En cette fin du ramadan, alors que de récentes clameurs belliqueuses se sont tues, on rêve sur un ton d’amitié disputeuse et sans concession, de rappeler à ces fanatiques, l’islam d’Averroès et d’Avicenne, tenants obstinés et parfois héroïques de la douceur, de la rationalité des Lumières.
Pourquoi taire l’islam des libres-penseurs mutazilites du VIIIe siècle, celui qui fut, pendant des siècles, le vecteur de la pénétration des textes grecs en terre judéochrétienne. Un islam qui alors n’était pas fermé, tant s’en faut, aux enseignements de la raison : on pense alors à Grenade, à Cordoue, au Siècle d’or espagnol, etc.
Se rendent-ils compte du mal qu’ils font en organisant ces levées de boucliers, ce hurlement de rage planétaire ? Comment pourrait-on tolérer ce terrorisme de l’esprit, qui voudrait interdire à un non-musulman le moindre commentaire sur l’islam ?
Comment accepter que le fait de donner son avis sur tel ou tel point de doctrine du Coran, fasse crier à l’offense et au blasphème ? S’interroger sur une religion est-ce nécessairement un crachat à la face du Prophète ?
A mes yeux, une bonne connaissance générale des religions pourrait même, de plus en plus, s’avérer indispensable à l’exercice de la citoyenneté démocratique. Car une religion n’est pas seulement une conviction, c’est aussi une philosophie et, en raison de sa dimension collective, un fait social.
Militant de la laïcité, convaincu que cette dernière n’est ni une croyance de plus, ni une religion de l’incroyance, je me refuse à ignorer les religions. C’est par le dialogue sans concessions, mais sans procès d’intentions, que se trouveront les solutions permettant le « vivre ensemble ».
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Bonsoir,
Averroès (Ibn Rushd) n’est pas l’Averroès du film de Chahine. Loin s’en faut. Il serait bon de le lire avant de le citer, comme on citerait un Voltaire. Vous ne serez pas au bout de vos surprises
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cordialement
Réaction de JJU :
Je sais que le film de Chahine dénonce l’intolérance religieuse sous la forme d’une fable enjouée, haute en couleurs et profondément optimiste. Aussi il faut m’en dire plus car pour moi, ce théologien musulman se caractérise par une ouverture d’esprit et une modernité qui déplurent aux autorités musulmanes du XII ème siècle au point de l’exiler et d’ordonner que ses livres soient brûlés.
Bonsoir Jean Jacques,
l’intolérance des islamistes s’expriment également à l’égard des musulmans qui osent s’interroger sur la pertinence des dogmes édictés par un homme du VIIème siècle : il a fallu pas mal de courage à IRSHAD MANJI pour éditer son livre « Musumane mais libre ».
Dans celui-ci elle souhaite obliger sa communauté à s’interroger, à remettre en cause certaines « vérités », à refuser toute violation des droits de l’homme perpétrée au nom du Coran. Comment refuser le relativisme culturel qui consiste à accepter que les hommes et femmes de culture musulmane soient privé de leurs droits à l’égalité et à la liberté au nom des traditions ? Comment revenir avec la tradition de Ijtihad, cet esprit de questionnement qui a animé l’âge d’or de l’Islam, l’époque dont tu parles, Jean-Jacques.
Un autre élément de réflexion : les musulmans ne considèrent pas leur religion comme une des trois religions mais l’aboutissement des deux précédentes parce que la dernière historiquement… Postulat difficile à dépasser au cours d’un échange!
A consulter, son site internet : http://www.muslim-refusenik.com
Et tant que j’y suis: un livre sur les intégrisme et la laïcité…bonne lecture!
« Tirs croisés. La laïcité à l’épreuves des intégrismes chrétiens, juifs et musulmans ». De caroline Fourest et fiammenta Venner aux éditions Calman Lévy
devant tant de compétences, j’ose un mot.
militant de la laïcité, un dialogue sans concessions; mais sur quoi? et pour quoi faire? La laïcité, comme valeur indépassable est déjà une belle chose, une esthétique en somme. Mais en être « militant », ce peut être contre quelque chose, et c’est ton droit; d’ailleurs, je connais au moins un copain, qui ne se cache pas, que sa volonté de militant est toute entière destinée à tuer la religion ( je ne sais pas laquelle). La laïcité est certainement une conquête, contre la religion? pas si sûr, et pourquoi pas grâce à l’émancipation que propose la religion: l’homme est libre. Certes, en des temps de facilité pour l’église, ( qui n’est pas toute la religion), et les clers, pour maintenir un état « d’apesanteur », on a le droit de croire que la raison n’était que du coté des lumières. Je pense comme Victor Hugo, qui était un grand croyant, n’en était pas moins un grand laïc, et un pourfendeur des archaïsmes de l’église. Et que dire de « l’oiseau », jean-marie Déguinet, qui était par son comportement, bien plus en relation avec l’absolu que bien des croyants de l’époque. Son rejet du clocher? une broutille face à la trajectoire impeccable de sa vie: un modèle, un saint laïc en somme!
Un dialogue; sans concessions; la laïcité n’est pas tributaire de concessions dans son champ organique, puisque ce n’est pas que je sache une spiritualité. Le dialogue? ne serait-ce pas d’abord sur le respect de la loi? Heureusement, depuis un certain temps, nous adhérons tous à la république.
L’islam chez nous, c’est autre chose. L’école coranique, est-elle seulement une école religieuse; n’est-ce-pas aussi une école de la charia; donc, à un moment donné, n’y aura-t-il pas une revendication pour une interprétation de la loi républicaine à l’intention de ces populations communautaires pour appliquer leur droit: la charia, les choses pouvant se faire subrepticement.
D’ailleurs, tu connais bien l’histoire de la robe puisque tu suis de près la haute couture. On n’a pas le droit en France de transcrire une sourate du coran sur une robe. Quand c’est arrivé, il a fallu tout détruire sur ordre, y compris les négatifs des photos. Je ne sais même pas si c’est autorisé d’en parler comme j’en parle.
Sans compétences particulières, je me laisse un peu aller, la raison et le coeur peuvent s’allier. Le socialisme nous propose cette ouverture, et notre candidate est justement ce souffle nouveau. Il faut y croire.
A moins de 30 ans et aussi pour la laïcité à 100%, je regrette toutefois de n’avoir quasiment aucune connaissance sur l’islam et ne pas avoir pu acquérir ces connaissances à l’école. Le cadre laïque scolaire peut tout à fait le rester tout en enseignant les grandes lignes des religions les plus importantes. C’est en acquérant quelques notions que les élèves, futurs citoyens seront plus à même de juger, revendiquer une opinion et oui, Monsieur Urvoas « vivre ensemble ». Ceci dit, et face à l’intolérance de certains élèves dans des zones sensibles, je comprends qu’on puisse ne pas s’y risquer. Alors, c’était juste une idée comme d’autres pour une France plus citoyenne.