La droite va donc adopter son projet de loi en « faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat ». Malheureusement, il est à craindre qu’il n’aura pour principal effet qu’une dégradation des conditions de travail et un ralentissement des créations d’emplois, sans aucun impact sur le pouvoir d’achat des Français.
Seul un tiers des salariés pourra bénéficier de la détaxation des heures supplémentaires. Les salariés ne choisiront pas leur temps de travail, seuls les employeurs pouvant en décider, et la principale conséquence sera une intensification et une dégradation des conditions de travail. Cette mesure contribuera à asphyxier les régimes de protection sociale, employeurs et salariés étant expressément incités à sous-déclarer le temps réel de travail. Et elle jouera pleinement contre l’emploi, les employeurs étant financièrement incités à recourir aux heures supplémentaires plutôt qu’à embaucher.
L’abaissement du bouclier fiscal à 50 % des revenus constitue une course au moins disant fiscal qui s’opèrera au bénéfice exclusif des plus grandes fortunes. Destiné à remettre en cause l’impôt sur la fortune, il représente un cadeau fiscal de 45 000 euros pour les 13 000 foyers disposant d’un patrimoine supérieur à 7 millions d’euros. Les 90 % de Français qui gagnent moins de 3 000 euros par mois n’y gagneront rien alors même que les plus fortunés y gagneront près de 4 SMIC par mois….
La suppression de l’essentiel des droits de succession, alors que 75 % des successions échappent aujourd’hui à toute imposition, s’opèrera au bénéfice des 10 % de Français les plus fortunés qui détiennent 50 % du patrimoine du pays. Qui parlait de justice fiscale ?
La déduction de l’impôt sur le revenu de 20 % des intérêts versés pour l’achat d’une habitation favorisera la hausse des prix, dès lors que cette réforme ne sera pas réservée aux primo-accédants, et aggravera encore les inégalités puisqu’elle bénéficiera principalement aux plus gros emprunts.
Au prétexte de favoriser la transparence dans l’octroi des « parachutes dorés », la nouvelle loi se borne à renvoyer aux conseils d’administration des grandes entreprises le soin de lutter contre les abus, ce qui revient à ne strictement rien changer aux pratiques actuelles. Elle est à mille lieues de la proposition de loi déposée par le Parti socialiste en 2003, à laquelle l’UMP s’était opposée.
Ces mesures, d’un coût total d’un minimum de 13 milliards d’euros, ne pourront être financées, de l’aveu même du Président de la République et du Premier ministre, sans une augmentation de 5 points de TVA. Elles reviennent donc à faire payer par la majorité des Français les cadeaux fiscaux accordés à une petite minorité d’entre eux.
Un premier texte adopté qui révèle la France que prépare Nicolas Sarkozy.
Pas de surprise ! La justice sociale version Sarkozy a de quoi nous surprendre. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ait pu remporter l’élection présidentielle avec un tel programme et de telles promesses !
Sur les 13 milliards que va coûter ce fameux « paquet fiscal », 8 milliards iront aux 5% des français les plus riches. Ils disposent déjà de 120 milliards d’euros par an pour vivre.
Les 5% des français les plus pauvres ne disposent eux que de 9 milliards d’euros par an pour vivre.
C’est donc une redistribution à l’envers que nous proposent Sarkozy et l’Ump…
Il me semble que les gens n’ont pas regardé de près les mesures fiscales proposées par Nicolas Sarkozy, ou alors ils ont crû qu’elles les concerneraient aussi. Ils se sont laissés séduire par un discours sur la récompense du travail, sur le rejet de « l’assistanat » … ce thème de campagne surexploité.
Les gens en difficulté ne veulent pas qu’on les protège (et le slogan de la campagne législative était mal choisi je pense), car c’est synonyme pour beaucoup d’un système qui perdure. Ils veulent croire qu’ils pourront s’en sortir, parfois du jour au lendemain, changer de classe sociale. Pour tendre à cet idéal, la gauche promeut dans ses discours l’éducation et la culture, la droite pointe du doigt les non-méritants et fait des promesses qui ne dépassent pas le premier degré de lecture.
La gauche a un discours complexe, ces chiffres ne peuvent convaincre ceux qui n’y ont même pas accès. La machine Sarkozy c’est un discours en adéquation avec les valeurs véhiculées par les médias de masse, avec une évolution de la société qui laisse encore beaucoup d’entre nous pantois.
Il y a de nombreuses mesures qu’on peut qualifier de gauche ou de droite selon l’angle sous lequel on les examine, selon la période… mais il existe un domaine où il n’y a pas de confusions ou d’hésitations possibles, c’est la fiscalité. Il y a longtemps que la droite n’avait pas fait preuve d’un tel cynisme. Pendant combien de temps les Français resteront ils sous le charme des tours de prestidigitation de Sarkozy? Apparemment l’opinion ne réagit que mollement devant cette profonde et scandaleuse injustice.