l’auteur de ce blog nous préparait à cette sélection « bizarre » de la 1ère année en nous disant « regardez votre voisin, l’année prochaine il ne sera plus là »…au moins ça met dans l’ambiance !! C’est vrai qu’il est temps que l’université fasse l’objet d’un débat…j’espère que le retour des socialistes au pouvoir le permettra pour qu’enfin l’univsersité dispose des moyens dont elle mérite…pour qu’il n’y ait pas d’un côté les grandes écoles et de l’autre la fac et ses étudiants précaires qui même après l’obtention de leur diplôme ne savent toujours pas quoi faire !!
LE COUT D’UN ELEVE (source OF 24/06/06) :
Maternelle : 4 400 €
Primaire : 4 590 €
Collège : 7 400 €
Lycée : 10 170 €
BTS : 12 300 €
Classe prépa. : 13 760 €
IUT : 9 160 €
Université : 6 700 €
C’est pas rien !
Les droits et LES DEVOIRS. Attention à l’assistanat, sont-ils (elles) des grands garçons et des grandes filles ? Pour beaucoup on pourrait en douter.
Comment les responsabiliser ? encore au porte-monnaie ?
Les chiffres parlent d’eux-même un étudiant coûte moins cher d’un collégien… Cela n’est guère surprenant d’évoquer l’échec par la suite, car cela se traduit à un encadrement plus réduit notamment en première année.
De plus, ce chiffre ne doit faire que la moyenne entre tous les étudiants et ne différentient pas ceux d’un troisième cycle avec les premières années… C’est 6700 euros quelques soit l’année …
un étudiant de classe préparatoire coute presque deux fois plus cher qu’un étudiant de l’université … la nation met deux fois plus d’argent pour faire bachoter un élève brillant, qui a de très forte chance statistiquement d’appartenir à une famille à fort pouvoir d’achat et culturellement privilégiée, que pour former un étudiant … la démocratisation de l’enseignement supérieur ne serait pas une simple façade ?
Tout cela est juste mais stigmatiser la puissance publique ne suffit pas. Personnellement je n’exonère pas les étudiants ou plutôt ceux qui s’inscrivent à l’université en dernière option. Ils y viennent avec l’intention de voir, de bénéficier du statut, pour que la situation se décante, par hasard en fait. Difficile d’en faire des étudiants motivés non ?
Ho lala ! c’est a fièvre.. Et Sylvain, je te trouve bien politique (Hypocrite) car à ne pas vouloir parler de sélectivité (ce qui ne veut pas forcément dire prendre les meilleurs) à l’entrée on’organise à l’intérieur comme tu le reconnais si bien. Quant au cout de la scolarité par évève, voici un argument fallacieux. Dépenser autant avec moins d’élève changerait la donne. Et parler de bachotage pour les prépas c’est nier leur efficacité. Non décidemment, une université qui dispenserait du savoir en préparant à un métier aurait du sens. Je trouve que personne ne parle des réussuites : c’est à dire sur 100 jeunes qui entrent en fac, combien obtiennent un emploi de cadre ? A mon avis la réponse doit être affligeante…
Oui, je suis politique et fier de l’être mon cher Alain, et non pas hypocrite. Oui le système organise la sélectivité, est-ce bien… non…
L’argument n’est pas fallacieux quand aujourd’hui dans certaines facs pour réussir il faut que les parents payent des cours particuliers alors que l’étudiant sans moyens n’a que ses yeux pour pleurer.
La sélectivité a la sortie du lycée ne fait que réduire la difficulté à l’environnement du système.
Je fais partie des réussites du système républicain, mais la sélectivité surtout se fait sur la fermeture des autres systèmes : combien de bacheliers notamment de bac techno voulaient continuer vers des filières du type BTS (la filière logique) mais la trouvent fermer par des bacheliers type « général »… Pour avoir un statut comme le disait Jean-jacques, il ne reste alors qu’une solution… l’université. A qui trop souvent les politiques ne donnent les moyens de les aider, de les sauver, de leur donner un métier… C’est cela le drame, l’université n’est aujourd’hui que la voie de secours des autres filières !
Quelqu’un pourrait-il me donner le pourcentage de fils et filles d’ouvriers qui réussissent en classes prépas et en grandes écoles ?
Il est infinitésimal.
L’élite française refuse de changer son mode de sélection et s’autoreproduit, tout en accusant les autres catégories de la population de manquer de volonté et de s’accrocher au système (Bourdieu is still alive) !
Il me semble évident qu’une meilleure information sur les débouchés réels des filières doit être mise en place, c’est ce qu’amplifie le gouvernement actuel (pour faire oublier le CPE). Par contre, cela ne doit pas aller jusqu’à la sélection :
1. Si toutes les filières deviennent sélectives où va celui qui n’est pas sélectionné ? Au travail direct ? On reparlera alors de sa classe sociale d’origine, je vous fiche mon billet que je la connais déjà et vous aussi…
2. Il existe déjà une sélection, le baccalauréat.
3. L’argument du statut est un bon argument pour venir en Fac. En effet, l’argument de n’avoir aucun statut est un mauvais argument pour ne pas venir en fac.
Enfin, et je vous laisse, la proportion de jeunes dans la population globale va baisser drastiquement si l’on en croit les derniers chiffres INSEE. Alors on peut bien consacrer une petite part de notre cher PIB à les former, surtout s’il est vrai que nous rentrons dans l’économie de la connaissance ?