Evènement rare : l’ensemble des organisations syndicales dans les lycées et les collèges appelle aujourd’hui à la grève. Il faut d’abord voir ce mouvement comme une marque d’hostilité à un ministre inflexible et étranger au dialogue social.
Ainsi, il a fallut 5 semaines pour que les syndicats obtiennent un rendez-vous sur son projet de suppression de postes. Ensuite, il a choisi de passer en force en convoquant un Comité Technique paritaire ministériel le 11 décembre. Et devant le refus de l’intersyndicale de siéger, il le reconvoque ce 18 décembre sur le même ordre du jour.
Le projet en question envisage de supprimer, dans une logique de restriction budgétaire , 2 800 « équivalent temps plein ». En sus, le ministre semble s’acharner sur les « Titulaires en Zone de Remplacement » qui seraient appelés à enseigner dans une autre discipline que la leur, les « Professeurs de Lycée Professionnel » qu’il veut contraindre à exercer dans plusieurs établissements (y compris hors leur discipline de recrutement).
Je sais bien que la période est propice à la critique des fonctionnaires et singulièrement des professeurs. Je sais aussi que les masses budgétaires consacrées à l’éducation nationale sont conséquentes mais vous connaissez la phrase de Lincoln « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».
Agrégée et docteur ès lettres, me voici bien malgré moi Titulaire sur zone de remplacement, et miracle voici que mon premier remplacement m’envoie directement vers la case prison, c’est-à-dire le lycée professionnel, dans un endroit où je suis donc en même temps surdiplômée et non compétente, et surtout pas du tout préparée à un travail d’éducateur ou d’infirmier psy qui me traumatise… Je me mets en congé maladie dès la semaine prochaine, pour éviter de sombrer dans la dépression ; merci au rectorat de Paris pour sa judicieuse affectation.
Je suis également agrégée de l’université et docteur ès lettres et j’ai été pendant de nombreuses années « titulaire remplaçante ». Je suis fière d’affirmer que je n’ai jamais été en congé de maladie et j’ai du mal à concevoir comment on peut se vanter de « se mettre en congé maladie », étonnez-vous ensuite que l’on ait mauvaise opinion des profs (et que la sécu soit en déficit).
J’ai aussi enseigné à plusieurs reprise en lycée professionnel, notamment au lycée Jean Guéhenno à Vannes, y compris dans d’autres matières que la mienne, je n’y ai jamais vu un déshonneur au contraire et je pense y avoir fait un bon travail dans le respect des élèves et dans le souci de leur transmettre du mieux que je pouvais à la fois des connaissances utiles et des valeurs humaines.
C’est à la fois une grande chance et une mission exigeante que de travailler avec des jeunes qui attendent beaucoup de nous et je pense que les professeurs ont un rôle essentiel à jouer dans la société.
Mais ils ont besoin pour cela d’aimer leur métier et surtout d’aimer leurs élèves.
PS : Je ne suis pas socialiste.