La paix de Lens

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AFP.jpgJe viens de regarder la rediffusion sur la chaine parlementaire » du « grand Oral » des socialistes à Lens. Je ne crois pas que ce soit en trois heures que les lignes bougent.

Comme souvent, la boursoufflure journalistique a dramatisé un évènement en lui attribuant une portée à laquelle il ne peut seul prétendre.

Ségolène Royal s’y est présentée comme nous la connaissons. Plus de valeurs proclamées que de projets détaillés, plus de postures que d’engagements. Le tout avec une habilité jamais prise en défaut. Détail amusant, parlant des OGM elle a affirmé que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » oubliant de préciser qu’il s’agissait d’une citation de Rabelais dans Pantagruel.

Lionel Jospin fut magistral et très applaudi. Il est vrai que le maire Guy Delcourt est l’un de ses fervents partisans et que la section de la ville compte 700 personnes. J’ai senti d’abord dans son propos la volonté de rappeler les fondamentaux du PS et de mettre implicitement en garde contre les risques de la mode.

Jack Lang eut du mal à dépasser son statut de parlementaire. Sans souffle mais multipliant les emphases, il n’a pas gagné en crédibilité pour la fonction qu’il guigne.

Dominique Strauss-Kahn m’a parut à l’aise même si le propos n’était guère novateur pour ceux qui l’écoutent souvent. Parlant sans note, sachant susciter les applaudissements des présents (ce qui n’est pas si courant chez lui), chantre de la social-démocratie et des réformes, il croit à ce qu’il explique et le dit avec vigueur mais sans éclat.

Martine Aubry est le contraire d’une opportuniste. Déterminée et efficace, elle a de la sincérité et de la loyauté à revendre. Volontairement, elle a joué la complémentarité avec DSK et Jospin, rappelant nos valeurs.

Laurent Fabius a le sens des étapes. Résolu à forcer le destin, il n’a pas manqué celle là. Empruntant au registre du tribun, il a su montrer qu’il avait du fond et de l’étoffe avec une touche finale d’humanité qui a emporté l’adhésion du public. Mais pour moi, son « non » reste une tache.

François Hollande fut ennuyeux, ce qui est rare.

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3 réponses à La paix de Lens

  1. Alice dit :

    J’ai très peu apprécié ce passage du discours de Ségolène Royal où les scientifiques étaient en gros traités d’irresponsables. De savants fous quoi. On n’impose pas aux scientifiques les modes opératoires de leur recherche (en espace confinés d’après elle), on leur donne tout au moins la possibilité de travailler dans des conditions de relative indépendance financière puisqu’il semble que ce soit le critère leur garantissant une certaine liberté.

  2. Pierre dit :

    Ce commentaire complète la vision que cela donnait sur place. Dans « l’ambiance », on voyait à peu près la même chose. Delcourt est surtout très attentif à tout ce qui va se passer. Il oscille entre Jospin et DSK.

    Je crois que cette étape fut intéressante. Dans la séquence, ce qu’on voit c’est la déconnexion entre ce réel là et l’idéal que nourrit une partie de la presse, puisqu’elle continue de créditer Royal de bons chiffres, alors qu’elle ne fut pas la meilleur et qu’elle ne fit qu’un passage rapide d’ailleurs…

    Cela dit, on sent quand même qu’elle a progressé sur le plan oratoire.

  3. un argonaute dit :

    Le « non » de Laurent Fabius ne peut demeurer à vos yeux une tâche. Il faut s’attacher à respecter les décisions de chacun, surtout en politique. Carrieriste il l’est, mais qui n’a jamais été opportuniste ? Vous….?

    Réponse de JJU :

    Loin de moi l’idée de ne pas respecter Laurent Fabius. C’est justement parce que je crois que son engagement en faveur du refus de ratification du traité de l’Union Européenne était sincère que je me refuse à l’effacer. Mais bien que socialiste ayant voté « oui », dans une ville, Quimper, qui a voté « oui » (à 55.07 %) dans un département qui a voté « oui » (à 51.12 %) et dans une région qui a voté « oui » (à 50.9 %), je ne suis pas un ayatollah de la division du monde entre le bien et le mal en l’occurrence entre le « oui » et le « non » du 29 mai. Seule m’intéresse l’Europe qui est aujourd’hui libérale puisque encore engoncée dans le traité de Nice et qu’il serait destructeur de l’y laisser. Et justement, l’engagement de Laurent Fabius traduisait une lecture que je ne partage pas et que le temps n’a pas fait disparaître. Pour autant, si demain les socialistes le choisissent comme candidat à l’élection présidentielle, dès le 24 novembre, je serai derrière lui pour faire gagner la gauche.

     

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