Robert Fabre est mort samedi dernier. Son nom ne dit sans doute pas grand-chose à ceux qui n’ont connu que Jacques Chirac comme Président de la République. C’était le dernier des signataires du programme commun de gouvernement en 1972. Il le parapha au nom du Mouvement des Radicaux de Gauche qu’il présidait.
Son image est, pour moi, associée à son irruption télévisuelle du 14 septembre 1977. Les délégations des partis de gauche étaient réunies au siège du PS au deuxième étage d’un vieil immeuble situé 7 bis place du Palais Bourbon à côté de l’Assemblée Nationale. J’avais 18 ans et je m’intéressais déjà à la politique. La gauche traversait une épreuve : l’actualisation du programme commun en prévision des législatives de 1978.
Au journal de 20 h, nous attendions une déclaration commune des trois chefs de délégation qui devait être lue théoriquement par François Mitterrand, la personnalité invitante. Et à l’heure dit, Georges Marchais monta seul sur l’estrade et se planta devant les caméras. Où était donc Mitterrand ?
Au moment où la Prima Dona des médias d’alors annonçait « j’ai une déclaration à faire », Robert Fabre monta sur le podium et s’imposa. Après avoir tenté du bras de l’empêcher de s’exprimer, le chef du puissant PC, décontenancé, grommela et, tête baissée, quitta l’estrade. Robert Fabre, d’une voix blanche, visage glabre et las, lut alors le communiqué qui signifiait la rupture des négociations.
Le destin avait pris ce jour là le visage du partenaire le plus discret qui venait sans ménagement de claquer la porte de l’Union de la Gauche en refusant les surenchères communistes. L’histoire par la suite continua à s’écrire par l’échec de 1978 puis par le succès de 1981. Il faut toujours faire attention à ses alliés, on ne gagne jamais tout seul.
à l’occasion de ce message sur l’histoire de la gauche, j’aimerais avoir votre réaction (à tous pas seulement celle de jean-jacques urvoas) à la récente prise de position de kouchner , en ce début de campagne électorale, sur son éventuelle participation à un gouvernement sarkozy ?
Réaction de JJU :
Je respecte évidemment beaucoup Bernard Kouchner qu’il m’est arrivé de croiser à l’occasion de déplacements politiques dans le Finistère quand il est venu soutenir des candidats socialistes. En 1993, aux législatives à Quimper, nous nous étions même servis de son nom pour une affiche de Bernard Poignant. Je le lis toujours avec intérêt et je sais donc ses aigreurs et son insatisfaction face au PS. C’est parce que je le crois toujours sincère dans ses engagements que j’avoue être surpris par cette ouverture vers Sarkozy. Compte tenu de son parcours personnel, s’il avait évoqué François Bayrou, j’aurais même pu comprendre… Mais là, je reste coi.