Qu’est-ce au juste qu’une nation ? C’est un concept obscur relativement récent. Ainsi l’Antiquité ne la connut pas. Les cités grecques se considéraient étrangères les unes aux autres, et n’hésitaient pas à se faire la guerre. L’Empire romain fut aussi une confédération de Cités sous la domination de LA ville (Rome), mais lui, au contraire, n’hésitait pas à octroyer le titre de « citoyen romain » à ce que nous considérons comme des étrangers.
Sous l’Ancien régime, elle était constituée par des sujets qui « ont l’habitude immémoriale d’obéir au même prince ». C’est la Révolution qui va lui donner toute sa puissance énergétique. Politiquement le mot est entré dans le discours grâce à Sieyès dans sa brochure: « Qu’est ce que le Tiers Etat ? ».
A la maxime de Louis XIV : « L’Etat c’est moi », les révolutionnaires rétorquent que l’Etat n’est rien d’autre que la personnification de la « nation » c’est-à-dire de l’ensemble des citoyens.
Sur un plan historique, la nation française est bien la fille de la Révolution, fondée sur des racines communes et un « rêve d’avenir partagé ». Elle se construit dans la volonté pour devenir comme disait Malraux dans la « Tentation de l’Occident », « La communauté de rêves ». Plus prosaïquement, pour moi, la nation reste d’abord une émotion.