J’ai décidé chaque semaine, le samedi autant que faire se peut, de vous livrer ma ‘tite ‘nalyse (comme disaient Serge et Philippe aux Guignols jadis) des sondages.
Ils ne font pas l’élection mais ils sont un des éléments dynamiques d’une campagne. Ne gardons pas le nez sur les chiffres mais tentons de distinguer les tendances.
Premier constat : le niveau d’intentions de vote enregistré actuellement pour les deux principaux candidats, supérieur à 60%, marque un retournement de tendance par rapport à l’évolution qu’a connu la Vème République. En comparaison avec 1995, où pour la première fois les scores cumulés des deux premiers candidats passaient sous la barre des 50%, ou au record historique de 36,7% en 2002, le soutien mesuré pour Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy peut paraître anormalement élevé. Au-delà du tassement du mois de janvier pour Ségolène Royal, ce total est atypique et constitue l’une des clés du premier tour.
Deuxième élément : l’intérêt pour la campagne. Il est constant depuis des mois et il ne faiblit pas. Les Français attendent beaucoup et en sont, actuellement, déçus, mais ils continuent à suivre très précisément ces rebondissements.
Troisième point : factuellement, le discours de Ségolène à Villepinte n’a pas de conséquence avérée. Dans les enquêtes CSA et IFOP, la tendance à la baisse n’est pas enrayée alors que BVA et IPSOS enregistrent une légère remontée. Il est donc trop tôt pour conclure d’autant que comme le montre la mobilisation des militants et sympathisants actifs dans l’inscription des cars pour le meeting de Rennes, il se pourrait bien que l’électorat socialiste y ait puisé une énergie à même d’infuser dans le pays une dynamique.
Quatrième leçon : les scores de François Bayrou tiennent pour l’essentiel à sa capacité à mieux mobiliser son électorat. S’il est haut placé par rapport à 2002 dans les intentions de vote, ce n’est pas grâce aux proches du parti socialiste ou de la gauche comme on l’entend parfois, mais bel et bien parce qu’il est davantage soutenu par l’électorat centriste. Pour autant sa candidature ne séduit que 55% des sympathisants UDF, ce qui lui laisse encore une marge de progression.
Cinquième remarque : le haut niveau de Nicolas Sarkozy est lié à son caractère attrape-tout qui marche à plein puisqu’il capte 18 % du FN, un quart de l’électorat de l’UDF et même 10 % notamment chez les verts et l’extrême gauche votent Sarkozy, 15 % des électeurs de Jospin de 2002… Pour le moment, tout candidat sortant qu’il soit (soutenu par toute la droite) il est celui qui incarne le mieux « le changement » et la « capacité à exercer la fonction présidentielle ».