En ce jour anniversaire de la mort du fondateur de la Vème République, Chirac va aujourd’hui se rendre à Colombey. Celà me permet une digression sur le rapport de Sarkozy au gaullisme.
Avec son libéralisme proclamé, son respect limité pour l’Etat, son indifférence à l’histoire de France, la pensée mouvante et sans racines du Président de l’UMP est un a-gaullisme.
Homme de droite, il a choisi le parti conservateur le plus puissant qu’était alors le RPR, pour défendre ses convictions et assouvir ses ambitions. Il a d’ailleurs, un jour, suggéré d’abandonner ce symbole désuet qu’était la Croix de Lorraine bien qu’elle s’avéra, pour lui, une échelle fort pratique avec sa double traverse.
« La véritable dimension du Général de Gaulle n’a pas été atteinte dans sa vie politique mais dans sa carrière militaire » dit-il dans un livre de Christophe Barbier consacré aux vrais fossoyeurs du gaullisme paru en 2000. Les gaullistes étaient des compagnons, Sarkozy n’aime que les clans. Les chiraquiens traquent en meute comme les loups, Sarkozy chasse seul, tel un renard.
C’est donc en étant fidèle à lui-même qu’il trahit le gaullisme, se comportant en croque-mort zélé. Le Général de Gaulle avait une certaine idée de la France, Nicolas Sarkozy n’a qu’une certaine idée de lui-même à la tête de la France.
Bonjour Jean-Jacques,
Ne pas se référer au Gaullisme, est une position qui eu delà d’une certaine idée de lui-même peut s’avérer être pour Nicolas Sarkosy aussi une stratégie. Son meeting de ce soir s’inscrit peut être donc aussi dans cet axe de conduite.
Je me permets donc moi aussi une digression concernant ses positions et leurs conséquences.
La référence à l’ordre est une position qui s’exacerbe aujourd’hui. Je suis d’accord avec Benoît Hamon – http://lefil.blogs.com/benoithamon/ -qui dit en citant Albert Camus : « il ne faut pas seulement exiger l’ordre pour bien gouverner, il faut bien gouverner pour réaliser le seul ordre qui ait du sens ».
Mais les positions démagogiques des champions des sondages et des médias conduisent à des dérives dangereuses.
Je suis inquiet de celles des Membres de La Diagonale relayées notamment dans cet article du Figaro qui en sont la conséquence.
http://www.lefigaro.fr/debats/20060825.FIG000000111_oui_a_l_ordre_public_non_a_l_ordre_moral_.html
Je partage donc pour le PS l’idée de Pierre Kanuty que : « si Royal gagne, le parti ne sera plus jamais le même. C’est une question sérieuse et importante ». http://pek.blogs.com/pek/2006/11/episode_23_le_v.html
Au-delà du parti, je crains que ce ne soit plus largement notre pays qui subira les conséquences d’un tel choix.
J’ai confiance dans le réalisme et l’esprit de jugement des camarades du PS.
Jean-Louis
Sarko n’est pas à Colombey aujourd’hui!
Sarko tourne la page du Gaullisme, mais Chirac lui-même avait pris en son temps quelques libertés avec le général.
Les clans dont tu parles ne seraient pas par hasard comme une maladie génétique de sa culture d’origine?
Il nous réservera encore bien des surprises; par certains côtés, n’est-ce-pas un nouvel « human bomb »?
Désolé de vous dire que je trouve votre analyse sur le rapport de Sarkozy au gaullisme un peu limité. Vous nous avez habitué à des analyses plus fine que celle-ci.
Il est vrai que sarkozy n’est pas une référence dans les Gaullistes de renom, mais sa façon de sortir des idées préconçues, au risque de contredire l’opinion n’est- elle pas une façon d’être dans la lignée du Gaullisme… Je ne pense pas que le Gaullisme est de se fondre dans les pas du Général de Gaulle, dans sa vision de l’époque, être Gaulliste n’est pas regarder le passé mais de toujours voir l’avenir du pays .
Ensuite il y a toujours eu des « clans » en politique, des chiraquiens au sarkozyste en passant aujourd’hui même au PS entre les Royal, Fabius et Strauss-Kahn… Ce n’est pas l’apanage de Sarkozy…
Réaction de JJU :
La première difficulté pour cadrer notre échange réside dans la définition du gaullisme. En effet, il faut d’abord s’interroger : Le gaullisme est-il une culture politique ? si la question existe c’est parce que le général de Gaulle, lui-même ne s’est jamais soucié de définir ce qu’il fallait entendre par gaullisme. Son fils d’ailleurs répond régulièrement « Etre gaulliste, c’est être empirique ». Si cela suffisait, alors vous et moi serions d’accord pour conclure que Nicolas Sarkozy est profondément gaulliste !
Ensuite, il est en réalité factice de chercher une filiation avec l’héritage politique. Et d’abord en matière institutionnelle. Celles voulues par le Général me semblent mortes : on est passé du septennat au quinquennat (avec Chirac qui ne fut jamais gaulliste mais pleinement pompidolien), nous avons connu la cohabitation qu’il refusait absolument, un président a perdant un référendum (Chirac encore !) considéra qu’il pouvait rester en place, et l’alternance est maintenant une pratique courante alors que jamais le général de Gaulle ne la vit.
Sur le plan économique, de Gaulle était un étatiste industrialiste. Aujourd’hui, notre système est classiquement libéral, les nationalisations sont un souvenir, le contrôle des prix, des changes, des échanges, est mort. L’idée de Gaulle, d’inventer pour la France, un type de société différent de tous les autres, entre, disait-il, une troisième voix entre le capitalisme et le socialisme était respectable mais est dépassée nous vivons dans le capitalisme.
Sur le plan international, il subsiste certes les mots, les rites et les tabous. La France parle toujours, rêve toujours, de rang, de prestige. Elle demeure en dehors de l’OTAN, refuse de céder son siège de membre permanent aux Nations-Unies, continue a être désagréable avec les Américains, complaisant avec les Russes, intime avec les Allemands, éloigné des Israéliens, etc. Tout ça, ça reste vrai.
Mais, quand on regarde les choses de beaucoup plus près, on s’aperçoit que nous combattons sous les couleurs de l’OTAN, hors de l’Europe, quelquefois même sous commandement français. En ce qui concerne les Nations-Unies, le général de Gaulle les méprisait absolument, c’est devenu au contraire, aujourd’hui, un grand champ très important, c’est vrai à propos de l’écologie, c’est vrai à propos du tribunal pénal international. Quant à l’Europe, et notamment au partage de souveraineté, c’était pour le général de Gaulle, l’horreur absolue. C’est devenu aujourd’hui, d’ailleurs à juste titre, un objectif prioritaire.
En conclusion, si Sarkozy n’est pas gaulliste, ce n’est pas en soi un reproche, c’est tout simplement parce que le gaullisme est mort même si le général de Gaulle continue à faire l’objet d’une juste célébration pour son rôle historique.
D’après ce que j’ai entendu partiellement hier soir; j’ai cru reconnaitre » enrichissez-vous ».
François, on aura sans doute pas mal d’occas de revenir sur Sarko. Comme il marche sabre au clair, il va nous montrer ses différences; et chacun fera selon selon son intérêt; mais je me doute de celui de Bolloré ou de Dassault.
Je pense réellement que le Gaullisme est une philosophie politique qui peux toujours trouver écho de nos jours. Mise dans cette catégorie le Gaullisme doit s’adapter au temps, aux évolutions institutionnelles, politiques, économiques et sociales… On peux toujours faire de la politique dans le prismes du gaullisme adapté aux ces contraintes.
Toutes visions politiques datant d’une certaine époque peut s’adapter à notre ère si on en garde les fondamentaux. Le socialisme évolue vers une légitime social-démocratie est-ce pour autant que le socialisme est mort?
Mais pour revenir à sarkozy je ne pense pas profondément non plus que ce soit lui qui fasse réellement évoluer le Gaullisme aujourd’hui. Sarkozy à créer sa propre dynamique politique qui est le sarkozysme.