Neuf mois après le retour au gouvernement de Romano Prodi, l’Italie connaît à nouveau une crise politique. Cette situation était prévisible.
En raison d’une loi électorale très complexe, adoptée à l’initiative du gouvernement de Berlusconi, au Sénat, la majorité n’avait obtenu que deux voix de plus que l’opposition. Ce faible avantage venait de se réduire à une seule voix, après le passage d’un sénateur dans les rangs de la droite. Trop peu donc pour avoir une vraie sécurité.
De plus, la coalition de Romano Prodi est éclatée entre une dizaine de partis allant des communistes au centre-gauche catholique. Unis par la seule hostilité à Berlusconi, ils sont divisés avec un acharnement autodestructeur déconcertant sur presque tout, de la politique extérieure à la famille. Depuis le 27 mai 2007, il manque à « l’Unione » la passion, le sens d’un destin commun que le seul talent de Prodi ne peut pas combler.
Pourtant, une telle fragilité ne les a pas empêchés de réaliser ou de lancer des réformes importantes, que le gouvernement précédent n’avait pas été en mesure d’approuver avec une majorité bien plus confortable.
Mais cette crise illustre avec éclat ce qu’est la gauche italienne aujourd’hui. Un groupe majoritaire qui prend la responsabilité de gouverner et un groupe minoritaire extrémiste, qui a diabolisé Berlusconi comme fasciste mais est prêt à lui redonner l’Italie parce qu’il croit que la rue doit prévaloir sur les institutions.
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Si à gauche, en 2002, nous avions inventé ce genre de coalition nous aurions pu éviter un deuxième mandat de Chirac et surtout ce deuxième tour avec Le Pen
En 2007 va-t-on rejouer la même chose ??? La gauche française et le PS en particulier, préfère-t-elle une défaite que de discuter avec ses partenaires ?? Il faut dire que le PS a déjà bien du mal a se mettre d’accord avec lui-même mais pour une fois c’est en bonne voie, Ségolène semble avoir rassembler tous les courants sous son nom. Encore un effort et la gauche unie écrasera de son talon de fer cette bourgeoisie pourrie
Mais qui a mis le feu aux poudres ?
Donner l’autorisation d’agrandir une base américaine n’est pas un grand signe d’indépendance vis à vis des USA.
Mon cher JJU aurais-tu manifesté contre ?
Et dire que Prodi n’a pas eu de mots assez durs envers les tenants du Non au référendum.
Réaction de JJU :
L’Italie n’est pas la France. La coalition que conduit Prodi va de l’équivalent de François Bayrou à José Bové, ce qui n’est pas l’hypothèse que le PS défend. En conséquence, difficile de dire ce que j’aurais fait face à la décision, acceptée par tous les partis de la coalition d’étendre la base militaire américaine de Vicence, en Vénétie… Je note aussi que ce sont les partis de la gauche la plus radicale et pacifiste qui lancent en ce moment un appel au maintien au pouvoir de Romano Prodi !
Je dois remarquer que vous aviez prédit ce fragile équilibre et cette probable rupture dans le cours d’IPC du premier semestre… Je tiens par là à vous remercier de la qualité de vos hebdomadaires interventions de 2 heures devant l’amphi de Quimper ; interventions qui nous ont permis de mieux comprendre les problèmes institutionnels dont souffre l’Italie…
Merci encore, et au regret de ne plus vous avoir en tant qu’enseignant !
LudZ
PS : félicitations pr la continuité et les sujets abordés dans votre blog !
Réaction de JJU :
Merci ! Ce qui est intéressant dans cette crise, c’est que visiblement ni la droite, ni la gauche n’ont envie d’un retour aux urnes immédiat. En conséquence, je prends le pari que nous allons assister à un recentrage du gouvernement qui devrait donner plus de voix aux centristes modérés et prendre un peu de distance avec la gauche radicale. D’où cette mobilisation des communistes pour défendre Prodi et montrer qu’il serait erroné de les assimiler à la racine du mal mais aussi pour prouver qu’ils représentent une force indispensable afin de former un gouvernement de gauche. En effet, les deux voix qui ont manqué sont celles de deux communistes « dissidents » l’un du parti « Rifondazione Comunista », l’autre de « Comunisti Italiani » qui n’ont pas participé au vote, ce qui est considéré, comme vous le savez (!) comme un vote « contre » dans le système italien. De toutes façons, le seul vrai problème, aujourd’hui, tient à la loi électorale mise en place par Berlusconi, qui mêle système proportionnel et majoritaire et qui accorde une prime aux petits partis. C’est la véritable faiblesse de la coalition actuelle : le gouvernement Prodi a été l’otage des petits partis, qui disposent d’un pouvoir de chantage. Une nouvelle loi électorale n’est donc pas à exclure.
Je retiens l’idée que l’Italie n’est pas la France.
)
La France est un des très peu nombreux pays d’Europe à ne pas recevoir de base américaine.
Rendons justice à de Gaulle de cet état des choses, jamais remis en cause par la droite comme la gauche.
Enfin jusqu’à aujourd’hui.
Comment parler d’Europe indépendante dans ces conditions ?
Et pour revenir à des choses plus concrètes, attention aux raccourcis abrupts du 29 Mai, le non n’est pas anti-européen comme le oui pro-européen, la réalité est bien plus complexe comme le démontre la position actuelle de Sarko.
Ségolène devra être bien attentive, car son élection, que je souhaite ardemment, ne lui donnera pas un blanc-seing sur cette question.
URGENT JJ; état de l’opinion du 24 ne permet pas de faire de commentaire. Reste le problème des indécis en niveau;
normalement, l’équation sarkozy ne devrait pas représenter en deçà de ceux qui perçoivent des stocks options; tous les autres votent contre leurs intérêts
Le président Napolitano vient de rejetter la démission de Prodi… reste pour lui à assurer devant les deux chambres, ce qui ne sera pas chose aiséee !