S’il était un stratège génial, Michel Rocard serait président de la République depuis longtemps. Mais las, bien que porté par une popularité durable, il s’est rarement signalé par un sens aigu de l’opportunité politique.
Sa récente tribune libre dans laquelle il souhaite « une alliance sincère et constructive » entre Ségolène Royal et François Bayrou avant le premier tour s’inscrit dans cette capacité très personnelle à poser les bonnes questions dans les mauvais moments.
Pour autant, il n’y a que les pharisiens à pouvoir être surpris car il faut lui reconnaître de la constance. Cette intervention présente plus que des analogies avec son plaidoyer du 17 février 1993 prononcé à Montlouis-sur-Loire en faveur de ce qu’il appela alors un « big bang » du Parti socialiste aux fins de donner naissance à une nouvelle planète faite de socialistes modernes, d’écologistes réalistes, de droit-de-l’hommistes, et – déjà – de centristes « sociaux ».
A un mois des législatives, ce big bang éclaboussa les écrans des médias qui l’interprétèrent comme un « tournant de la campagne ». Au final, ce ne fut qu’une pétarade qui contribua à désorienter encore plus un électorat socialiste qui se doutait bien que cette élection serait une catastrophe.
Michel Rocard ne compte plus depuis longtemps au PS mais quand il s’exprime, son opinion conserve une force qu’il connaît. Je regrette donc sa sortie qui ne sert en rien la candidate pour laquelle il va voter.
On peut être stratège génial sans être président de la République, être banal et l’être, regardez Chirac, ce qui laisse d’ailleurs une chance à Ségolène Royal au passage.
Les gens sont capables de voter pour n’importe qui, surtout les indécis.
Mais à force de répéter avec constance un message visionnaire, il arrivera bien un moment ou la vision de Michel Rocard finira par être pris en charge, les précurseurs ont de la constance.
Michel Rocard a effectivement de la constance dans son incompréhension du réel en politique. Devrions-nous prévoir des accords avec Canevet ou Kerguéris pour ne parler que de la Bretagne? Ce n’est pas de cette manière que nous arriverons à convaincre les classes populaires qui nous ont désertés au profil de la droite extrème ou de l’extrème droite, de la pertinence de notre projet! Ce n’est pas une affaire de timing – « mauvais moment » – mais de conviction politique. Rénover la gauche? C’est bien ce que propose Mme Royal n’en déplaise aux anciens des clubs St Simon ou Convaincre…
Il faut donc se concentrer sur l’essentiel pour reprendre les propos de François Hollande :
- qu’est ce que l’on veut : le changement
- comment le faire : dès le premier tour
- avec qui : avec Ségolène Royal
Peut-être que Michel Rocard (comme Bernard Kouchner et Claude Allègre) a lu le sondage Mercure des Renseignements Généraux. Ce sondage qui aurait été effectué auprès de 15000 français, donnerait Sarkozy et le Pen comme finalistes du deuxième tour. Bayrou serait au coude à coude avec Le Pen. Et Ségolène dans les choux!
Dans ce cas, on pourrait comprendre que Rocard ait envie de se rallier à Bayrou pour éviter un face à face Sarkozy-Le Pen.
Jean-Jacques croyez-vous à l’existence de ce sondage « secret » des RG?
Antoine, si tu t’intéresses à l’histoire du Parti Socialiste tu te rendras compte que sa statégie a toujours été de rassembler une majorité de progrès autour de lui comme le font d’ailleurs les grands partis sociaux-démocrates.
Le changement, dès le premier tour, avec Ségolène Royal.
Si ce que dit Antoine s’avérait exact, les sondages de toutes ces semaines n’auraient pas servi à grand chose. Quel désespoir! J’espère que nous n’en seront pas accablés.
En théorie, il est possible que Rocard ait ses raisons; le problème est que l’UDF et Bayrou en particulier ont toujours été à droite, droite. Pour nous socialistes, le programme, même s’il n’est pas au top de chacun, n’est possible qu’avec Ségolène.
Alors, « TOUS SEGO » jusqu’à la victoire.
Toutes ces questions se poseraient sans urgence, et l’on prendrait davantage le temps de la reflexion, si la campagne de Ségo avait convaincu les gens de gauche…c’est malheureusement loin d’être le cas ! Les uns ne cherchent même plus à comprendre ses multiples revirements, les autres se sentent mal à l’aise avec le retour en grâce de Chevenement et de certaines de ces idées ( drapeau, hymne, nation,…), et beaucoup sont fatigués de se faire taxer de mysoginie dès qu’ils osent la moindre critique sur la candidate !
Tout cela n’a bien sûr rien à voir avec le fumeux sondage ‘mercure’ des RG ( les intéressés ne sont même pas au courant ! ), le timing choisi par Rocard n’est peut être pas le meilleur ( euphémisme ), mais on peut lui reconnaître une certaine honneteté intellectuelle, qui à mon goût le place en l’espèce au dessus de tout soupçons.
Un dernier mot sur le sondage fantôme d’internet qui donnerait Sarko – Le Pen au deuxième tour ; à qui ce genre de rumeur profite-t-elle? Est-ce que c’est parce que j’ai l’esprit chagrin que je le vois comme une manière déguisée d’appeler au VOTE UTILE pour la Ségolène Royal afin de faire barrage à Le Pen? Espérons que le PS soit quand même au dessus de ça…
Ah, « les gens de gauche »… »on » leur fait souvent dire tout et son contraire, mais on lui demande rarement ce qu’il souhaîte réellement…Alors considérons aussi que beaucoup d’entre nous apprécient le retour de ces symboles républicains, d’idées peut être iconoclastes à gauche comme une écoute plus active des pme, ou devoirs riment aussi avec droits. Accordons lui aussi par exemple la volonté d’apporter un contenu social à l’Europe!
On peut être honnete et ne pas avoir de sens politique.
Le vendredi 27 avril à 20h30, à la fac Ségalen à Brest, conférence de Jacques Généreux à propos de la sortie de son livre « la dissociété ».
On est en plein dedans; d’un coté, c’est la solidarité sans faille qui permettra au monde de survivre, d’un autre l’individualisme le fait courir à sa perte.
N’est-ce point le sens de la fracture Ségo-Sarko?
Quelques soient les dysfonctionnements de la campagne de Ségo, sur l’essentiel du programme, ya pas photo, et d’ailleurs la droite ne s’y trompe pas et ses électeurs non plus; l’individualisme proné par Sarko n’est plus à démontrer.
Tu votes Ségo , lis Sarko !
C’est bien dommage et on aurait pu l’éviter avec un meilleur choix et une meilleure campagne, mais Ségo a mis le PS dans les choux. Alors pour éviter Sarko, je vote Bayrou, en attendant l’agiornamento chez nous.