Le Président

J’ai revu hier soir sur TMC avec toujours autant de plaisir, le film d’Henri Verneuil « le Président ». Réalisé en 1961, c’est pour moi, un moment rare dans le cinéma français de cette période.

Grâce aux dialogues de Michel Audiard, la visite des coulisses du pouvoir y est subtile même si un très fort parfum d’antiparlementarisme flotte tout au long de l’intrigue.

En dehors des moments troublés par des ennuis de santé et par l’appréhension de la mort, un ancien président du conseil joué par Jean Gabin revit ses souvenirs d’homme d’Etat en rédigeant ses Mémoires. Son discours dans ce qui était alors « la chambre des députés » (la chambre basse ne devint l’Assemblée nationale que sous la 5ème) est certainement l’une des plus grandes scènes. Seul devant la représentation nationale, il attaque ses membres un à un, leur répondant sans se laisser démonter. Gabin se plaît visiblement à jouer un politicien roué et rusé. Il y a du Clémenceau dans son interprétation jubilatoire, peut-être même un petit côté mitterrandien avant l’heure.

Comment ne pas le voir avec nostalgie, comme le témoignage d’un temps révolu quand le cœur du débat démocratique battait au Palais Bourbon ? Aujourd’hui, tout se passe à la télévision. Nous avons changé d’idoles : Thierry Ardisson a remplacé Jean Jaurès, Nikos Aliagas, Gambetta. La distraction y gagne, pas la délibération.