Enterrement en petite pompe

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Au final, cette histoire de débat sur « l’identité nationale » aura été piteuse.

Elle se termine par un « séminaire gouvernemental » au lieu du « grand colloque » qui devait se tenir le 4 février en présence du Président de la République.

Une « commission de personnalités » est annoncée pour ne pas donner le sentiment que cette opération à visée électoraliste se termine en rase campagne.

Des « mesurettes » pour faire croire que toute cette agitation qui n’a jamais intéressé les Français a servi à quelque chose.

Le gouvernement s’est finalement résolu à enterrer le débat qu’il avait initié. Il était temps mais il aurait mieux valu ne pas l’ouvrir. Ainsi que je l’avais écrit au préfet du Finistère quand il avait convoqué une réunion à Quimper, ce genre d’initiative ne pouvait avoir qu’une conséquence : celle de fragiliser la cohésion nationale.

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4 réponses à Enterrement en petite pompe

  1. LexParis dit :

    Comme l’a dit BHL hier soir lors du Grand journal et comme j’ai pu le dire sur mon blog (avec bien d’autres), ce débat sur l’identité nationale était fondamentalement absurde. La première raison est qu’il ne pouvait s’agir d’un débat initié et organisé par l’Etat : la solution ne pouvait venir d’en heut. Ensuite, parce que l’organisation même de ce débat était totalement inadaptée et étranger : réunions en préfectures, en petits comités, avec le bon peuple et ses bons sentiments, etc. L’absence aussi d’une commission réunissant intellectuels et républicains (dont parlementaires) pour poser un cadre préalable aux discussions.

    L’absurdité tient enfin au décalage du débat par rapport à la réalité des choses. D’abord, en décalage par rapport au contexte actuel marqué par une crise économique qui appelle à agir véritablement. Ensuite, décalage par rapport à un enjeu fondamental qui est celui de la construction européenne. Car s’il y a une question identitaire qui se pose c’est bien celle qui a trait à l’identité européenne. Ce débat est celui qui présente le plus d’intérêt, surtout pour les nouvelles générations. Le débat sur l’identité nationale est totalement éculé pour les jeunes de ma génération. Nous pensons autrement et avons dépassé le cadre national. Nous pensons notre identité, qui est en puzzle, autrement, avec d’autres références.

    Et puis ce débat sur l’identité française a donné une image déplorable de la France à l’étranger. Il y a eu notamment très récemment un article dans le New York Times qui soulignait le retour du nationalisme en France. Même chose en Allemagne. Bref, nous avons beaucoup souffert sur le plan intellectuel et moral. Nous avons souffert de nombreux amalgames. Les intellectuels ne sont décidément pas à droite.

  2. seb dit :

    Autant je suis d’accord avec vous pour dire que le débat se termine en bérézina, autant il est faux de dire qu’il n’a pas intéressé les Français. Il serait plus juste de dire que les Français n’ont pu débattre correctement de leur identité, car d’une part les débats étaient très cadrés – ayant participé à l’un d’eux, je me suis rapidement aperçu que les citoyens sont appelés à donner leur avis et poser des questions, mais si leur interlocuteur répond à coté, ou dit n’importe quoi, il n’est pas possible de rétorquer, répondre – et mal pensé, au sens où M. Besson confond la France – notre Patrie – avec la République, qui pour importante qu’elle soit, n’en demeure pas moins un régime politique parmi d’autres.

    Ce qui m’inquiète, par contre, c’est qu’aucun élu du PS n’ait réagi à la proposition d’un « contrat républicain ». Dans notre Histoire, jamais aucun régme politique stable n’a demandé un tel engagement ! La France est en droit de demander une loyauté. Pas un régime politique.

  3. baillergeau dit :

    Cette affaire d’ « identité nationale » me laisse une impression vichyste, pas vichyssoise, précision pour ceux qui ont connu.
    A Solférino, Aubry a mille fois raison avec Frêche, il ne faut pas déconner sur les fondamentaux de gauche.
    Nous allons vers des temps difficiles où l’impuissance des rouages de la société conduira aux boucs émissaires habituels.
    Je vois déjà qui se proposera aux tâches les pires et je prends peur pour nos enfants et petits enfants.

  4. seb dit :

    Enterrement de l’Etat de droit…LOPPSI 2 !

    Le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France ont publié, lundi, un communiqué commun critiquant violemment le projet de « loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure », la fameuse LOPPSI 2, débattue dès aujourd’hui à l’Assemblée.

    Le texte commence tout en douceur, affichant une citation de « Frédéric Lefebvre, humoriste » : « A force de réfléchir avant de légiférer, on reste immobile. » Ceci dit, la suite est plus sérieuse. Les juristes dénoncent un texte conciliant « l’inutile et l’inacceptable, au nom d’un projet de société où l’absurde le dispute à la paranoïa » qui « offre un condensé de l’idéologie primaire et dangereuse qui gouverne depuis plusieurs années le traitement des questions de sécurité ». Difficile de faire plus clair.

    « Ainsi, continue le communiqué, dans le Brazil qui se dessine, les caméras envahiront les rues et la justice sera rendue à distance, derrière un écran d’ordinateur. Le projet de loi prévoit en effet de permettre à toutes les entreprises privées d’implanter sur la voie publique des systèmes de vidéosurveillance […] aux abords de leurs bâtiments et installations ». Pour les deux syndicats, l’objectif de généraliser « l’espionnage des espaces publics », au nom d’une « efficacité » d’autant plus hypothétique que le fameux « exemple anglais » s’apparente à un « véritable fiasco » selon l’expression d’un responsable de Scotland Yard…

    ….

    N’Y A T IL PAS MOYEN QUE LE PS FASSE VENIR UN MEMBRE DE SCOTLAND YARD A L’ASSEMBLEE POUR « TEMOIGNER » ? Par ex, un député PS pourrait donner à un des inspecteurs de Scotland Yard une « invitation » pour venir assister à une séance LOPPSI. Et au cours d’un discours contre la loi, pourquoi pas, dire un truc du genre « nous avons d’ailleurs dans cet Hémicycle, un homme de terrain, qui voit parfaitement la bétise de cette loi ».

    Avec un petit peu de chance, les parlementaires iraient ensuite discuter (pendant la pause) avec le brave « inspecteur » !

    ….

    Quant au projet de « systématiser le recours à la visioconférence » pour réduire les coûts de transport (extraction) des détenus, les syndicats y voient « l’avènement d’une justice virtuelle, délocalisée et déshumanisée ». Ils dénoncent aussi « l’obsession du fichage policier » venant gonfler les dispositifs actuels « pourtant détournés de leurs objectifs initiaux, truffés d’erreurs, incontrôlables et, de fait, incontrôlés ». « Les données relatives à un suspect innocenté ne seront pas systématiquement effacées : seront donc maintenues dans les fichiers dits « d’antécédents » des personnes qui, en réalité, n’en ont pas ! »

    Puis, pêle-mêle (à l’image de la loi), les syndicats critiquent le « couvre-feu pour les mineurs de 13 ans, qui ne manquera pas d’engendrer des contrôles d’identité abusifs », le « traitement administratif des mineurs délinquants par la transmission systématique de toutes les décisions judiciaires les concernant au préfet et au président du conseil général », le « filtrage policier des sites internet, aussi inefficace que lourd de menaces » (voir l’exemple australien), la « réintroduction de peines automatiques en matière routière » et « la création d’une milice policière baptisée « réserve civile » »… Que du bonheur !

    Conclusion du communiqué : Etant « urgent de sortir du cauchemar sécuritaire qui détruit progressivement notre Etat de droit », le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France « appellent les parlementaires et tous les citoyens soucieux du respect des équilibres démocratiques à s’opposer fermement à ce nouveau projet liberticide qui poursuit en réalité d’autres objectifs que la lutte contre la délinquance et nous prépare une société de contrôle. »

    …..

    Et là, il faut que le PS explique aux médias (visiblement ce n’est pas encore fait) le lien de ce texte avec le traité ACTA que, ho bizarre, le PE n’a jamais réussi à se procurer ! Et en France ?

    …Sinon, j’attends toujours la dénonciation du scandale du transfert de « retraite »par le PS !

    Rappel :

    Cinq à six milliards d’euros vont être siphonnés de la caisse de retraite des salariés du privé pour être refourgués à l’Ircantec, le régime des fonctionnaires contractuels et des élus locaux. La raison ? Le changement de statut de La Poste. Un véritable hold-up d’Etat orchestré de main de maître par Christian Estrosi.

    La Poste a changé de statut. Et ses employés contractuels, qui dépendaient jusqu’ici de l’Ircantec, relèveront désormais du régime commun des salariés du privé : l’Arrco-Agirc. Conséquence : les futurs embauchés de La Poste devront s’acquitter de cotisations plus élevées que celles de leurs collègues pour, plus tard à l’heure de la quille, toucher des pensions plus faibles. Un gros mensonge du gouvernement qui a toujours affirmé que le changement de statut ne changerait rien pour les employés de La Poste. Mais c’est presque un détail…

    Car l’Ircantec, dont La Poste représente un tiers des adhérents, se plaint de la diminution attendue de ses recettes. Moins de nouveaux cotisants, plus d’anciens partant à la retraite… forcément. Le manque à gagner est estimé à cinq ou six milliards d’euros, calculé sur… cinquante ans, l’Ircantec réclamant une compensation pour les cotisations d’employés qui ne sont pas encore nés, relève l’association Sauvegarde Retraites qui a alerté la presse. Ubuesque. Théoriquement, c’est l’Etat qui devrait mettre la main à la poche pour remédier au déséquilibre engendré par ses propres décisions. Mais Christian Estrosi a eu une idée détonante : que l’Arrco-Agirc s’acquitte de la douloureuse ! Et les cotisants du régime commun (les salariés du privé) devront donc signer un chèque d’environ cinq milliards d’euros à l’Ircantec (fonctionnaires contractuels et élus). Scandaleux ? Pas pour les sénateurs, qui ont fait passer l’amendement en question… comme une lettre à la Poste.

    L’Ircantec a pourtant une comptabilité équilibrée, le nombre d’élus et de contractuels (collectivités, enseignement, hôpitaux, sécurité…) ne cessant d’augmenter (au détriment des fonctionnaires titulaires). L’Arrco-Agirc, elle, est aux abois. Ses comptes sont dans le rouge. D’où la réforme des retraites annoncée pour cette année, d’ailleurs. Qu’à cela ne tienne, le pauvre devra payer pour le riche. Et puisque le pauvre devient trop pauvre, on lui demande de se serrer la ceinture… C’est devenu la loi, en Sarkozye.

    En droit des affaires, cela s’appelle un « abus de bien social ». Mais pourquoi ce casse monumental ne fait-il pas scandale ? Tout simplement parce que tout le monde y trouve son compte. L’Ircantec est la caisse des élus locaux, ceux qui élisent les sénateurs, et qui se présenteront devant les électeurs d’ici peu. Il aurait donc été de mauvais goût pour le Sénat de leur refuser cette petite douceur. Le gouvernement ? Il gagne cinq milliards d’euros dans l’affaire, pas de quoi se plaindre. Les syndicats ? Ils sont bien plus représentés dans le public que dans le privé. A part la CGC, le syndicat des cadres, qui assure actuellement la présidence de… l’Ircantec. Et l’opposition dans tout ça ? … la quoi ?

    Où sont les « social(istes) ? Aux abonnés absents ?

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