Ce mois ci, c’est l’Expansion qui fait sa une sur le travail des députés. Je note d’ailleurs au passage que les sénateurs ne sont que très rarement scrutés par les journalistes…
Et évidemment, on n’échappe pas au traditionnel classement. Il y en a d’ailleurs pour tous les goûts : les députés les plus influents, les députés « poils à gratter », les plus assidus…
J’ai l’infini honneur de figurer en 15ème position de celui qui recense les « députés les plus sérieux » et j’ai même le droit d’être évoqué dans une courte rubrique intitulée « ces parlementaires qui devraient servir d’exemple »… Bigre !
Vous pouvez retrouver tout cela sur le site du magazine et bien sûr sur celui de nosdeputes.fr
Félicitation M. Urvoas ! C’est d’autant plus remarquable (quoique ?) que vous êtes membre de « l’opposition » (même si pour moi cette expression est imparfaite car elle brime l’élu dans ses choix : on peut pourtant être hostile à 88% de la politique et favorable au reste…Ou être favorable à 88% et donner sa voix à d’autres propositions venues « de l’opposition »)
Au passage, mais peut être n’est ce qu’un choix de la rédaction, j’observe que les députés à « prendre en ex » sont souvent « de l’opposition » ! Bref, à continuer !
Maintenant, peut être que l’exemplaire député que vous êtes, devrait plaider pour que le PS fasse aussi le ménage dans ses troupes, et ne garde que le bon grain, et pas l’ivraie ?
Pour ce qui est des sénateurs, je pense que l’absence de classements résulte du manque de transparence « transparti » des dits élus. Le jour où les sénateurs du PS (de la « gauche » en général) mettront sur leur site leurs relevés de notes et…Auront un site Internet (ou une adresse postale) les choses seront différentes !
Je me demande même s’il ne serait pas bien que M. BEL lance le mouvement ! Et que le PS prenne la suite…Parce que si (espoir !) le PS (et cie) arrive à retourner le Sénat…Là, les sénateurs vont être « matraqués » par les journalistes ! Et pas qu’un peu vu « l’événement » !
En attendant, on pourrait tenter de mettre fin à certaines scories de la vie politique française, qui ne sont pas pour rien, dans l’abstentéisme ou le vote FN des Français.
Aujourd’hui la décentralisation à la française fonctionne mal. La décentralisation part d’une bonne idée : à la séparation horizontale des pouvoirs, elle tente, sur le chemin du fédéralisme, d’ajouter une séparation verticale des pouvoirs. En rapprochant du terrain local la prise de décision politique, on permet non seulement une meilleure connaissance et une meilleure compréhension des besoins des administrés, mais ces derniers peuvent en théorie mieux contrôler leurs représentants. L’action politique devrait en sortir plus efficace.
Or, en France, la théorie ne se vérifie pas forcément dans la pratique. D’abord parce que la décentralisation n’en est pas une. En effet, le dirigisme et le paternalisme ont la vie dure : l’État central reste trop immiscé dans la vie locale, notamment en termes de financement. Sans autonomie fiscale et budgétaire au niveau local comment sanctionner l’action d’hommes politiques locaux ? Comment les tenir pour responsables ?
Ensuite, parce que la décentralisation à la française a donné lieu à une effroyable complexité en termes de financements et missions croisés entre les différentes couches des collectivités territoriales qui s’amoncellent – souvent au nom de la simplification ! Ici aussi l’imputation de responsabilité est difficilement possible : la démocratie locale devient illisible…Et les élus corruptibles et/ou fainéants.
S’ajoute à cela une certaine « professionnalisation » de la vie politique française ayant pour conséquence que la sanction de l’homme politique par les urnes n’a pas un réel impact sur sa carrière. D’où ici encore, un problème de responsabilisation des hommes en charge de la gestion des affaires publiques.
La tradition de grandes écoles pour former des fonctionnaires à vie à carrière politicienne est en partie coupable, quoiqu’elle semble moins jouer au niveau local. En outre, l’incapacité de la classe politique française à définitivement supprimer le cumul des mandats empêche de considérer logiquement qu’un homme politique ayant plusieurs mandats puisse dédier sincèrement son énergie à chaque niveau de responsabilités. Enfin, le « re-casage » systématique quand des élections sont perdues induit une absence de prise de risque : la sanction des élections n’est qu’apparente pour les professionnels de la politique. Ici encore, comment croire à la responsabilité des élus ?
La combinaison de ces raisons, dont certaines se retrouvent en matière de politique nationale, peut nous éclairer sur la défiance française à l’égard de la politique locale. La sensation d’une « démocratie inutile » persistera tant que la politique locale (et nationale) ne sera pas libérée des tares du dirigisme, du corporatisme politique (et de l’électoralisme) – en bref, tant que nos hommes politiques ne seront pas responsabilisés.
La seule question qui vale est celle ci : lesdits élus le veulent-ils ? Etre responsables ?
A l’évidence…Pas pour l’heure. En témoigne le débat sur le « paquet électoral ».
Quelques perles :
En cas de fraude électorale avérée, le texte prévoit la possibilité de déclarer un candidat inéligible. Mais s’il s’agissait d’un élu, il peut garder ses mandats antérieurement acquis !
Imaginez que je mette çà à la sauce « privée » : je suis directeur chez Renault. Je fais un truc malsain qui porte atteinte à la société Renault. MAIS comme je suis aussi membre du conseil de supervision de Renault et pourquoi pas chef de la déontologie chez Renault…Je garde ces « mandats » ! Et ne perd que mon poste de directeur !?
J’imagine très bien, moi, quelle serait la réaction du PS…Et des élus, devant une telle situation ! Alors pourquoi ne pas estimer qu’un élu sanctionné pour fraude électorale doit non seulement être déclaré inéligible, mais également être déchu de (tous) ses mandats ?
Idem…Pour les élus, il semble inacceptable que, quand ils commettent des fautes, ceux ci risquent une sanction « forte » alors que lorsqu’il s’agit du simple citoyen alors là, pourquoi se gêner ?
Pourtant, la logique voudrait que les élus, qui se doivent d’être au dessus de tout soupçon, soient autant sinon plus lourdement sanctionnés, quand ils trahissent la confiance qui a été placée en eux par leurs électeurs…Que le simple citoyen !
Résultat ? Quand il s’agit des députés, par question de donner le moindre pouvoir à une autorité administrative. Par contre, quand il s’agit de l’internaute lambda, il ne faut surtout pas passer le juge mais par une autorité administrative à qui on donne des pouvoirs quasi-juridictionnels…!
Cherchez l’erreur !
Félicitations également à Mr Le Fur, dans le peloton de tête !