L’association Robin des Lois m’informe que la direction de l’administration pénitentiaire vient de fixer à 8€ par cellule le coût de la location d’un téléviseur.
C’est une bonne nouvelle et l’aboutissement d’un combat entamé, en lien avec le sénateur Richard Yung pour la gratuité. De fait, il semble que pour les personnes sans ressources « suffisantes » et pour les mineurs la gratuité est acquise.
Pour la grande majorité des établissements, l’application se fera au plus tard au 1er janvier 2012.
Je sais que ce combat n’est pas toujours compris et que l’on m’oppose le fait que le même service est payant à l’hôpital. Mais il faut avoir passé, ne serait-ce que quelques heures dans une maison d’arrêt, où sont incarcérées des personnes en détention préventives (et donc à ce titre présumées innocentes) pour mesurer ce que peut représenter la télévision.
En sus, depuis ma découverte que l’administration facturait à chaque détenu alors qu’il n’y a qu’un poste, pour comprendre que l’inégalité n’est pas plus supportable dans un établissement qu’à l’extérieur.
Enfin, je serais évidemment disponible pour accompagner une association qui souhaiterait obtenir la gratuité de la télévision à l’hôpital !
Très bonne nouvelle ! Je considère – pour ma part – qu’un prisonnier (innocent ou pas) doit être traité comme un citoyen normal…A l’exception de sa liberté d’aller et venir. La prison est – en soi – une privation suffisante d’un droit fondamental – la liberté – n’allons pas, en plus, rajouter des motifs de rancoeurs chez les prisonniers, à l’adresse de la France.
A ce propos…Je souhaiterais savoir si le PS – ou vous seul – comptez défendre, l’égalité des citoyens en droits, en matière de travail ? Peut être via le programme de 2012 ou avant (avec un basculement du Sénat ?)
Actuellement, le statut des détenus n’a rien à voir avec le droit commun. Il n’y a pas de contrat de travail en prison. C’est expressément interdit par l’article 717-3 du code pénal. Ce qui veut dire pas de smic, pas de congés payés, pas de droit syndical, pas d’arrêt maladie. Rien ne garantie à ces travailleurs très spéciaux des conditions d’hygiène et de sécurité comparables à celles des travailleurs protégés par la loi. L’inspection du travail, par ex, n’a pas le droit de se rendre inopinément en prison : elle doit être invitée par l’administration.
Cette dérogation au Code du travail ne s’arrête pas là. La rémunération des détenus est elle aussi très inférieure à celles des autres salariés. Ils sont payés à la pièce, avec des cadences horaires fixées par l’entreprise pour ceux qui travaillent pour des entreprises extérieures. Le seuil minimum de rémunération, sorte de smic carcéral, est officiellement de 3,90 euros brut de l’heure. Même avec une bonne cadence, certains « salariés » n’arrive pas à gagner plus que 300 euros par mois, en travaillant 6 heures par jour.
Ceux qui travaillent au service général sont encore moins bien payés : 220 euros net par mois en moyenne, ce qui permet à l’administration pénitentiaire de faire des économies substantielles par rapport au prix qu’elle devrait payer des salariés venus de l’extérieur pour faire le ménage ou servir les repas. Le travail en prison est en fait une délocalisation à domicile.
En d’autre terme, le Législateur a laissé instaurer une concurrence faussée (et bientôt non libre ?) entre les Français, sur le marché du travail. Ce qui (d’ailleurs) nuisible à la Société, puisque, outre les entorses à la République sociale et les violations caractérisées des traités européens…Le Législateur ne semble pas voir qu’il accorde aux entreprises le droit d’exploiter, sciemment, des hommes et des femmes, qui même emprisonnés, ne devraient pas se retrouver au STO !
Résultat ? On observe que le nombre de volontaires au travail décroit…Ce qui incite même certains de vos pairs, M. URVOAS, à faire des propositions visant à rendre obligatoire l’exploitation des prisonniers à des fins pécuniaires.
Est il question de « penser » un tantinet aux prisonniers pour 2012 ? Je m’interroge, parce que pour moi, faire de la prison un endroit respectant les prisonniers, me semble très important pour les réinsérer à l’issue de leur peine.
Le Légisteur pourrait ainsi favoriser « l’emploi » des prisonniers par des entreprises d’insertion économique. Ou…Créer un statut spécial, à l’instar des zones urbaines sensibles et des zones franches urbaines : les entreprises qui viendraient s’implanter en prison aurait des aides supplémentaires de l’Etat, des exonérations de charges, etc.
A l’heure actuelle, le « travail » qu’on propose aux prisonniers se réduit à des actes non porteurs pour la société française. J’entends par là que, comme plusieurs rapports parlementaires le souligne, les entreprises qui recourent à l’emploi des prisonniers, le font pour éviter de délocaliser des activités ayant fort peu de valeur ajoutée.
Autrement dit, quand ces prisonniers sortiront de prison, ils auront un «bagage » assez mince pour « vivre ». Savoir coudre basiquement…A une époque où il est plus attractif d’acheter des produits « tout fait » venant de Chine, n’est pas en soit un point très « utile ». Savoir créer des cartons pour la fête des Mères non plus. Quant à la FP…Vue la réduction/suppression de postes, je ne suis pas certain que les débouchés soient énormes de ce coté là non plus !
Même pour les prisonniers. La peine pour les crimes et les délits…C’est la prison, les menottes ou la liberté surveillée. On ne va pas en plus rajouter l’exploitation ! La Société s’interdit de se venger de ceux qui l’ont opprimé. C’est pour cela qu’elle confie à l’Etat (et la Justice) le soin de corriger et sanctionner ceux qui la meutrissent.
Si nous ne voulons pas favoriser la récidive, alors il nous faut nous comporter envers les prisonniers, avec humanité. Non, voir en eux les déchets de celle ci, que nous serions contraints d’accepter jusqu’à ce qu’ils soient considérés comme « inutiles ». Et donc par là « non Hommes ».
L’Histoire nous a donné une très grande leçon sur cet état des choses. On ne doit pas mesurer un Homme en fonction de son degré « d’utilité » mais voir en lui un Homme…Même le plus détestable. Sans quoi, nous ne valons guère mieux que cet Homme.
Je pense, en toute conscience, qu’une personne ne peut pas rêver de se «réinsérer » par un travail infantilisant et abrutissant tel que celui de remplir x milliers de boîtes de petites perles ou de coller trois mille étiquettes d’une marque connue sur un linge, qui plus est dans des conditions salariales aussi misérables que celles du 19 ème siècle.
Je pense également qu’une situation carcérale encore plus précaire que celle connue à l’extérieur ne détourne pas du crime ceux qui ont connu des conditions de vie plus sévères que celle que connaît l’homme « libre ».
Bref, le PS – ou vous seul – avez vous quelques propositions visant à mettre fin à l’exploitation des prisonniers ? Pourquoi ne pas présenter aux Français une vision « révolutionnaire » du monde carcérale ? On a essayé par le passé d’humilier ou de rabaisser les prisonniers…Le résultat ? Plus de récidive et une haine envers le pays. En respectant le prisonnier, en lui démontrant la hauteur du pays quant à ses agissements…Ne pourrait on pas inverser la tendance ?
A défaut de s’y rallier, un débat ne serait il pas avantageux ?
Autres questions…Ayant plus à voir avec le programme pour 2012 et éventuellement les propositions de DSK (celles de M. HOLLANDE sont navrantes) :
Le PS veut il :
1 – Modifier la constitution pour la rendre plus conforme au principes de Montesquieu (supprimer le droit de dissolution au président, faire élire les juges suprêmes et les procureurs par les assemblées) ?
2 – Assurer l’indépendance de la presse du pouvoir financier ( aucun action actionnaire ne devrait dépasser les 25 % du capital) ?
3 – Donner aux régions la pleine autonomie pour lever les impôts ? (Avec contrepartie, évidemment, de responsabilité : impossible de se cacher derrière les actes du Gouvernement)
4 – Faire gérer par les régions les hôpitaux et les universités ?
5 – Remonter le budget du pouvoir judiciaire au niveau de la moyenne européenne ?
6 – Réduire le nombre de députés de 50 par législature pour atteindre dans 30 ans le nombre de 450 députés ? (Il n’y a qu’un tiers des députés qui travaillent rééllement, du propre aveu desdits députés)
7 – Réduire le nombre sénateurs de 50 par décade pour atteindre le nombre de 200 sénateurs. (Même chose)
8 – Supprimer le conseil d état (anachronique) , et les commissions consultatives surnuméraires ?
9 – Établir des frontières douanières aux frontières de l’UE (cette dernière a montré son incapacité à agir, donc je pense que de « compétence partagée » à « compétence nationale » on peut revenir sur Schengen)
10 – Taxer fortement les transports intercontinentaux (avions et bateaux) ?
11 – Protéger la biodiversité et le climat ?