La Rochelle a-t-elle fait bouger les lignes ? Exercice délicat de l’apprécier, tant on aimerait que ses vœux soient conformes à la réalité. Avec un tout petit peu de recul, voici mon bilan.
Jospin veut rassembler. Il a beaucoup intéressé la presse, les militants ont paru plus sceptiques. La fenêtre de tir est étroite, mais elle sera utilisée. Il va chercher à convaincre DSK, Lang, Hollande, voire Fabius de se regrouper derrière lui. Il a crevé un abcès, il faut maintenant qu’il explique en quoi il serait le meilleur pour battre Royal pour laquelle il se montre désormais très sévère. L’exercice ne sera pas aisé.
Royal veut s’imposer. Elle possède un talisman : les sondages dans lesquels elle bat parfois Sarkozy. Ce n’est pas systématique mais elle est là seule à le faire. La Rochelle aurait pu être son sacre mais elle a irrité par son refus de débattre avec le MJS laissant la place à des interprétations sur le vide de ses discours. Elle a surpris en privilégiant les médias aux militants présents à l’Encan. Pour le moment, elle reste en tête même si, par sa faute, elle a reculé en trois jours.
DSK veut foncer. Dans les dernières études, il est l’outsider, la place qu’il recherche jusqu’au 3 octobre. Loin derrière Royal mais devant Jospin. Il a tenu une spectaculaire réunion militante au cœur de l’université. Son discours comme sa tribune libre dans le Monde lui ont permis de développer sa conception d’un président volontariste, qui agit et tranche. Il continue à ne pas croire à la candidature de Jospin et n’attend plus rien de Hollande. S’il reste 2ème dans les sondages, rien ne l’arrêtera.
Hollande veut arbitrer. Le Point révèle cette semaine qu’il a déjà choisi – comme beaucoup de ses proches – Royal mais qu’il ne veut pas encore le dire. Le retour de Jospin l’a remis en position centrale. L’accueil qu’il a reçu dimanche matin prouve qu’il est très populaire dans le parti, mais malheureusement il ne l’est guère dans le pays. Il n’a sans doute pas renoncé à son espoir mais il connait le PS comme personne. Redoutable tacticien mais moins bon stratège son choix pèsera.
Fabius veut y aller. Il s’est contenté d’un service minimum à La Rochelle. La question de sa détermination ne se pose pas. Face aux généralités de Royal, il s’efforce de développer des propositions concrètes. Il part d’un soutien dans le PS à 19 %, score de sa motion au Mans, et son potentiel de développement va jusqu’à 41 %, score du non le 1er décembre.
Lang veut y croire. C’est la candidature la plus fragile. Il fut d’ailleurs souvent seul sur l’esplanade ou dans le hall. En dépit de ses ouvrages successifs, dont le contenu est d’ailleurs souvent intéressant, son image est à la fois un atout et un handicap.
Au total, pas de vainqueur. Un léger retrait de Royal. Une attente sur ce que fera Jospin. Une détermination pour DSK.
Et vous, quel est votre lecture de cette université ?
Bonne analyse Jean-Jacques, mais tu as vécu le tout en « live ». le retour de Jospin ne présente-il pas le risque de faire exploser le parti ? Il a déjà échoué deux fois à la présidentielle dans des conditions nettement plus favorables, n’est pas Mitterrand qui veut. Puis c’est une question éthique, il a abandonné le parti quoiqu’il en dise en 2002, il lui a fallu une semaine pour appeller publiquement à battre Le Pen après sa défaite, ça n’est pas pardonnable.
Quant à Ségolène Royal, on peut comprendre sa réticence à affronter le MJS (c’est le terme idoine) après les propos peu amènes dont elle est fréquemment l’objet chez certains jeunes militants (notamment dans la blogosphère où fleurissent les « populistes, droitières » et autres gentillesses qu’on ne tolérerait pas si elles étaient adressées à des hommes. Ensuite elle n’avait pas besoin de la Rochelle, Frangy semble lui avoir suffit comme rentrée médiatique.
Fabius rien de nouveau, toujours aussi bas dans les sondages et droit dans sa démarche.
DSK remonte, comme si le fait d’être acculé le galvanisait.
Il ne faut négliger qu’en raison de leur âge, c’est pour Fabius, DSK, et Jopsin la dernière chance crédible d’être candidat. 2012 ça fait loin…
Lang est pourtant venu alors qu’il a eu à affronter concrètement l’ensemble du MJS en 2001, ou Fabius dont les jeunes qui se réclament de lui ont quitté pour partie le MJS l’année dernière.
Comment peut-on avoir peur de questions difficiles ? Sarkozy sera-t-il plus gentil que des militants socialistes ?
DSK a répondu devant le MJS à la question suivante « DSK, les militants vous trouvent pas mal mais n’êtes vous pas un peu de droite? »
réponse de DSK ici en video dans la partie « Les échanges entre DSK et le MJS » http://alarochelleavecdsk.blogspirit.com/
C’est une question tout à fait tolérable pour un homme comme pour une femme. Quel sexisme!
C’est bien dans la confrontation des idées et le débat que doit émerger notre candidat non?
En 2012 DSK aura 62 ans, c’est un très bon âge pour attaquer un deuxième mandat présidentiel. Laurent FABIUS n’a que 60 ans, il était le plus jeune premier ministre de France.
Donc si à 70 ans tu considères que JOSPIN est encore un candidat crédible, il reste, en plus de 2007, 2 chances à Dominique et Laurent!
Excellente analyse ! Je crois que c’est une bonne photographie du moment et que cette vision permet de calmer des esprits qui se comportent trop souvent comme si le vote avait lieu demain.
En effet, il est un peu tôt pour tirer des conclusions de ce que font les uns et les autres. Attendons de connaître les candidats à la candidature de manière officielle et alors le débat pourra commencer et je suis persuadé que nous choisirons le ou la meilleur !
Je suis d’accord avec l’ensemble des commentaires, ton analyse est excellente.
Ce que je retiens pour ma part de cette Université, c’est que nous n’avons pas assisté à une empoignade entre partisans de tel ou tel candidat, les militants se sont plus regroupés derrière le projet, aussi un bravo pour les organisateurs qui ont réussi ce challenge même si quelques uns arboraient de superbe T-Shirt ou parka à l’effigie d’un(e) candidat(e).
DSK a été excellent à l’oratoire.
Autre remarque, je pense que le refus de Ségolène de débattre avec le MJS lui a causé plus de tord qu’il n’y parait surtout que personne ne comprend et que les explications qu’elles nous a fourni n’ont pas réussi à convaincre.
Enfin, un petit mot d’encouragement pour François Hollande, même s’il est un des plus fameux des tacticiens, j’ai hâte de voir comment il va réussir à sortir de ses contradictions (Ségolène, lui ou le parti) sans égratinure