Cela fait partie des références magiques. On dit « homérique » sans rien savoir d’Homère. On dit « dantesque » sans avoir lu la « Divine comédie ». Et on dit « machiavélique » sans avoir ouvert, par exemple « Le Prince ».
Le numéro spécial du Nouvel Observateur publié cet été vient donc à point pour découvrir celui qui vit le jour le 5 mai 1469 à Florence. Et ce ne sera pas la moindre des surprises du lecteur que de constater que, pour Machiavel, l’art politique consiste non pas en une visée de l’idéal mais dans une pesée lucide des possibilités propres à chaque situation, ce qui permet de rabattre le juste sur le nécessaire.
Tel est donc le paradoxe de sa pensée : aux antipodes de l’absence de scrupules et du cynisme, elle promeut le thème de la responsabilité civique partagée par tous les citoyens quelle que soit leur condition sociale.
En fait, alors que résume souvent son œuvre par « la fin justifie les moyens », il a, en réalité, moins écrit des maximes de domination que des règles de maîtrise des circonstances. Instructif.