Aujourd’hui je n’étais pas parmi les 15 000 personnes qui ont défilé à Quimper et je le regrette. Telle était bien mon intention mais j’étais convoqué, à la demande des avocats Yann Choucq et Vincent Omez, devant la cour d’assise de Rennes pour témoigner sur l’état des prisons.
J’en ai profité le matin pour découvrir la maison d’arrêt de Rennes, située boulevard Jacques Cartier au cœur de la ville. Elle accueillait ce matin 487 détenus pour 280 places… Encore et toujours la surpopulation. Au 1er janvier, notre pays comptait 12 669 détenus en surnombre selon les chiffres précis de Pierre V. Tournier.
La maison d’arrêt est la plus vétuste que je connaisse puisqu’elle date de 1903. J’ai demandé à visiter le quartier disciplinaire, les parloirs et le service médico-psychologique régional dont la mission est notamment d’assurer le dépistage des troubles psychiques. Et une nouvelle fois en passant le porche deux heures après y avoir pénétré, je n’étais plus le même homme.
Aussi lors de mon témoignage devant la cour d’assise en regardant les jurés, je n’ai eu de cesse de leur faire partager ce que je venais de voir. Eux qui allaient juger, je voulais qu’ils comprennent ce que c’est que l’univers carcéral et l’indignité de notre pays qui accepte ce scandale permanent.
Merci d’aller là où les lumières de la République sont bien faibles.
Ancien visiteur, 600 fois présent en prison, je me suis posé une question chaque fois que j’en suis sorti.
Quand les portes sont fermées, quand plus personne n’entre ni ne sort, que se passe-t-il dans une prison ?
Rien de particulier, disent rapidement ceux qui savent et qui souhaitent changer de sujet.
Depuis que j’ai décidé de quitter la vie publique en mars 2008, je m’intéresse
aux affaires judiciaires et aux conditions carcérales.
J’étais assis hier parmi le public quand vous etes venu témoigner à la barre
des assises actuellement en cession pour juger « le gang de Roubaix ».
Vos propos précis, poignants et objectifs ont apporté un éclairage très utile
à la cour et principalement aux jurés meme s’ils ont participé à une visite
de la prison de Rennes. Quelques jours avant, un accusé a raconté les conditions de séjour en isolement ( plus de 4 ans ), cellule de 9m° et une
« cour » de 6m x 1m. Sans contact avec d’autres personnes. Je vous remercie
pour votre engagement dans le groupe d’études sur les prisons et les conditions carcérales.
Aux questions » Comment sont nos prisons et comment y vit-on ? » je souahiterais rajouter une autre: l’incarcération est-elle vraiment la meilleure solution pour la réparation d’un préjudice ou pour la protection de la société? Bien entendu il est parfois nécessaire de recourir à cette solution. Mais ne peut-on se mobiliser pour développer les alternatives à l’incarcération et revenir à une véritable politique de prévention de la délinquance?