On va beaucoup parler des retraites ces semaines. Aussi faut-il commencer par l’état des lieux. Et notamment par l’échec, sur le plan financier, de la loi Fillon de 2003 puisque la branche vieillesse accuse, en 2007, un déficit de près de 5 milliards d’euros.
Elle n’a pas tenu davantage ses engagements sur trois autres points essentiels : La précarité salariale avec ses effets sur le niveau des pensions, la pénibilité des métiers et sa conséquence, la profonde inégalité d’espérance de vie à 60 ans, le taux d’activité des salariés âgés de plus de 55 ans, qui est resté au niveau de 2003 soit 38 %.
Aujourd’hui les nouvelles propositions du gouvernement restent insuffisantes et décalées en termes de pouvoir d’achat et de niveau des pensions. Elles laissent de côté 6 millions de retraités vivant avec moins que le SMIC. N’oublions jamais que les titulaires du minimum vieillesse ne représentent que 10 % des petites pensions.
Elles renvoient aux résultats d’une négociation en 2010, sur la question pourtant urgente et décisive du taux d’activité des séniors. Ainsi les sanctions éventuelles contre les entreprises qui ne jouent pas le jeu n’interviendraient que dans près de 3 ans sur des critères qui restent à définir.
Aussi, la volonté aujourd’hui d’allongement de la durée de cotisation à 41 annuités n’est pas acceptable, alors que l’âge moyen de cessation d’activité ne dépasse pas 58 ans et 8 mois, et que plus de 60 % des salariés de plus 55 ans sont évincés du marché du travail. Elle se traduirait par une baisse supplémentaire du taux de remplacement pour une majorité de futurs retraités qui peinent déjà à accéder à une retraite à taux plein, moyennant 40 annuités. De plus, l’allongement de durée de cotisation ferait l’impasse sur la pénibilité des métiers, la négociation engagée depuis trois ans n’ayant connu aucune avancée.
Enfin, il n’y a rien sur les nouvelles ressources, notamment l’élargissement de l’assiette des cotisations sociales, sur les rémunérations exceptionnelles (stock options, etc.) Les inquiétudes les plus grandes demeurent sur l’avenir du fonds de réserve des retraites.