Réussir sa sortie

J’entends quelques commentaires sur la prochaine sortie de scène de Jacques Chirac. « Comparaison n’est pas raison » disait Queneau mais je ne sais pourquoi des souvenirs me reviennent sur le départ d’un autre président vieillissant.

C’était le 31 décembre 1999. Sous les pressions croissantes, Boris Eltsine acceptait de quitter le pouvoir après 8 ans de règne. Au seuil de son départ, craignant de se faire huer par le public, menacé par les scandales et les intrigues, il veilla à donner son appui à Vladimir Poutine, un quasi-inconnu, plutôt homme de l’ombre, froid et opaque.

Il ne fallut pas très longtemps aux russes pour comprendre la raison de cet adoubement. L’un des premiers décrets du nouveau chef de l’Etat fut de garantir à Eltsine une immunité, lui permettant ainsi « d’échapper à toute procédure criminelle ou administration, à toute perquisition, à tout interrogatoire, voire à l’arrestation et à la détention ». Puis le document égrenait ses droits concernant sa vie matérielle : une voiture, des gardes du corps, le droit au salon d’honneur dans les aéroports et les gares, la jouissance de sa résidence officielle jusqu’à la fin de ses jours.

Il avait négocié comme un boutiquier mais la fidélité de Poutine lui garantissait une retraite débonnaire. Rien à voir, j’imagine, avec les conversations que Nicolas Sarkozy dit avoir avec Jacques Chirac sur sa fin de mandat et son soutien attendu à sa candidature.