Laïcité

Publié dans Articles | 7 commentaires

swisstxt20071220_8554585_4.jpgA l’invitation de Pierre Maille, j’ai déjeuné hier avec le nouvel évêque de Quimper, Monseigneur Jean-Marie Le Vert. Et évidemment, je l’ai interrogé sur les propos de Nicolas Sarkozy à Latran.

J’ai été, en effet, surpris par nombre de ses propos. Quand celui-ci dit qu’’ un homme qui croit est un homme qui espère et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent », n’est-ce pas laisser penser que, pour être de bons citoyens, il faut être d’abord des croyants ? Je ne dénie pas aux croyants le fait d’être de bons citoyens, mais il a y aussi ceux qui ne croient pas ! Et qui espèrent pourtant, qui espèrent pour la vie d’aujourd’hui et pas forcément pour la vie au-delà de la vie.

Quand il ajoute : « La morale laïque risque toujours de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’inspiration à l’infini ». Cela voudrait-il dire que lorsque l’on n’a pas une aspiration à l’infini, on aurait une morale laïque qui pourrait tourner au fanatisme ? Mais, n’y a-t-il pas de la part de ceux –pas tous, une toute petite minorité- qui ont justement cette aspiration à l’infini le risque de tomber dans le fanatisme, parce que la vie ici-bas n’aurait pas de sens ?

Quand il poursuit : « Dans la transmission des valeurs, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé car il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance », faut-il donc, pour transmettre une morale avoir le souci du sacrifice de sa vie ? Je ne dénie à aucun représentant religieux la capacité de fournir cette morale ; mais je ne lui reconnais pas cette capacité au nom de cette aspiration à l’infini, mais au nom de sa croyance, de sa valeur propre.

Cette entrée a été publiée dans Articles. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

7 réponses à Laïcité

  1. Moreno dit :

    J’espère donc je suis…

    Je préfère penser!

  2. jpb dit :

    On peut espérer sans être croyant, espérer que le PS gagnera les élections de 2012 par exemple. Les fanatiques, ce sont ceux qui n’ont pas le soucis de cohérence de leur analyse et qui passent outre les contradictions interne de leur discours pour satisfaire au plus vite leur désir. Quan à la radicalité d’un curé qui porte les valeurs de l’infini, elles sont fatalement différentes de l’espoir de mieux vivre qu’un athé ou qu’un croyant d’ailleurs charge sur la politique.

    Pour expliquer un propos, il ne suffit pas d’inverser la proposition, il faut la remplacer d’abord dans son contexte et voir à quoi le locuteur faisait référence. Il est sympa et ouvert Pierre Maille ?

  3. qu’’ un homme qui croit est un homme qui espère et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent

    Un homme qui croit est un homme qui espère.
    Oui je le pense.
    L’intérêt de la république …
    Là je suis comme BAYROU et MARX, ce n’est plus de l’espérance mais de l’opium.
    Le chirurgien peut couper tailler , on a moins mal.
    Plus sérieusement , je pense que de mêler comme il le fait le politique et le religieux est dangereux, et la laïcité est un bien précieux , trop précieux pour être jeté par pure intérêt politique dans la boue des « passions déraisonnables »
    Et si il voulait se référer à un texte , en voici un tiré du Deutéronome, ou MOÏSE met en place une structure gouvernementale et ceci dans la coutume . Pour gouverner et juger dans la justice :
    Comment porterais-je, à moi seul, votre charge, votre fardeau et vos contestations?
    1.13
    Prenez dans vos tribus des hommes sages, intelligents et connus, et je les mettrai à votre tête.
    1.14
    Vous me répondîtes, en disant: Ce que tu proposes de faire est une bonne chose.
    1.15
    Je pris alors les chefs de vos tribus, des hommes sages et connus, et je les mis à votre tête comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante, et chefs de dix, et comme ayant autorité dans vos tribus.

    Ce texte religieux donne le ton de ce que doit-être un responsable , il délègue , il s’appuie sur des femmes et des hommes « sages », il ne fait pas tout lui même au risque du ridicule!

  4. castillo.g dit :

    laîc ne veut pas dire incroyant! la république qu’est la notre n’est pas composer que d’athéistes, d’incroyants! que le chef de l ‘état d’une république laique parle aussi, à un moment, dans une situation précise, du peuple de croyants que compose aussi la france n’est pas choquant.je suis croyant non pratiquant et non papiste pour des raisons des moeurs et de la sexualité.laissons les gens croirent ou ne pas croirent en ce qu’ils veulent! certains a dieu, certains à leurs idéaux, certains à l’amour où àl argent.mais personne ne peut nier que la france reste une société judéo-chrétienne.nombreuses lois ou coutumes et abitudes sont fondés sur cette notion.le président à le droit et le devoir de parler à l ensemble du peuple laic et républicain, mais également à celui qui espères.ne voyez pas le mal partout! une république chrétienne ne vas pas être proclamer…derrière des propos religieux une lecture républicaine peut etre traduite.le christ à fait don et sacrifice de sa vie.certains au noms de la république et de la défense dela laicité ont fait dont de la leurs…les deux ne sont pas à mes yeux incompatibles.le message humaniste du christ peut apporter sagesse espoir et confiance pour beaucoup.mais la sociéèé est faite aussi de musulman, de juif et de divers autres cultes.chacun sa chapelle, mais gardons raisons garder, la république n’est nullement en danger….c est juste que l humain cherche un peu d’espérance et de force ….

  5. Régine Humbert dit :

    et quelle a été la réponse de Monseigneur l’Evêque ?

  6. catherine dit :

    Je pense que les athées croient aussi en la vie puisqu’ils la constatent tous les jours. Et il est faux de dire qu’après la vie il n’y a rien, il y a celle de nos enfants de leurs enfants, des générations à venir. Si l’au-delà ne représente rien, nous considérons peut être, que tout est là autour de nous et que ce que nous en faisons construira leur paradis où leur enfer, selon nos propres choix de société. Il y a une spiritualité athée,une vue de de la conscience d’être dans un monde dans laquelle nos actions sont determinées dans un espace temps défini avec un début et une fin, certes mais la vie continue au-delà de nous. L’idée de sacrifice est elle vue comme un acte héroïque où bien fanatique ? Guy Mocquet était-il croyant?

  7. Bruno LAGADEC dit :

    Pour une laïcité moderne

    Nul ne doit être dupe des incursions sémantiques et hasardeuses de Nicolas SARKOZY sur le terrain de la laïcité. Les propos provocateurs tenus par le président de la République le 20 décembre 2007 dans le cadre de sa visite au Vatican ne relèvent pas du hasard.

    En affirmant que « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé », celui qui fut désigné par 53% des français « oublie » que la laïcité constitue un pilier essentiel, une valeur intangible de la République, au même titre que la liberté, l’égalité et la fraternité.

    C’est la première fois qu’un Chef d’Etat français prend une telle position ! Même le Général DE GAULLE, qui était pourtant un catholique très pratiquant, ne s’était jamais risqué devant les autorités pontificales à de tels propos. L’homme du 18 juin refusait même souvent de communier quand il incarnait publiquement la France dans toutes ses composantes.

    Déjà, l’idée même du président SARKOZY d’introduire des représentants des religions au Conseil Economique et Social, dans ce qui est défini comme la 3ème assemblée de la République, était choquante.

    Ensuite, il y a cette notion de « laïcité positive » suggérée par le Chef de l’Etat, qui repose fondamentalement sur un contresens philosophique et historique. « Défendre une laïcité positive », c’est faire un pléonasme ! La laïcité, héritière des Lumières et du positivisme, est par essence une démarche historique positive qui a été libératrice face aux obscurantismes religieux. Il n’y a donc pas de laïcité positive ou négative, elle est ou elle n’est pas !

    Mais dire que le curé est plus important que l’instituteur, c’est extrêmement grave : présenter ainsi le fait religieux comme constitutif de l’identité politique et citoyenne pourrait modifier sérieusement le modèle républicain français, et ce dès 2008 !

    Pour la première fois de notre histoire contemporaine, un président de la République affiche une nouvelle conception des rapports entre l’Etat et la religion.
    Le comble, c’est qu’en le faisant, l’élu de l’Elysée abandonne totalement le rôle qui devrait être le sien.

    En effet, depuis la loi de 1905, marquant la séparation définitive de l’Eglise et de l’Etat, c’est bien au pouvoir politique qu’échoit la responsabilité de faire régner dans la société la tolérance, le respect de l’intime conscience et des croyances personnelles.

    Mais la laïcité, il ne faut pas l’oublier, c’est aussi le principe de la neutralité de l’Etat face aux intérêts particuliers et contradictoires de la société civile. Elle recommande à la puissance publique vigilance à l’égard des groupes financiers, des groupes de pression, et des corporatismes qui sont, par définition, indifférents à l’intérêt général.

    Alors ne tombons pas dans le piège suggéré. L’enjeu démocratique premier concernant la relance de ce débat récurrent sur la laïcité n’a pas trait aux inspirations maurassiennes de Nicolas SARKOZY, mais au rôle que doit absolument tenir le président de la République qui, selon nos institutions et notre histoire, doit donner l’exemple !

    Oui, c’est bien le Chef de l’Etat qui est le garant de la laïcité, et qui doit préserver une neutralité des institutions publiques à l’égard des influences, des croyances, et des pouvoirs divers et variés.

    Or, sur ce dernier point, force est de constater que depuis l’élection présidentielle, les institutions républicaines sont régulièrement bafouées, non pas uniquement par les croyances personnelles et religieuses du Chef de l’Etat, mais par le poids des factions influentes, par la présence des amis personnels de Nicolas SARKOZY, dans l’audiovisuel, les grandes entreprises, la finance et la spéculation.

    L’exigence d’une laïcité moderne qui pallie aux carences d’un président de la République qui s’oublie devant Dieu est donc absolument nécessaire, utile, impérative et dorénavant salutaire.

    La laïcité doit rester un élément fondamental de la République et une garantie essentielle de son unité. Il ne saurait être question de la remettre en cause ou d’en affaiblir la portée, que ce soit par rapport à la religion…ou à l’argent roi !

    J’appelle donc les quimpérois et les quimpéroises à une vigilance sereine, mais ferme à ce propos.

    Bruno Lagadec

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>