Mort de René Rémond

René Rémond vient donc de mourir. C’est évidemment un des plus grands noms de l’histoire politique, intellectuelle et religieuse contemporaine qui s’éteint.

Souvent dans les portraits qui lui furent consacrés et que je lirai sans doute dans la presse hebdomadaire demain, il marquait une hésitation à se reconnaître historien. Pourtant de ce métier, il en connaissait tous les détours, en avait pratiqué tous les devoirs, y compris les plus astreignants, observé toutes les exigences. Il laisse une œuvre personnelle originale que personne ne songe à lui disputer.

Je crois qu’il avait un jour ainsi défini son champ d’observation « La réalité, décrite au présent, peut, d’un jour à l’autre devenir de l’histoire. » Une manière explicite de dire que l’histoire telle qu’il la concevait, telle qu’il la pratiquait, s’intéressait par-dessus tout aux données immatérielles : les idées, les sentiments, les images, les représentations collectives, les phénomènes d’opinion. Une conception très éloignée de celles qui mettent le degré d’évolution des techniques, l’état des forces de production ou les rapports antagonistes entre groupes sociaux comme déterminants de l’évolution des sociétés.

Bon nombre de mes écrits universitaires furent inspirés par sa pensée et naturellement par son ouvrage, devenu un classique, réédité de nombreuses fois « La droite en France de 1915 à nos jours ». Aujourd’hui encore mon cours de science politique part de sa typologie des courants de la droite : la droite orléaniste (libérale), la droite légitimiste (réactionnaire) et la droite bonapartiste (autoritaire).

L’actualité nous rappelle la pertinence de cette lecture.