Depuis l’année 2003, et plus nettement depuis la vague de terrorisme de l’été 2004, les masques sont tombés. Les dirigeants russes ont tourné le dos à la démocratie. Reconnaissons d’ailleurs à Poutine, le fait qu’il ne cherche en rien à convaincre que son pays reste sur la « voie de la démocratisation ».
Les dissertations à l’infini sur la transition, le constitutionnalisme, la naissance du citoyen appartiennent à un passé révolu. Le constat est lourd et la stratégie du Kremlin est sans équivoque : recul des libertés et du suffrage universel direct, contrôle de l’information et des médias, régression sur le fonctionnement de toutes les institutions publiques, exacerbation de la violence.
Depuis Staline, personne n’a eu un pouvoir aussi total sur le plus grand pays du monde (6ème des terres émergées). Et ce n’est pas les législatives d’hier qui vont améliorer la situation. Au contraire, l’objectif de Poutine est, au travers d’une nouvelle concentration des pouvoirs, plus certainement celui de la soumission du pays à son pouvoir que la construction d’une véritable démocratie.
L’histoire ne rend pas plus optimiste. Sortie du passé, la dictature russe semble continuer dans l’avenir sans presque faire de pause, simplement en changeant de nom. Après Ivan le terrible, Pierre le grand, Koba le petit père des peuples, Vova ?
ça doit être génétique
Ce qui est frappant, dans cette sombre histoire, c’est les enseignements qu’on peut en tirer sur cette question de l’émegence des démocraties dans les anciennes dictatures !
On est loin du modèle idéal qui nous a été vendu par les U.S.A. avant l’odieuse et stupide aventure d’Irak. Pour mémoire, le tapis de bombe devait permettre de faire tomber le régime de Saddam hussein pour instaurer la démocratie et la stabilité.
Si peu pensaient que cela marcherait en Irak, le cas Russe est plus surprenant, puisque c’est le peuple lui même, ou du moins une partie de ses élites, qui avait fait tomber le régime en interne, et avait tenté l’instauration d’un régime démocratique.
Quel bilan, au final, maintenant que cette parenthèse démocratique est refermée ? Ce dont nous pouvons être sur, c’est que la démocratie ne se décrète pas. Elle est une conquête quotidienne, elle implique une révolution des mentalités et un travail de fond considérable, d’éducation et d’éveil des consciences politiques.
Ce travail n’a pas été fait en Russie. L’éducation n’a pas changé le fatalisme russe, forgé par des décennies, voirie des siècles de despotismes. Les russes n’ont pas acquis le réflexe de se saisir des enjeux politiques. Leur capacité d’initiative politique ne s’est pas développée depuis l’effondrement de l’U.R.S.S.
Dès lors, l’émergence d’un homme providentiel n’a rien d’étonnant : cette responsabilité, cette conscience n’étant pas vécue, ressentie par le peuple, celui-ci préfère se décharger de sa responsabilité sur un petit groupe de personne, qui décide à sa place. Et cela ne choque personne, tout le monde est résigné, chacun à pris l’habitude que cela se passe comme ça, qu’il n’y ait pas de libertés individuelles au nom de la sécurité et de la grandeur de la russie, qu’il n’y ait pas de partage du pouvoir politique au nom de l’incapacité du peuple à décider pour lui même.
Aussi je te rejoins entièrement, Jean-Jacques : la démocratie s’éteint, la Russie sombre à nouveau dans la dictature, et celle-ci, sans contestation populaire et sans critiques extérieures, n’est pas prête de s’arrêter…