« Fin mars, Alain Krivine fait passer un message à l’Atelier [siège de la campagne de Jospin]. Il souhaiterait que les élus socialistes fassent preuve de générosité en cédant une cinquantaine de signatures à Olivier Besancenot, qui ne dispose pas de suffisamment de parrainages pour se présenter. Le PS accepte, estimant que cela constituera autant de voix en moins pour Laguiller ». Frédéric Haziza, Chirac ou la victoire en pleurant, Ramsay, 2002, p. 258.
« Les socialistes savent aussi que, pour rassembler la gauche au second tour, il ne serait pas mauvais d’aider Olivier Besancenot à obtenir ses 500 signatures. Entre Bruno Le Roux, responsable des élections au PS, et François Sabado, de la Ligue, le scénario est soigneusement mis au point. Au mois de mars, les militants d’extrême gauche écument les mairies de France. Lorsqu’ils rencontrent une oreille socialiste attentive, mais que le maire s’abrite derrière la direction nationale, François Sabado où les missionnaires de la LCR composent le numéro de portable de Bruno Le Roux, qui donne, en direct son feu vert à l’élu hésitant ». Ariane Chemin, la campagne ratée, Le Monde, 4 juin 2002.
« En votant pour ma candidature, vous sanctionnerez à gauche le bilan du gouvernement Jospin et de ses partis ». Profession de foi d’Olivier Besancenot, 1er tour de l’élection présidentielle du 21 avril 2002.
« C’est à la gauche de la gauche de trouver un nouveau débouché politique qui rompt avec la loi du profit. La gauche de Strauss-Kahn et de Fabius, c’est encore plus de privatisations et de cadeaux pour les patrons. Au vu de l’expérience récente de la gauche plurielle, faut-il gouverner avec le PS ? Notre réponse est claire c’est non. Nous refusons d’être la caution du social-libéralisme ». Olivier Besancenot, Libération, 27 août 2003.
« Aux élections européennes, explique très sérieusement la porte-parole de LO, la gifle au gouvernement doit être en même temps un vote d’avertissement envers le PS. Il faut désavouer la droite gouvernementale et sa politique, mais « sans amnistier la gauche pour le passé et sans la cautionner pour l’avenir ». Un slogan que fait volontiers sien Olivier Besancenot. A ses divers auditoires, le porte-parole de la LCR ne cesse de jeter en pâture les »Strauss-Kahn et autres Fabius », figures tutélaires, selon lui, de la « gauche libérale». Didier Hassoux, La haine des soc-dem, plate forme électorale, Libération, 1 juin 2004.
«Alain Krivine, le vieux chef, savoure l’instant. En six mois, la Ligue a payé ses dettes, effacé son péché de sectarisme, purgé son errance avec LO et remis son postier fétiche en selle « Olivier a retrouvé toute sa popularité, comme en 2002. Les gens ont totalement oublié nos échecs de l’an dernier« », Claude Askolovitch, La victoire de la gauche d’en bas, Le Nouvel Observateur, 2-8 juin 2005.
« L’espoir consiste donc à s’opposer à la droite et à résister au social-libéralisme, en refusant, par exemple, les alliances gouvernementales et parlementaires avec le PS. L’idée que l’on pourrait convertir la direction du PS à l’anti-libéralisme [...] est une illusion», Olivier Besancenot, Marie-George, Arlette, José… si on causait ?, Le Monde, 28 avril 2006.
« Pour l’heure, la LCR n’a que « quelques dizaines de promesses. Certains donnent leur signature plus facilement qu’en 2002, grâce à l’aura d’Olivier Besancenot« , poursuit Roberto, le camarade qui supervise les opérations». Matthieu Ecoiffier, Facteur trotskiste recherche signatures, Libération, 24 juin 2006.
« Les élus socialistes sont appelés à n’accorder aucun parrainage pour le moment. Votre soutien massif à celui ou celle d’entre nous qui portera nos couleurs à l’élection présidentielle de 2007 sera déterminant ». Courrier de François Hollande et de Claudy Lebreton, Président de la FNSER, 3 août 2006.
« L’initiative de François Hollande est une insulte pour le pluralisme. Ca vise de façon administrative à aligner toute la gauche derrière le PS. Et ça, je crois que c’est extrêmement grave. Ca veut dire qu’on aura plus que le choix qu’entre une droite dure et une gauche molle ». Alain Krivine, RTL, 7 août 2006.
Le compendium intéressera tous ceux dont la mémoire a un peu flanché au fil du temps.
La gauche de la gauche, comme elle se plait à se définir, est la gauche du désastre.
La réservation de parrainage des élus socialistes pour le candidat du PS se justifie par la nécessité de ne pas reproduire le cauchemar de 2002.
Effectivement, ça se passe de commentaires … Merci pour ce petit rappel qui permet de considérer d’un oeil critique ces partis qui vivent sous perfusion du PS mais qui n’hésitent pas à lui tirer dessus au bazuka.
Bonjour,
j’aimerais apporter ma contribution à ce débat qui semble pour l’instant ne réunir que des gens d’accords entre eux. Qu’importe…
Néanmoins, je m’interroge sur les « consignes » données par le premier secrétaire du PS aux maires affiliés au PS. Maintenant qu’elles sont assumées, on peut en discuter sereinement. Ainsi donc, la direction du parti socialiste s’autoriserait à faire un choix concernant qui peut et qui ne peut pas se présenter à ces élections, quel parti politique peut exposer ces revendications et ses propositions et lequel ne peut pas? Cela ne semble pas très démocratique. D’autant que les maires affilié(e)s au PS représentent des électeurs dont la couleur politique va au dela du seul parti socialiste. Cela signifie que le parti socialiste demande à des gens qui ne se reconnaissent que peu dans le PS de voter pour lui contre la droite mais qu’une fois élu(e)s les maires ne représentent que les vrais socialistes?!
La direction du PS nous présente une conception de la démocratie bien peu attrayante et bien loin de la notion même de démocratie. Plutôt que d’interdire à certains partis politiques de s’exprimer, le PS ferait mieux de débattre sur le fond de ses propositions.
Dommage.
Charlie
Réaction de JJU :
Cher camarade membre de la LCR.
Merci pour cette contribution. Si tu remontes encore un peu le temps sur ce blog, tu pourras retrouver à la date du 8 août quelques élements de nature à alimenter ta réflexion.
En effet, nous sommes 47 300 élus à détenir ce sésame dont 36 745 maires, 4 218 conseillers généraux, 1 722 conseillers régionaux, 577 députés, 331 sénateurs et depuis une loi organique du 5 février 2001, 78 députés européens et 1 945 présidents des communautés urbaines, d’agglomération et de communes,…
En 2002, 17 815 présentations avaient été validées permettant à 16 candidats de participer à la campagne. Et sur ces impétrants, au premier tour 9 n’ont pas obtenu 5 % des suffrages et 5 n’ont même pas réuni 3 % des votes ! Comme l’a dit Pierre Mazeaud, Président du Conseil Constitutionnel, le 3 janvier 2006, « l’élection présidentielle sert à désigner le Chef de l’État. C’est considérable. Ne lui demandons pas en plus de permettre un sondage en vraie grandeur des différentes sensibilités du paysage politique national. »
Que les socialistes parrainent le candidat issu de leurs rangs me semble donc logique. D’autant que, même si nous avons beaucoup d’élus, nous sommes loin d’être hégémoniques. Ainsi à titre d’exemple sur les 1 722 élus régionaux seuls 395 sont au PS.
Bonne continuation.