Aujourd’hui, tous les syndicats de Pôle Emploi appellent les salariés à une grève nationale.
Sur une radio j’entendais l’incompréhension de chômeurs qui comparaient la fragilité de leur situation et le relatif confort des employés de Pôle Emploi. Cette division ne sert en réalité personne.
C’est l’intérêt des demandeurs d’emploi que de pouvoir disposer de conseillers nombreux, disponibles et motivés. Or le conseil d’administration de Pôle Emploi vient de décider de la suppression de 1 800 postes dont 1 500 étaient en contrat à durée déterminée et 300 en contrat à durée indéterminée. Qui peut comprendre ce choix alors même que la crise sociale ne connaît nulle accalmie et que les agences de Pôle Emploi étaient déjà en sous-effectif ?
Pire, nombreux sont les économistes qui prévoient pour 2011 une aggravation du chômage. Il est donc indispensable que les services soient en capacité de jouer leur rôle et de pouvoir aider du mieux possible ceux qui n’ont plus rien.
Photo du rassemblement devant le siège national de Pôle Emploi. Le mouvement de grève a été très bien suivi puisque la direction parle de 36% de grévistes quand les syndicats évoquent entre 40 et 45%.
cela va devenir une véritable boucherie pour les chomeurs .Les salariés du pôle emploi étant eux-même déstabilisés par ce plan .
Monsieur le Député,
Je rejoins votre avis.
Néanmoins, même si je comprends, dans un second temps, la position des agents de Pôle Emploi, et ne puis être qu’en accord avec eux, ma réaction première en voyant fermée, ce jour, l’agence dont je dépends, a été identique à celle de beaucoup de demandeurs d’emploi.
Mais il faut savoir dépasser ses passions.
Aussi, la situation actuelle de ce service public est scandaleuse et ses agents méritent bien de l’admiration.
Pour une fois, permettez-moi d’illustrer mon propos par mon propre cas.
A la suite d’une fin de CDD, je contacte, par téléphone, le Pôle Emploi afin d’obtenir mon premier rendez-vous, le 04 octobre dernier. Celui-ci m’est donné pour le 22 du même mois. Deux surprises au premier contact : l’agent qui traite mon appel m’explique – très bien – le déroulé de l’entretien. Première phase avec un agent « ex-ASSEDIC », seconde phase avec un agent « ex-ANPE »… Je réalise alors que la réforme qui avait pour but de créer un « interlocuteur unique » n’a pas vu le jour. Au sens que je donne à « interlocuteur unique » en tout cas.
Ensuite, le délai afin d’obtenir le rendez-vous : 18 jours pendant lesquels la personne se retrouvant sans emploi et ne sachant éventuellement comment amorcer sa recherche se retrouve seule.
Ce délai me faisait naître des craintes dans le bon traitement de mon dossier ayant travaillé dans le secteur public et sachant vaguement qu’il y aurait un jeu de navettes entre Pôle Emploi et mes deux anciens employeurs publics. Bingo !
Le 22 octobre, comme prévu, je me rends à mon entretien.
Le premier agent, « Monsieur ASSEDIC » me fais remplir un dossier avec lequel je sors afin de me lancer dans la navette….ou plutôt l’omnibus étant donné le délais de traitement de mon dossier : deux à trois semaines après réception de la fiche à réclamer à mon ancien employeur.
« Monsieur ex-ASSEDIC » m’explique le fonctionnement de la structure. Et là, je prends conscience du fait que notre pays subis encore une réforme de comptables à la petite semaine, plus intéressés semble-t-il à s’intéresser aux actifs de Madame BETTENCOURT qu’aux actifs de la nation !
Suppression de postes, incompatibilités des agents pour passer d’un service à un autre, manque de formation, recours à des CDD, etc
Je salue le courage et le professionnalisme de cet agent.
Second entretien, avec « Madame ex-ANPE ».
Ses entretiens s’enchaînant au rythme d’une consultation chez un généraliste, cette personne regarde rapidement mon CV, s’arrête à ma dernière expérience professionnelle pour me cocher dans une case (chaque métier devant avoir un équivalent « code ROME » et tant pis si ce n’est pas vraiment pareil…) et me proposer de continuer dans cette voie. Or je n’y ai travailler que quatre mois…
Elle ne cherche ni à savoir si je souhaite continuer dans cette, ni savoir comment et pourquoi j’y suis rentré et « sorti », ni si j’ai besoin ou « envie » de formation.
Non qu’elle soit incompétente, du moins loin de moi cette idée, mais étant donné le nombre de demandeurs d’emploi qui attendent, comment pourrait-elle faire autrement ?
A la fin de l’entretien, elle m’informe de deux choses :
- à RENNES, chauqe agence est spécialisée dans un secteur d’activité. Donc pour le mien (ou mes deux principaux), je dois me rendre dans une voire deux agences en cas de besoin ;
- le prochain rendez-vous aura lieu en… janvier. D’ici là, vogue la galère ! Et d’ailleurs, pourquoi retourner voir cette personne puisqu’elle ne gère pas mon domaine d’activité ???
Aujourd’hui, je souhaite me renseigner pour une formation afin de développer mes compétences dans mon secteur. Je ne sais même pas auprès de qui me renseigner. Chaque appel au Pôle Emploi est une ruine de forfait (coût + temps d’attente).
Voilà la situation d’un service public à l’image de biens d’autres services publics de notre pays, à ce jour. L’état du service de recherche d’emploi est tellement catastrophique qu’il pousse à aller voir les entreprises privées spécialisées dans ce domaine. Ah, mais là peut-être étaient certainement les intentions cachées….
Vraiment, je ne regrette pas de ne plus être complice de ce démembrement de l’Etat et de ses services publics. J’espère simplement que la Gauche, au sein de laquelle je commence à m’investir, aura la raison nécessaire pour maintenir le pays et ne pas le faire sombrer dans un dogmatisme opposé à celui qui le fait sombrer aujourd’hui.
Dernière petite précision : à ce jour, je n’ai pas encore été indemnisé. J’ai reçu le document attendu pour finaliser mon inscription aujourd’hui (dossier non déposé pour cause de grève). Je dois donc attendre deux à trois semaines pour traitement de mon dossier. Plus encore un temps non connu pour le traitement pour mon ancien employeur public.
Je commence donc à m’imaginer ne pas être indemnisé avant fin décembre, soit deux mois sans revenu…