Pour beaucoup de socialistes, le régime politique de la Grande Bretagne est une référence au point que l’on évoque parfois le « modèle de Westminster ». Une séparation du pouvoir exemplaire, une souveraineté parlementaire enviable, un exécutif contrôlé tout concourrait à donner des leçons à la malheureuse Vème République.
Les difficultés de Tony Blair éclairent d’un jour nouveau ce mythe. Si ce régime est efficace, c’est en raison d’un déséquilibre des pouvoirs accru au profit du chef de gouvernement, d’une fusion presque totale entre l’exécutif et le législatif. Et la seule véritable opposition qui compte est dans les rangs du parti majoritaire limitant le parlement à un rôle très modeste.
Ainsi depuis 1945, 12 Premiers Ministres se sont succédés au 10 Downing Street. 5 seulement ont quitté leurs fonctions à l’issue d’une défaite à des élections générales. Tous les autres, à l’instar de Tony Blair, sont partis sous la pression de leur formation politique. Pas un seul ne fut victime d’une motion de censure. Non seulement la Chambre des communes est donc marginalisée mais les partis d’opposition ne sont que des spectateurs. N’est-ce pas pousser au point le plus extrême le « gouvernement de parti » ?