C’est déjà la fin du semestre et donc la préparation du prochain. Je reviens sur les Etats-Unis que je vais étudier en Licence 1 en droit constitutionnel.

Après plusieurs réflexions, je me demande si les élections de novembre dernier ne marquent pas l’arrivée dans le paysage politique d’une nouvelle génération très démocrate qui pourrait modifier très profondément la trajectoire idéologique du pays. Lire ici l’étude d’un ancien conseiller de Clinton.

Les moins de trente ans ont voté massivement démocrate. Ils sont 60 % à l’avoir fait contre 54 % en 2000. Alors que seulement 38 % des américains se considèrent comme des démocrates, et 35 % comme des républicains, ce rapport est de 43/31 chez les jeunes. Cette poussée est visible d’une côte à l’autre, ainsi les Etats de l’Ouest sortent du camp républicain. Ces jeunes électeurs ont été frottés pendant les années Bush et les études montrent que cette génération est celle qui a le plus voté pour les démocrates de toute l’histoire des Etats-Unis.

Les démocrates ont progressé dans de nombreuses instances locales : 10 législatures ont basculé vers eux, ainsi que 6 gouverneurs. Ce sont largement elles qui redessineront la carte des circonscriptions électorales, déterminantes pour la Chambre des Représentants après le recensement de 2010.

La stratégie Sudiste menée par les Républicains depuis les années 60, accentuée par Bush, montre ses limites. Ils ne sont plus que trois. Le Nord Est a basculé complètement dans le bleu. Le parti républicain va-t-il devenir un parti régional ?

Dans plusieurs Etats cruciaux pour emporter la présidentielle, les démocrates ont fait des gains très importants : Iowa, Colorado, Arkansas.

Les hispaniques, pourtant très courtisés par les républicains sur la petite musique des valeurs chrétiennes, ont voté à 69 % pour les démocrates soit une poussée de 10 points en dix ans. Mais c’est chez les blancs protestants que le gain est le plus impressionnant : plus 14 points pour atteindre 47 %. Or à l’intérieur de ce groupe, les évangéliques continuent de voter républicain. Ce sont donc les républicains des églises protestantes traditionnelles qui ont basculé en masse…

Je lis avec intérêt la déclaration commune PS-MRC adoptée il y a quelques jours avant l’annonce du retrait de la candidature de Jean Pierre Chevènement. (Au passage, je mesure combien il est – toujours – périlleux d’adopter un ton définitif quand on fait de la politique tant le mouvement y tient une place essentielle !).

Jean-Pierre Chevènement, qui n’a jamais fait de complexe d’infériorité, a longtemps pensé qu’il avait quelque chose d’important à apporter dans le débat. Et à l’évidence son envergure intellectuelle le lui permettait, plus sûrement que son importance électorale. En même temps, il y avait dans sa démarche une dimension plus pragmatique : négocier pour avoir des circonscriptions réservées. Là encore, il ne sert à rien de feindre l’indignation, une telle motivation est compréhensible.

Je ne suis pas emballé par le contenu du texte et ne voit pas en quoi l’Euro fort serait une malédiction pour la France mais pas pour l’Italie ou l’Espagne. Mais, plus encore, c’est sur le volet électoral de l’accord que je suis irrité. Sur les 10 circonscriptions qui sont dévolues au MRC, 7 étaient destinées à des candidatures féminines (9ème des Bouches du Rhône, 1ère de la Drome, 2ème de l’Indre, 12ème du Nord, 3ème de la Seine et Marne, 1ère du Var, 2ème de la Creuse)…

J’espère que les engagements de Bruno Le Roux, selon lesquels « Si nous aboutissons à un accord électoral avec nos partenaires à gauche, nous poserons le principe préalable aux négociations que notre accord ne remette pas en cause l’équilibre que nous avons atteint » seront tenus.

Il sera, comme toujours, le risque dans ce scrutin. Jean Marie Le Pen vient de montrer, une nouvelle fois, son habileté en choisissant cette jeune femme pour l’une des affiches de sa campagne. A lire, le commentaire d’un journaliste de Libération Pascal Riché.

On croit toujours que tout est dit sur le FN, ses idées, son idéologie. De fait, il existe une littérature abondante qui hésite entre les deux pôles complémentaires de l’hagiographie et de la stigmatisation, comme si sur cet objet « brûlant », il était difficile d’éviter entièrement la logique de conviction…

Et pourtant, il est indispensable de continuer à expliquer la dangerosité de ce parti notamment parce que les enquêtes d’opinion indiquent que les Français ne le connaissent pas et se servent de son bulletin de vote uniquement comme moyen de protestation.

Parti des mécontents, le traitement politique du lépénisme repose d’abord sur des priorités sociales. L’enkystement du FN n’est pas inéluctable mais l’ampleur du phénomène nécessite une action volontariste et globalisante.

Parti de la peur, plus que d’autres forces politiques, il se nourrit des inquiétudes particulièrement par le milieu urbain. Son ascension est résistible par des pouvoirs locaux bien enracinés, présents sur le terrain de l’action sociale et travaillant avec le réseau associatif. Comme toujours, c’est à la racine qu’il faut attaquer le mal.

Aujourd’hui, il s’appelle Nicolas Hulot. Il ne le sait pas mais il est candidat à chaque élection présidentielle. Ou plus exactement, à chacune de ces échéances, en général en décembre de l’année qui précéde, pointe la tentation du neuf. C’est un exercice obligé : trouver le candidat (ou la candidate) qui perturberait le rapport de forces classiques.

Ainsi en 1974, ce fut Michel Jobert, secrétaire général de l’Elysée qui fut un temps sollicité par les gazettes avant qu’il ne soutienne Jacques Chaban-Delmas.

Sept ans plus tard, ce fut Coluche qui annonça sa candidature. Au début, tout le monde crut à un canular, lui compris. Puis le 14 décembre 1980, un sondage publié par le Journal du Dimanche le crédita de 16 % d’intentions de vote… Coluche surpris dans un premier temps fit semblant d’y croire et pendant quelques semaines, plusieurs enquêtes le placèrent en 3ème position avec 10 à 12 %.

En 1988, ce fut Yves Montand qui obtint pareillement des résultats flatteurs dans les sondages au motif que quelques années auparavant une émission qu’il avait présentée avait rassemblé 10 millions de téléspectateurs. Un hebdomadaire d’alors « Jours de France » titra même le 19 décembre 1987 « Montand président ? ».

En 1995, ce fut le tour de Bernard Tapie. Il venait de conduire aux européennes de juin 1994, une liste du MRG devenue « Radical » et avait rassemblé 12.03 % et 13 députés. L’avenir paraissait tout écrit…

En 2002, chacun s’en rappelle, ce furent, tour à tour, François Bayrou puis Jean-Pierre Chevènement.