Le paysage politique chez les Verts m’a toujours fait penser à un tableau de Bruegel, avec autant de courants et de sous-courants politiques que de petits personnages présents sur la toile. Je ne commente donc pas les péripéties de la désignation de Dominique Voynet comme candidate à la présidentielle.
Par contre, en terme de stratégie, la gauche me semble face à un choix. Soit elle assume de construire « le grand parti de la gauche » et cela doit se traduire de la part du PS à des concessions en terme législatif. Nous devrions alors permettre que nos alliés, qui seraient volontairement absents de la présidentielle, soient représentés à l’Assemblée en les soutenant dès le 1er tour. Soit elle privilégie les dynamiques de rassemblement de second tour, et toutes les candidatures sont donc légitimes quelque soit le scrutin. Charge à chaque famille de respecter un code de bonne conduite dans lequel nos seules attaques seraient dirigées vers l’UMP et l’UDF. Dans ce cas, le PS, aurait la responsabilité comme l’écrit Pierre Kanuty » de convaincre et de séduire, pas de dissuader« .
A le lire, j’avoue que je ne saisis pas totalement la position de François Hollande. D’un coté, il impose des « gels » de circonscriptions par exemple pour le MRC de Chevènement avec les conséquences locales que l’on imagine et que vous pouvez découvrir ici, en espérant son soutien pour notre candidat de 2007. De l’autre, il négocie avec les Verts pour un accord législatif sans demander leur appui pour la présidentielle… ?
Un grand Parti Socialiste, réunissant les verts, les PRG, Chevènement, la franche modérée du PC et bien entendu le PS actuel, et qui sait à l’allure où on est parti peut être l’UDF? Mythe ou réalité ? Arlésienne ou futur parti de la majorité présidentielle de 2007 ?
Sur le papier l’idée n’est pas inintéressante, notamment si on garde en mémoire qu’en 2002 il ne manquait finalement pas grand-chose à Jospin pour être au second tour et dans ce cas surement gagner l’élection. L’idée est aussi intéressante quand on pense que la gauche dirige de concert ses exécutifs locaux, avec une réussite certaine, en sachant mettre de côté ses différences idéologiques et en s’appuyant sur des projets pragmatiques.
Dans les faits, ca me semble très compliqué, impossible voir pas souhaitable :
La coexistence actuelle des courants internes au PS ne va déjà pas de soit ; je suis personnellement affligé de voir que les « portes-flingues » des principaux responsables de courants du PS au périmètre actuel mobilisent aujourd’hui plus d’énergie pour contrecarrer les projets de leurs concurrents internes à l’investiture que pour combattre la politique du gouvernement et les projets sarkozistes ; comment prétendre être le cœur du grand parti de la gauche de gouvernement quand le principal let motif de certains ténors du parti consiste à critiquer toute initiative des concurrents internes directs voir à les dénigrer systématiquement et publiquement. Certes, c’est le jeu de la démocratie interne, mais tout de même…
Par ailleurs, la capacité de la gauche de gouvernement à mobiliser son électorat au second tour n’est elle pas liée à la diversité des partis présents au premier tour des élections ? Autrement dit certains électeurs qui votent aujourd’hui pour les verts ou le pc au premier tour, ne voteraient ils pas pour la LCR au lieu de voter pour un parti de la gauche de gouvernement, au risque de ne pas voter non plus pour ce parti au second tour ?