Le livre de Ségolène Royal est comme un serpent de mer. Prévu à l’origine chez Flammarion pour ce printemps, il devait avoir pour base les contributions des internautes. De fait les deux premiers chapitres furent mis en ligne et chaque semaine devait enrichir la réflexion.
Puis quelques semaines plus tard, on apprend que la députée préfère privilégier une approche plus politique et l’éditeur annonce l’ouvrage écrit en collaboration avec la journaliste Pascale Amaudric pour le 22 septembre. Le site ne propose d’ailleurs pas de nouvelles pistes pour l’ouvrage.
Puis début septembre, Flammarion communique que « Désirs d’avenir » ne paraîtra qu’en novembre, après la désignation par le PS de son candidat à la présidentielle, que Ségolène Royal ait été choisie ou non. Et voilà que sur le site de la FNAC, on peut lire que la livraison du livre est « prévue à partir de mars ».
Faut-il y voir un lien ? Hier, Ségolène Royal présentant ses propositions pour l’avenir de l’Union européenne a éludé la question cruciale des institutions. Puis elle a refusé de donner sa position personnelle sur l’entrée de la Turquie affirmant que son opinion sera « celle du peuple français ».
Il ne faudrait quand même pas que la démocratie participative, toujours souhaitable, estompe la responsabilité politique.
Par son discours sur l’Europe, et la manière dont Ségolène Royal a évité des sujets cruciaux sur cette question, on voit bien que la candidate à l’investiture ne joue que sur une chose, l’opinion. Je ne dis pas qu’elle n’a pas d’idées politiques, bien au contraire. Mais, à mon sens, elle, et ses soutiens, jouent un jeu dangereux pour la politique et le PS. Désirs d’avenir, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, Julien Dray (…) ne voient plus les citoyens comme des électeurs, mais comme des consommateurs. Les sondages livrent les envies des français à un instant T, ils y répondent, ils engrangent les « bénéfices » (= les votes).
Les électeurs seront-ils bientôt vu par les politiques comme des clients, qu’il faut satisfaire à tout prix ? Le changement de la pratique politique et du rapport politique-électeur est un des enjeux de ce scrutin interne. Comme tu l’as écrit dans une note précédente, le PS se transforme en Parti Démocrate américain.
De plus, je m’interroge, vue l’absence d’engagement politique (sur des dossiers essentiels) de la part de cette candidature, qu’elle sera la politique appliquée une fois l’élection passée (si nous sommes élus)? Suivre « l’opinion »? Où appliquer les idées d’un Julien Dray, d’une Ségolène Royal, etc ? Les socialistes et les citoyens se sentiraient alors floués.
J’espère que toutes ces craintes n’ont pas d’avenir…
Je voudrais rassurer Yves : Ségolène n’est pas une débutante en politique !
Je trouve d’ailleurs un peu simpliste de ne parler que de la Turquie concernant son intervention sur l’Europe… Elle a abordé bien d’autres sujets dans sa conférence (la paix, l’agriculture, les jeunes, la protection des salariés, les énergies renouvelebles, …). Ses propositions sont de nature à réconcilier les Français et l’Europe ! Et puis, que n’aurait-on pas entendu si elle s’était prononcé sur l’adhésion de la Turquie !!! On aurait alors eu droit à tous les arguments du type « ce sont les français qui choisiront par référendum », « ce n’est pas écrit ainsi dans le projet socialiste », etc…
Allons, soyons tous rassuré ! Les militants choisiront le ou la meilleur et c’est tous ensemble que nous porterons le projet des socialistes pour la France.
Le discours de Ségolène sur l’europe sur http://www.desirsdavenir.org
Justement Stéphane, la question de la Turquie est fondamentale toute comme la question des institutions et la relance de l’Europe. Les deux autres candidats ont une vraie vision de ces sujets et c’est là-dessus que se jouera les prochaines décennies…
Nous avons vu avec Jacques Chirac le résultat d’une absence de vision de l’Europe…
Alors, comme tu le dis, elle n’est pas débutante donc elle a sûrement une opinion et cela fait nécessairement partie des critères de choix d’une élection présidentielle.
Bonjour à tous,
Si Ségolène royal n’est pas une débutante en politique, elle l’est encore moins en matière de stratégie de communication.
Cette expertise a ses limites. Je suis d’accord avec toi Sylvain.
J’ai confiance dans le jugement des camarades et des français pour que le fond l’emporte sur la forme.
En parlant de stratégie de communication…., merci de faire un tour sur le site de DSK56, j’ai posté un commentaire hier avec des liens qui traitent du sujet: http://lemorbihan.avecdsk.net/index.php?2006/10/05/4-dsk-le-candidat-de-la-renovation
Ne soyons pas des people victims, à la rigueur des fashion ones ;_) !!!!
Jean-Louis
Sylvain,
Il me semble que Ségolène a exprimé de nombreux points de vue sur les questions européennes mercredi. Cette conférence de presse a montré qu’elle avait une véritable vision de l’avenir de l’Europe (j’attends les points de vue de dsk et fabius sur les mêmes sujets…).
Une fois de plus , les medias et ses « adversaires » ne retiennent qu’une seule chose : la Turquie (question posée par une journaliste à l’issue de la conférence d’ailleurs). Je peux te retourner la question : Que dit dsk de l’adhésion de la Turquie ?
DSK et l’Europe :
http://www.blogdsk.net/dsk/files/comment_la_gauche_peut_relancer_la_construction_europenne.doc
Sinon pour ta seconde question, voila ce qu’il a déclaré en juillet 2004 à ce propos (et qu’il a répété hier, les conditions n’étant pas remplies pour lui) :
Nous allons vivre cette nuit un moment historique pour l’Europe. Après un demi-siècle d’une Europe divisée, meurtrie, défigurée par le mur de la honte, le temps de la réunification est venu. Cet élargissement à dix nouveaux membres est une victoire pour les valeurs démocratiques et sociales que porte l’Union Européenne, même s’il aurait pu être mieux préparé.
Mais l’élargissement n’est pas encore officiellement intervenu que déjà certains s’inquiètent de l’entrée de la Turquie dans l’Europe et en font le thème central de la campagne des élections européennes, qui se tiendront le 13 juin prochain.
C’est un faux problème. Le débat ne doit pas porter sur tel ou tel pays. L’enjeu n’est pas là. Le vrai sujet est celui des frontières de l’Europe. Une fois qu’elle répondra aux critères que nous avons fixés, la Turquie sera un membre à part entière de l’Union. Telle est ma conviction.
Il me semble en effet que les conditions politiques (droits de l’homme, respect des minorités), économiques (viabilité d’une économie de marché) et sociales doivent primer sur les critères historiques, géographiques ou religieux brandis par une frange de la classe politique française
Oui, Stéphane, elle a dit certaines choses… Elle a marché sur le projet socialiste a une ou deux reprises. Je ne défends aucun des deux autres candidats à l’heure actuelle, mais Fabius et DSK ont déjà pris positions sur la Turquie, ils ont définis à plusieurs reprises la façon dont ils voyaient l’Europe. L’on partage ou non leur avis mais sur ces questions, dans des discours fondateurs de leurs pensées, dans leurs ouvrages publiés ces dernièrs années, ils ont dit énormément de choses.
Sur cette intervention à l’Assemblée nationale, je vous invite à lire :
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2006/10/sgolne_au_pays_.html
Tout le monde sait que « plus l’effet se recul, plus le désir augmente »..citation à peu près , mais applicable ici .
Mme ROYAL tend un miroir au « peuple français », le « peuple français » y retrouve certainement son image et ses désirs d’avenir. Il ne faut pas être extra lucide pour deviner que le principe de réalité va conduire le « peuple français », certes grand expert des ses attentes mais aussi de ses interêts, vers le desir de concrétisation .
Il faudra alors lui montrer le chemin, lui proposer les solutions,lui indiquer le mode d’emploi, sinon ce sera la frustration et le rejet ou la déprime…Nous avons un candidat qui a déja traversé le miroir et sans le briser . Apportons notre soutien à DSK, le reste n’est peut être que littérature
Suite à un petit tour quasiquotidien sur le Monde.fr (on lit le Monde comme on peut – la version électronique n’est d’ailleurs pas si mal! – mais certainement moins complete que l’édition papier)…
Bref pour en revenir à un article publié ce matin « le rapport de force dans les fédérations socialistes »(http://www.lemonde.fr/web/infog/0,47-0@2-3224,54-820916@51-749161,0.html), que j’ai lu juste avant votre cour de ce matin ; je tenais à souligner votre position d’irrésistible breton (en bleu), face a cette hégémonie sur la carte (a ce sujet la couleur rose doit etre de rigueur pour Mme Royal).
A lundi prochain!