Brice Hortefeux était à Grenoble pour installer une « unité mixte d’intervention rapide » destinée à « résoudre un problème local et tout à fait ciblé, comme par exemple enrayer des phénomènes de violences qui peuvent embraser un quartier ».
Je note tout d’abord le vocabulaire utilisé par le service de presse du ministre pour « vendre » l’idée et que l’on retrouve dans les quotidiens (ou ici aussi) mais pas dans le discours de Brice Hortefeux. On parle « d’émeutes » ce qui n’est pas rien… Cela traduit à l’évidence à la fois la conception que se fait la hiérarchie policière de l’intervention dans les quartiers sensibles mais aussi la logique de tension dans laquelle se place le pouvoir.
Sur le fond, il n’est pas surprenant que cette nouvelle « unité » voit le jour dans le département du Préfet Le Douaron. Ce dernier quand il était directeur central de la sécurité publique avait créé les « compagnies de sécurisation » qui venaient doublonner les compagnies d’intervention. L’objet de ces compagnies de sécurisation ? Déjà être des « unités spécifiquement dédiées à la lutte contre la délinquance notamment celle de voie publique, à la maîtrise de violences urbaines».
Le bilan est maigre. Un rapport publié en janvier 2010 réalisé par l’inspection générale de l’administration, l’inspection générale de la police nationale et l’inspection générale des services vient de souligner « l’inadaptation de l’outil aux conditions locales », « l’action diluée dans des stratégies départementales », « le concept d’emploi assez flou »…
En dépit de cela, fidèle à sa stratégie Brice Hortefeux persévère dans l’erreur. On voit mal ce que cette UMIR va faire de plus et de mieux que les autres unités d’intervention qui existent dans le département. En sus, cette volonté de mixer des policiers et des gendarmes risque de se heurter à la diversité des cultures et des pratiques (rythmes d’emploi différents notamment) avec à la clé au mieux des injustices, au pire un gâchis des personnels.
Ne peut il donc pas nous laisser fêter Noel tranquille ? Lyon (et sa « banlieue ») ressemble à un camp retranché ! (Faut voir le nombre de cars de CRS !)
Bon, pour en revenir au sujet…Mise à part pirater les idées des autres – surtout si elles sont mauvaises – que fait M. HORTEFEUX ? Et surtout, que PROPOSE le PS comme solution ADAPTEE ?
En attendant votre réponse…Joyeux Noel !!!!
je partage totalement votre point de vue mais je me permettrais humblemenent de l’enrichir d’une lecture personnelle.
le choc des cultures évoqué dans vos propos me semble évident pour privilégier une logique de confrontation à celle de la proximité, de l’occupation du territoire. Ainsi, il paraît préférable de créer dans l’urgence
des unités de bric et de broc qui faute de s’inscrire sur le territoire risquent de se déterminer contre lui.
des unités fragiles puisque sans cohésion, sans unité de doctrine
mais des unités médiatiques. ce discours dont vous vous faites l’écho en témoigne
des unités qui permettent d’appliquer des rustines sur les défaillances de l’action de la police nationale – et je ne parle pas de l’action des hommes mais des faillites d’un système -
des unités qui risquent de rendre des militaires taillables et corvéables à merci et de perturber leur mission de sécurité sur leur propre territoire
et enfin des unités qui permettent de faire passer sous un commandement policier unique les forces de sécurité – n’est ce pas là un objectif de commissaires qui s’envisagent comme haut fonctionnaire de la sécurité –
outre le choc culturel évoqué dans vos propos, j’ai la conviction que cette réponse est mal à propos par manque de cohérence du dispositif, par leur inadaptation aux problèmes à traiter. En outre, et enfin, ce dispositif est totalement contraire aux règles de responsabilisation des donneurs d’ordre fixés par le gouvernement et à travers la politique des résultats et à travers les logiques « lolfiennes »
C’est dans la continuité logique de « moulage » de la gendarmerie dans un mode de fonctionnement « policier »
Faut-il que cette arme multiséculaire soit aussi mal connue de ses donneurs d’ordres pour être délibérément et patiemment démantelée sans aucune considération pour ce qu’elle apportait à la nation même si on peut lui reprocher des écarts de comportements ces dernières années (qui peuvent d’ailleurs s’expliquer à défaut de se comprendre) ?
Alors que le continuum de crise était couvert par un système triple « police-gendarmerie-armées » à tel point que l’ONU en a fait l’un de ses piliers de reconstruction de la société dans certains cas (Kosovo notamment) et que l’état de sécurité de certaines zones de notre territoire inquiète, c’est dans le pays où elle est née que cette force unique semble entrée dans une lente agonie. C’est consternant
Y aura-t-il un sursaut d’intelligence ou tout simplement de bon sens dans ce pays ?