En écoutant les différentes interventions des responsables de droite de ce week-end, je me disais que Sarkozy a peut être mangé son pain blanc dans son camp. Une pluralité de candidatures à la présidentielle appartient d’ailleurs à la culture de la droite.
Qu’on en juge : Poher, Pompidou en 1969, Giscard, Chaban-Delmas, Royer en 1974, Giscard, Chirac, Debré et Garaud en 1981, Chirac, Barre en 1988, Chirac, Balladur, de Villiers en 1995, Lepage, Bayrou, Chirac, Madelin, Boutin en 2002.
Pourquoi la droite en France n’a-t-elle jamais réussi à parler d’une seule voix ? Et je repense à un ouvrage que j’ai lu il y a quelques temps : Le conservatisme impossible. Pour son auteur, l’historien François Huguenin, c’est parce que libéraux et réactionnaires depuis la Révolution, n’ont pas su dialoguer. Il substitue ainsi deux courant à la grille classique établie par René Rémond : légitimiste, orléaniste, bonapartiste.
Sa réflexion fouillée convoque Aristote, Platon, mais aussi Tocqueville, Maurras, de Bonald ou Arrendt pour expliquer comment les deux mouvances se sont séparés sur un profond clivage philosophique. Les libéraux acceptent par réalisme une souveraineté populaire que les réactionnaires refusent par principe.
Ne craignant pas d’insister sur le risque de totalitarisme inhérent à la démocratie, François Huguenin démonte les pièges de l’égalité, de la liberté, de la souveraineté du peuple (« Le peuple qui peut tout est aussi dangereux, plus dangereux qu’un tyran», avertissait Benjamin Constant). On peut encore « penser le politique autrement » assure-t-il. A condition, notamment, de rendre à la « vertu » la place centrale qu’elle occupait dans la philosophie antique. Un «exercice de haute voltige», reconnaît-il lui-même. En tout cas une «conception aristocratique de la liberté et de la politique» en totale contravention avec l’époque…
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