C’est une tradition française. Un homme politique a besoin de l’écrit pour se dévoiler.
Comme Montesquieu et ses « Lettres persanes », Alain Juppé vient de choisir le style épistolaire pour son nouvel ouvrage. A l’inverse de l’auteur du XVIIIe siècle qu’il affectionne, il en profite non pas pour critiquer la société mais, plus emphatique, pour déclarer sa flamme à la France.
Car il ne s’agit pas ici de « lettres ouvertes » pamphlétaires et acides, mais davantage d’une réflexion sur les autres et sur soi-même : « Quel était donc ce personnage imbuvable que me renvoyaient les écrans ? » s’interroge-t-il dans son avant-propos. Aussi, chemise déboutonnée et oeil complice en couverture, le nouveau Juppé se dessine tel qu’il voudrait qu’on l’adopte : attentif, mesuré et serein.
Le résultat est sympathique sans plus. Il échange et doute, sans jamais égratigner quiconque et en ne faisant que rarement référence à ses congénères. Pour autant, ceux qui espèrent une introspection ou un mea culpa seront déçus. Par exemple, au sujet de l’affaire judiciaire qui l’a condamné à un an d’inéligibilité, il écrit dans la lettre à ses enfants : « J’ai tout fait pour vous en protéger en vous montrant que j’avais sans doute fauté par négligence. » Un peu juste…
Il enfourche aussi avec la foi des nouveaux convertis, le thème à la mode : celui de l’écologie. « La cause environnementale n’est pas pour moi une lubie ou une mode, écrit-il. Je crois vraiment qu’il y a péril. Et péril mortel. » Comme Al Gore aux États-Unis, Alain Juppé semble espérer, à travers ce nouveau combat, se refaire une santé médiatique, et revenir sur le devant de la scène. Dommage qu’il roulait en 4×4 au Québec…
A Bordeaux aussi, c’est un beau véhicule tout terrain qui transporte son quotidien. L’habitude sans doute ou le goût de l’aventure urbaine.