Aujourd’hui, je participe à 16 h à Ti Ar Vro, à un débat sur le thème « langues régionales ou territoriales : quelle loi après la révision constitutionnelle ?« .
Il s’agit d’un rendez vous qui s’inscrit dans le cadre des Rencontres inter-régionales des langues et cultures qui se déroulent cette année en Bretagne depuis le début de la semaine à l’initiative du Conseil Culturel de Bretagne.
Depuis quelques semaines, je me suis en effet attelé à l’écriture d’une proposition de loi sur ce thème. Le travail sera là car les questions à résoudre sont nombreuses.
Je vous en livre quelques unes si vous souhaitez m’aider dans la réflexion : Faut-il envisager un transfert de droit de la compétence linguistique vers les collectivités demandeuses ? L’échelon régional est-il toujours le plus adapté pour exercer cette compétence ? Comment s’assurer que l’Etat transfère bien à la collectivité demandeuse les moyens financiers attachés à cette compétence ? Chacun est-il prêt à accepter l’idée, en cas de transfert généralisé de cette compétence aux collectivités, d’un désengagement qui pourrait être quasi complet de l’Etat dans ce domaine ? Quels droits pour quelles langues ?…
Vaste chantier auquel visiblement le nouveau ministre de la culture n’entend pas s’attacher. Aussi place à l’imagination dans les régions !
Gast (!), le breton classé dans l’atlas de l’UNESCO des langues en danger dans le monde:
http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?pg=00139
http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=FR&pg=00136
« Depuis quelques semaines, je me suis en effet attelé à l’écriture d’une proposition de loi sur ce thème. Le travail sera là car les questions à résoudre sont nombreuses. »
J’avais cru comprendre que la ministre de la culture précédente avait déjà commencé à travailler sur une loi, et que d’autre part il existait un groupe de députés (ou de parlemantaires ?) qui travaillait aussi sur la question, dont une parlementaires du Morbihan (de gauche il me semble).
Depuis le temps qu’ils sont censés y travailler, il pourrait être intéressant de savoir où ils en sont (s’ils sont quelque part !).
Les Basques et les Occitans doivent avoir aussi une idée sur la question (il me semble avoir vu un texte assez conséquent élaboré par des Occitans)
« Faut-il envisager un transfert de droit de la compétence linguistique vers les collectivités demandeuses ? »
Absolument ! Le Conseil Régional en a déjà fait la demande (comme pour l’eau – refusé dans les deux cas).
Dans la constitution, les langues régionales (grâce aux bons soins de la douce Académie et de quelques autres) ont été rejeté dans les bras des collectivités locales.
« L’échelon régional est-il toujours le plus adapté pour exercer cette compétence ? »
Les départements doivent aussi y contribuer (le Finistère a eu de bonnes initiatives dans ce sens, c’est un modèle à suivre). Et les villes et villages. Mais la Région doit être un moteur et un planificateur et venir suppléer là où les autres font défaut. Le Pays de Galles est un modèle et il faut s’en rapprocher le plus possible.
« Comment s’assurer que l’Etat transfère bien à la collectivité demandeuse les moyens financiers attachés à cette compétence ? »
En Alsace ils ouvrent beaucoup d’écoles bilingues. Le budgets pour ces écoles restent celui de l’Education nationales, probablement.
Il faut faire une loi pour obliger l’Etat à payer ce qu’il doit !!!!! On retrouve ce problème de moyens financiers pour tous les domaines.
« Chacun est-il prêt à accepter l’idée, en cas de transfert généralisé de cette compétence aux collectivités, d’un désengagement qui pourrait être quasi complet de l’Etat dans ce domaine ? »
Le désengagement est déjà quasi-complet (hormis pour l’enseignement bilingue qui entre dans le budget de l’Education nationale pour une part. – Il faudrait que les enseignants de Diwan soient pris en charge dès la première année, et non au bout de 5 ans, comme maintenant)
Quels droits pour quelles langues ?…
Le droit pour les langues classées en danger par l’Unesco d’utiliser tous les moyens possibles et imaginables de se développer dans l’enseignement et dans les médias.
Il faut voir les textes de l’Unesco et ceux de la Charte européenne pour les langues minoritaires, qui définissent les droits des langues minoritaires, et permettent que ces droits soient appliqués partout dans le monde, et donc ici aussi.
Il faut s’appuyer sur les normes internationales qui existent déjà, et cesser de faire de la France une «exception culturelle» au mauvais sens de l’expression, où le français a tous les droits, et les autres langues aucun. Sortir de l’hypocrisie et du double langage (Cf la fondation Sorosoro, par un ancien président, dont le but affiché est de venir en aide aux langues en danger).
« Vaste chantier auquel visiblement le nouveau ministre de la culture n’entend pas s’attacher. »
C’est tout sauf à son honneur !!
Mais bon, on connait le mépris d’une certaine classe parisienne, qui est précisément la classe dirigeante, pour les langues minoritaires.
Le principal danger est de voter une loi et puis de s’en laver les mains, comme on a mis les « langues régionales » dans la Constitution sans que cela change quelque chose dans la réalité le moins du monde.
La loi doit en fait permettre qu’une véritable politique puisse se mettre en place (il y a déjà un début de politique linguistique en Bretagne et ailleurs)
L’Unesco offre des outils (les problématiques des langues minnoritaires sont les mêmes partout dans le monde)
http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?pg=00148
9. Que peut-on faire pour empêcher une langue de disparaître ?
La chose la plus importante que l’on puisse faire pour empêcher une langue de disparaître est de créer des conditions favorables pour que ses locuteurs la parlent et l’enseignent à leurs enfants. Cela nécessite souvent des politiques nationales qui reconnaissent et protègent les langues minoritaires, des systèmes éducatifs qui promeuvent l’enseignement en langue maternelle, ainsi qu’une collaboration créative entre les membres de la communauté et les linguistes afin d’élaborer un système d’écriture et d’introduire un enseignement formel de la langue. Dans la mesure où le facteur primordial est l’attitude de la communauté de locuteurs à l’égard de sa propre langue, il est essentiel de créer un environnement social et politique qui encourage le plurilinguisme et le respect des langues minoritaires afin que l’utilisation de celles-ci soit un atout plutôt qu’un handicap. Certaines langues ont actuellement trop peu de locuteurs pour se maintenir mais des linguistes peuvent, si la communauté le souhaite, archiver le plus possible de contenu formulé dans cette langue afin qu’elle ne disparaisse pas sans laisser de trace.
Voir le Registre de bonnes pratiques de préservation des langues pour des exemples de projets de revitalisation réussis.
10. Que fait l’UNESCO pour empêcher que les langues ne soient menacées ou disparaissent ?
L’UNESCO agit sur de nombreux fronts pour sauvegarder les langues en péril et empêcher leur disparition :
dans le domaine de l’éducation, l’UNESCO soutient les politiques qui promeuvent le plurilinguisme et, en particulier, l’alphabétisation en langue maternelle ; elle défend la composante linguistique de l’enseignement autochtone et met l’accent sur la préservation de la langue dans l’éducation ;
dans le domaine de la culture, l’UNESCO rassemble des informations sur les langues menacées et autochtones, élabore des outils et des méthodes standardisés, renforce les capacités des gouvernements et de la société civile (institutions académiques et communautés de locuteurs) ;
dans le domaine de la communication et de l’information, l’UNESCO encourage l’utilisation des langues locales dans les médias et favorise le plurilinguisme dans le cyberespace ;
dans le domaine de la science, l’UNESCO prend part à des programmes destinés à renforcer le rôle des langues locales dans la transmission du savoir local et autochtone.
L’Unesco se trouve à Paris il me semble, mais en France on se moque des rapports de l’Unesco sur les langues en danger.
Registre de bonnes pratiques de préservation des langues
Le texte suivant n’est malheureusement pas disponible en français.
Successes big and small
Submission to the Register
What can YOU get out of it?
Registered good practices
The purpose of the Register of Good Practices in Language Preservation, a project of UNESCO’s Endangered Languages Programme, is to identify, document and disseminate past and current practices that have proven to be successful in safeguarding languages and language communities.
Our goal is to collect a diverse body of experiences in order to provide a rich source of creative and innovative approaches to problem-solving, proven solutions, practical information, lessons learned, helpful hints, do’s and don’t’s and adaptable models, to those engaged in sustainable language preservation.
http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?pg=00145
Un petit mot d’un Occitan de passage.
-Très bien qu’un élu PS entreprenne la rédaction d’une proposition de loi. Un UMP des Bouches du Rhône, Kert, en prépare une de son côté. L’arrivée de ces propositions, et d’autres encore peut-être, pourait amener le Ministère de la Culture à se réveiller (aux dernières nouvelles il ne jugeait plus si urgent de faire un projet de loi, l’article 75 de la Constitution suffisant, paraît-il. C’est ce qu’on appelle se moquer du monde.
-Sur les questions posées. L’association des enseignants de langue et culture d’oc, la FELCO, a fait connaître depuis maintenant assez longtemps sa position sur les rapports Etat/Région. Je la résume :
-Si les langues de France sont un patrimoine national, il est normal que l’Etat prenne sa part de la politique les concernant, ne serait-ce que pur garantir la circulation dans l’ensemble du territoire national d’un savoir minimal sur ces langues (à intégrer dans les programmes de français (textes traduits) et d’hist-et-gé, entre autres). IL s’agit là d’une position de principe : les langues de France n’ont pas vocation à rester enfermées dans une sorte de réserve Navajo. C’est la possibilité de les faire circuler qui pourra garantir leur survie et leur développement.
-Les régions ont bien entendu leur place dans le processus, comme d’ailleurs les autres collectivités locales, dans l’accompagnement des mesures prises au niveau national en matière d’enseignement, de médias, de toponymie, etc. Elles ont un rôle à jouer, à travers la négociation de contrats de plan avec l’Etat, dans la définition de ce que doit être une vraie politique linguistique. Ceci dit :
-On ne sait toujours pas ce que sera la fameuse grande méchante réforme des collectivités locales dont on nous parle à l’Elysée. On ne sait donc pas ce que seront les compétences respectives des uns et des autres.
-Ce qu’on sait par contre, c’est que concernant les finances, il ne faut pas se faire d’illusions. L’Etat a déjà un mal de chien à transférer les recettes correspondant aux nombreuses dépenses nouvelles qu’il refile aux régions et aux autres collectivités locales. La « réforme » de la taxe professionnelle, sur laquelle on n’en sait pas beaucoup plus que sur la « réforme » des collectivités locales risque fort de toute façon de ne pas arranger les choses, parti comme c’est. Il est illusoire de s’imaginer que l’argent va couler à flot pour des problèmes linguistiques et culturels qui ne seront jamais prioritaires pour une collectivité, quel que soit l’amour que ses élus peuvent par ailleurs porter à la langue de leur région. J’invite tut leemonde à se demander ce que coûterait la prise en charge par la région des traitements des enseignants par exemple. Or, c’est ça que veut dire la « compétence exclusive ». Mieux vaut réfléchir avant.
-Je sais bien, pour en avoir parlé plus d’une fois avec des amis bretons, à quel point la méfiance et al rancoeur sont grandes à l’égard de l’Etat-jacobin-qui-n’a-jamais -rien fait-pour-nos-langues. Cette rancoeur est justifiée. Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à le placer devant ses responsabilités et à revendiquer une meilleure prise en compte de nos langues à son niveau. Ne nous faisons pas d’illusions. Le gouvernement ne s’intéresse pas à nos problèmes, ne serait-ce que aprce qu’il n’y a pas d’argent à gagner avec les langues de France, et que ça, c’est ce qui le motive en premier lieu. Il ne demande donc pas mieux que de refiler le mistigri à quiconque voudra bien s’en charger. Quitte ensuite à le laisser se dém.. brouiller comme il pourra, c’est à dire avec bien des difficultés, voir plus haut.
Voilà les deux ou trois choses que je tenais à dire. Je suppose que M. Urvoas a l’occasion d’aborder ces problèmes dans son groupe,ou dans le cadre de ‘lintergroupe sur les langues régionales de l’Assemblée. IL me semble important que des élus de tutes les régions concernées soient partie prenante dans l’élaboration du texte qui ser aporté par M. Urvoas au nom de son parti. la