La France vient de connaître à Saint-Aignan et à Grenoble, en l’espace d’un week-end, un nouveau déchaînement de violences.
Les deux faits générateurs n’ont rien de comparable mais tous deux traduisent une escalade dans les violences visant les forces de police et de gendarmerie.
Il faut évidemment d’abord saluer l’action des gendarmes et des policiers qui ont fait montre d’un courage et d’un sang-froid remarquables. Sur le terrain, confrontés à une violence qui se radicalise, sans cesse moins nombreux, ils se retrouvent chaque jour un peu plus exposés.
Faute d’une politique de sécurité cohérente depuis maintenant huit ans, le gouvernement est aujourd’hui totalement dépassé par les évènements qui se multiplient au gré des semaines.
Face à une situation qui lui échappe de plus en plus, il se réfugie derrière une rhétorique musclée et volontariste qui en réalité reconnaît son impuissance et organise le renoncement de la République. En fait, Brice Hortefeux ne cherche même plus à maintenir l’ordre, il tente juste de contenir les désordres.
La critique de la politique en vigueur ne doit pas nous conduire à la naïveté.
Après un retour à la police de proximité, la gauche ne devra pas tarder à faire le bilan de son efficacité ou pas.
Si le bilan n’est pas positif, il faudra bien en tirer les leçons et recourrir à une mission militaire qui ne pourra pas être assumée par la gendarmerie.
Les gendarmes ne sont-ils pas déjà des militaires ???
On ne parle pas assez, malheureusement, des gens qui vivent tout les jours à coté de bandits armés jusqu’au dents… Comment le vivent ils eux ? et pourquoi s’inquiète t on de ces problèmes seulement quand des gendarmes et des policiers se font tirer dessus ?
@Frédéric Le Loc’h dit : 20 juillet 2010 at 7:54
Je parle d’une autre mission !
De quel type de mission parlez vous ? Une mission militaire dans le sens d’opération militaire donc armée où on tire sur les ennemis déclarés ?
M. Urvoas considère t’il que les violences sont causées, uniquement ou principalement, par l’impuissance du gouvernement et de sa « politique de sécurité » ? Pense t’il qu’avec une bonne, cohérente et socialiste, « politique de sécurité » les problèmes de violence seront résolus ? En quoi consisterait elle ? Sur quel point agirait elle ? La police de proximité, par exemple (les commentateurs l’on cité ) est elle la solution technique ? N’y a t il pas eu déjà de police de proximité et n’y avait il pas déjà des violences ?
j’ai des difficultés à saisir le sens de certaines interventions.
Mr Urvoas parle de politique de sécurité cohérente. La police de proximité n’est certainement qu’un des aspects de cette cohérence. l’action policière est par nature impuissante à traiter un phénomène global « l’insécurité ».
Il est évident que la police n’arrêtera pas seul ce phénomène. Sur ce thème je conseille la lecture de l’article de Mr Mucchielli dans l’express (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-police-n-arretera-jamais-seule-la-delinquance_907106.html).
La course aux extrêmes et la politique spectacle répond à une logique différente. voilà donc un nouveau préfet installé dans l’Isère. tiens il s’agit de l’ancien directeur de la sécurité publique, certes déjà préfet. tout de même après Lambert cette tendance semble proposer un nouveau visage pour le corps préfectoral.
A question complexe, réponse simpliste ou réponse de réseau.
Qu’est ce qui empêche de penser la vie dans ces quartiers autrement que sous l’angle sécuritaire ?
Pourquoi sommes-nous enfermés dans cette logique de pensée ?
Pourquoi n’est-il pas concevable de privilégier la culture, l’éducation, l’emploi, le logement…
faire le pari de l’intelligence et renoncer à toujours plus de répression.
Ce n’est pas faire preuve d’angélisme – expression stupide – que de construire une politique de la ville axée sur le « vivre ensemble » mais au contraire, faire preuve d’imagination.
J’attends que le PS porte ce projet d’une nécessaire justice sociale.
@dominique lambert dit : 21 juillet 2010 at 17:20
Il est évident que la gauche devra conduire une autre politique de la ville et sous tous ses aspects.
Cependant, nous ne savons pas dans quel état seront certains secteurs urbains du fait du commerce de la drogue et il serait naïf de penser que des missions militaires ne devront pas être envisagées par les gens formées à ce type d’actions.
Nous ne sommes pas en Amérique du Sud, mais nous pourrions y arriver du fait des erreurs de Sarko.
Quelle autre politique de la ville ?
La problématique de la sécurité est une fausse problématique puisque l’insécurité n’est que la conséquences d’autres problématiques et d’autres politiques.
Traiter l’insécurité revient à traiter un malade pour sa fièvre et non son infection.
@maurice-alain baillergeau :
je ne crois pas que le problème n’existe que depuis que sarko est passé au ministere de l’interieur.
et si vous envoyez l’armée dans la banlieue, que fait on de la population qui leur tirera dessus et des gangs ? Une mission de « pacification » comme on le fait en Afghanistan ?
dominique lambert dit : 22 juillet 2010 at 13:24
Tu dis toi-même qu’il y a des gangs
Si tu penses que la police peut maîtriser la situation, il n’y aura pas d’autres solutions à rechercher et je voudrais que tu aies raison.
L’armée ? Les gens qui commentent ici et seraient tentés d’y voir une solution seraient les premiers à crier au scandale une fois mis en face des conséquences d’une telle politique et a préféré la reddition plutôt que l’affrontement. En somme pour envoyer l’armée, il faut des hommes qui assument leur décision jusqu’au bout. Et si l’armée intervient dans le cadre d’une vaste insurrection, il y aura des morts avec le bon vieux mécanisme « Action-réaction ».
L’état a tranché cette question: abandonner de l’argent et des zones d’influence contre un calme relatif. Rien de nouveau, c’était déjà le cas avec les tribus germaniques pénétrant dans l’empire romain. Il y aura de fait l’émergence de deux lois: une loi écrite pour le citoyen normal et une loi coutumière pour les individus vivants sous le contrôle de nouveaux réseaux de pouvoir.
@LL dit : 23 juillet 2010 at 06:55
Si je parle d’intervention militaire, ce n’est pas pour crier au scandale le lendemain.
Il y a des circonstances hors du commun où l’affrontement devient inévitable, aussi ne crois pas avoir le monopole du courage.
Dans ce contexte on « intervient » pas avec l’armée. Une fois qu’elle est sollicitée, c’est définitif car ce serait le début d’une guerre civile de basse intensité qui dans les faits est déjà là. Sauf que l’état préfère se replier en laissant des os à ronger.
Le personnel politique et étatique français sait pertinemment qu’il n’a pas les moyens de mener une telle action. Et je crois qu’en cela ce personnel est à l’image de la population. Voilà pourquoi je ne donne aucun crédit aux esprits légers qui parlent de choses dont ils ignorent les conséquences.