Café débat hier à la cafeteria du RU de Kergoat à Brest avec tous ceux qui le voulaient bien, sur la future réforme des institutions.
Pourquoi le cacher : ce fut un réel bonheur ! Tout y concourrait : le plaisir de me retrouver dans des lieux connus, la chaleur du soleil printanier dont les rayons cognaient contre les larges baies vitrées, l’intérêt du sujet à traiter qui va m’occuper dans les deux mois qui viennent et évidemment surtout la qualité des questions posées par les étudiants !
Non seulement, ils étaient curieux à bon escient mais en plus, ils avaient visiblement préparé le rendez vous. Tout y est passé : de la future exception d’inconstitutionnalité jusqu’au rôle à venir du premier ministre, de la rationalisation du parlement au partage de l’ordre du jour avec le gouvernement, l’évolution du rôle du conseil constitutionnel et les critiques sur la loi sur la rétention de sureté.
Un vrai échange, pas un cours où le prof assomme son public par un long monologue, un réel moment de confrontation. Alors merci vraiment à ceux qui ont permis cette rencontre et d’abord à Istovant.
Une question cependant et un regret. Pourquoi ne sont-ils pas aussi réactifs dans les cours ? Et vue l’absence de réaction à mes provocations sur Sarkozy, je m’inquiète : il n’y a plus d’étudiants membres de l’UMP à la fac de droit ?
bonjour,
sur ce sujet, si cela était possible, je souhaiterais que le ps adopte un ton constructif même si ,j’en conviens, les principales chapelles du ps ne sont d’accord sur rien.
1) sur la possibilité donnée au président de s’exprimer devant le parlement.quoi de plus normal qu’un président élu par le peuple puisse s’exprimer devant la représentation nationale.
2) sur l’exception d’ inconstitutionnalité:c’est un vrai progrès.
3) le ps revendique à raison l’introduction d’une dose de proportionnelle ainsi qu’une révision du mode de scrutin sénatorial.j’aimerais pareillement que le ps nous indique l’intérêt que représente le maintien en l’état des prérogatives du sénat.
4) quelle est la position du ps concernant le cumul des mandats?
mis à part le pb que j’ai posé en question 3, il me semble que la réforme proposée va plutot dans le bon sens en renforçant les droits des citoyens et du parlement.
j’ajouterai que la commission ad hoc était composée de personnes issues de milieux politiques et universitaires de droite comme de gauche.
je relisais l’autre soir certains chapitres du » coup d’état permanent » de f mitterrand.étrange impression ..compte tenu du bilan constitutionnel de l’intéressé.
Réaction de JJU :
Le PS comme pour tous les sujets a une position. Elle est définie par le bureau national. En l’espèce, tous les points évoqués trouvent une réponse dans un document publié par le BN le 30 octobre 2007 dans son analyse du rapport Balladur. http://hebdo.parti-socialiste.fr/2007/10/31/984/
Mais comme nous ne sommes pas un parti caporaliste, il n’est pas anormal que les uns et les autres puissent donner leur sentiment. Cela est d’autant moins répréhensible que pour le moment nous ne connaissons qu’un avant projet de loi. Nous sommes donc dans une phase d’attente. Tous les commentaires sont donc légitimes. Mais viendra ensuite le moment de la décision puis l’instant du vote et là il faudra que tous les parlementaires socialistes votent d’une même voix.
bonjour Mr Urvoas,
je ne suis pas en droit mais en médecine et par curiosité j’ai assisté à votre conférence vendredi midi. J’ai trouvé certains de vos propos intéressant, mais d’autres inquiétant quand aux convictions qui vous guide dans la politique. Vous avez dits en réponse à un étudiant qui vous demandait pourquoi le PS n’a-t-il pas demandé la destitution du président de la république lorsqu’il a voulu passer outre la constitution: » un combat n’est intéressant que lorsqu’on est sur de le gagner ». Je n’ai pas réagis sur le coup mais c’est d’une faiblesse effrayante surtout dans votre position de défenseur et de représentant du peuple. Et vous avez ricané pour une autre question votre copinage avec Mr Poisson (si j’ai bien entendu) le suppléant de Mme Christine Boutin dans le but de vous faire voire et entendre si j’ai bien compris. Vous voulez votre nom sur une tablette? Qu’est ce qui vous motive Mr Urvoas? si vous n’êtes pas près à vous battre pour défendre la loi et la république lorsqu’elle est en danger? Où sont vos convictions? vous savez je crois qu’il y a bien qu’en fac de droit qu’il n’y a que des socialistes en ce moment car vu la piètre prestation de ces dirigeants qui ne se battent plus que pour leur égo et non leurs convictions, on a envi de changer de rive car de l’autre côté, même si tout n’est pas grandiose au moins on propose des choses et on essaie de progresser et de trouver des solutions. Au PS depuis un an on critique mais on ne propose rien et vu votre volonté de combat dont vous avez témoigné hier on comprend pourquoi. c’est désolant.
Je ne fais pas un blâme du PS et une éloge de l’UMP car je sais très bien que des opportunistes il y en a partout. Mais dans votre position d’opposition actuelle vous devriez montrer un visage un peu plus conquérant!
Réaction de JJU :
Merci d’être venu et de me permettre de clarifier les nécessaires incompréhensions qui peuvent découler d’une expression un peu lapidaire et donc nécessairement toujours potentiellement caricaturale.
Sur la question portant sur la destitution de Nicolas Sarkozy parce qu’il a cherché à contourner le conseil constitutionnel. Si j’ai répondu que je ne me lançais que dans les entreprises que je suis certain de gagner, c’était évidement au plan du droit que je me plaçais. Je suis militant politique depuis 30 ans et si la défaite fait partie de mon parcours, le découragement jamais. En l’espèce ici, l’hypothèse d’obtenir la destitution de Sarkozy était totalement farfelue et personne d’ailleurs ne l’a évoqué. Pour y aboutir il faut en effet franchir plusieurs étapes dont vous trouverez le détail dans les alinéas 2,3 et 4 de l’art. 68 de la constitution.
Sur la méthode de travail des commissions qui m’a conduit à évoquer mes relations avec d’autres parlementaires. C’est au contraire le recherche de l’efficacité qui est ici mon moteur. Quand votre appartenance à l’opposition aboutit à faire que vos amendements, pourtant jugés pertinents par la majorité sont refusés par dogmatisme, il est plus intelligent de s’appuyer sur un collègue de la majorité qui peut lui se faire entendre que de continuer à prêcher dans le désert. La démarche est à l’inverse de la recherche de notoriété. Je pense sincèrement que vous avez compris mon propos à l’envers. Si je cherchais à tout crin la notoriété, ce n’est pas dans le secret de la commission ou dans l’hémicycle que je passerais mon temps mais dans la salle des 4 colonnes là où patientent les journalistes.
Enfin, sur le parti socialiste. Je vous laisse là encore la responsabilité de vos analyses, hier ce n’était pas le thème de la rencontre avec les étudiants.
yh,
que le Président puisse se présenter devant le Parlement – ou l’une des Chambre -, pourquoi pas ? Bien que je n’en vois pas particulièrement l’intérêt.
En revanche, qu’il vienne discourir et s’en reparte, tranquille – et fier selon le tenant de la charge-, comme si rien ne s’était passé, voilà le risque que fais prendre l’actuel bénéficiaire du mandat présidentiel. Il pourra tenir le propos qu’il souhaite devant les Représentants du Peuple, seul souverain, sans être inquiété.
Belle leçon de respect du Peuple et de l’Assemblée. Voilà que Badinguet se fait Thiers !
Alors, si intervention présidentielle il doit y avoir à l’Assemblée, que celle-ci soit au moins suivie de débat et de vote.
Vous semblez satisfait de la cuisine proposée. Donnez-moi la recette d’un bonheur si simplement acquis, car les actes et les dires du Président de la République souffrent d’un décalage certain.
Aux dernières nouvelles, le Parlement n’a pas eu un mot à dire sur l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Et quant bien même il a eu la primeur de cette annonce, il est regrettable qu’il se soit agit du Parlement…britannique !
rodolphe,
je ne suis pas un disciple du président ,loin de là.mais, je me satisfais des quelques avancées que je constate.
concernant l’afghanistan, un débat a bien eu lieu à l’assemblée certes sans vote.d’ou l’intérêt de modifier la constitution.
concernant la possibilité d’intervention du président, je suis personnellement favorable à un régime de type présidentiel donc je vous suis sur le vote qui suit l’intervention mais convenez que ni le ps ni l’ump n’y sont favorables.
yh,
j’en conviens, et m’excuse si j’ai laissé croire que vous auriez pu être « un disciple du Président ».
Sur la question de l’envoi de renforts français en Afghanistan, néanmoins, permettez-moi d’insister : la discussion qui a eu lieu au sein de l’Assemblée ne mérite pas, à mes yeux, la qualification de « débat ». La décision de l’exécutif était déjà prise, ce qui réduit considérablement la notion de débat.
La Constitution, sauf erreur de ma part, telle que rédigée à ce jour, n’empêchait nullement l’exécutif de soumettre cette décision aux parlementaires. Si le Président de la République veut donner plus de poids à l’Assemblée, pourquoi dans ce cas n’a-t-il pas devancé sa réforme en soumettant un engagement de la France plus fort en Afghanistan au vote des députés ?
« Et vue l’absence de réaction à mes provocations sur Sarkozy, je m’inquiète : il n’y a plus d’étudiants membres de l’UMP à la fac de droit ? »
Des étudiants membres de l’UMP, je ne sais pas s’il y en a; mais des centristes, il y en a beaucoup plus que l’on ne pourrait le croire…
Cependant, il est difficile de vous contre-dire en public; surtout à FAC de Droit où le public vous est acquis.
Comme beaucoup, je suis venu voir l’universitaire et non l’homme politique.
Quant au sujet de savoir si le bipartisme est la meilleure solution… ce n’était pas vraiment l’objet du débat de vendredi.
Si le bipartisme peut s’avérer efficace c’est parce qu’il fait naître des antagonismes. Encore faudrait-ils que ces derniers soient constructifs. Si le dialogue existait vraiment entre majorité et opposition, le centre n’aurait pas vocation à exister. Or, j’ai tendance à croire que notre pays a besoin de gens modérés, capables de dépasser les clivages, pour corriger les imperfections du bipartisme.
Bonjour Jean-Jacques,
Militant à quelques centaines de km de Brest, je n’ai pas assisté à ta conférence mais ce débat est très intéressant… Le PS, m’a-t-il semblé entendre, est pret à troquer la venue du president devant les assemblées contre le décompte de son temps de parole dans l’audiovisuel. C’est je crois une position raisonnable.
On sait que cette idée a été inspirée à Sarkozy par le discours sur l’Etat de l’Union aux USA. Or, dans ce pays, la tradition veut que ce rendez-vous soit immédiatement suivi par un contre-discours de l’opposition, non pas au congrès, mais à la télévision. La tradition veut par ailleurs que ce n’est pas le leader de l’opposition qui s’y colle, mais un jeune élu qui y fasse ses armes au niveau national (cette année, la gouverneure du Kansas Kathleen Sebelius).
Plutôt que les commentaires désordonnés et caricaturaux qui suivent chez nous les interventions du Président, cette pratique aurait le grand intérêt démocratique de confonter, sur les mêmes sujets, la position de fond de la majorité et celle de l’opposition.
Le PS ne devrait-il pas instituer cette réponse argumentée à ces nouveaux discours et demander que l’un comme l’autre soient exonérés de comptabilisation pour que les grands médias puissent les relayer intégralement ?
Tout comme Fred je n’ai pas pu assister à ce joli rendez-vous.
A quand une séance comparable, sur les pentes du Frugy, au cours d’une réunion de section délocalisée, lorsque les rayons de soleil viendront à nouveau flatter nos esprits repriliens ?
Boujour M.Urvoas,
Ne vous inquiétez pas pour l’ump! Et « ses » étudiants, ils sont toujours bien présents!
Certains étaient vraiment scandalisés et voyez la hauteur de leurs réflexions…Quand même, il faut dire M.Sarkozy et non pas « Sarko », M.Fillon et non pas Fillon! C’est « inadmissible » (entendu)!!
Mais attention parfois leurs propos sont plus construits. Ainsi lorsqu’un professeur critiquait franchement la loi « dati » sur la rétention de sûreté: »il a qu’à aller dire ça aux parents des victimes » « un taré ça reste taré »
Aaaargh!
Ce qui est vraiment fatiguant et que je ne supporte plus c’est cette suffisance, ce mépris, ce climat à la longue si pesant.. Bien sûr tous les étudiants ne se comportent pas ainsi, certains réfléchissent et acceptent sereinement qu’on puisse ne pas être d’accord avec eux. Heureusement.
Enfin, quand on est de gauche on se sent bien seul dans cette fac de droit!!
Ps merci pour votre intervention, intéressante
Mieux vaut tard que jamais?
Merci Jean-Jacques d’être passé, discuter avec nous à la fac de droit de Brest. Les étudiants s’en souviendront encore comme si c’était hier. Lorsque je pense à ce moment; un mot: Magistral!
Au plaisir de te revoir à Brest ou à Paris…