Ainsi donc le gouvernement poursuit dans une voie qui ne marche pas, continuant de s’accrocher à l’idée qu’une loi peut répondre à l’émotion populaire, qu’une loi s’impose après chaque fait divers…
Depuis la loi du 9 mars 2004 dite Perben II, pas moins de 5 lois et 9 missions parlementaires ont porté sur la récidive. A chaque fois ou presque, un drame personnel en était l’origine ; ce fut l’affaire Crémel, Francis Evrard ou encore l’affaire Hodeau.
Dès lundi, sans qu’aucune information précise sur les faits ne soit encore connue, au plus fort de l’émotion légitime suscitée par ce meurtre épouvantable, le gouvernement annonçait de nouveaux textes législatifs. Et mercredi le Conseil des ministres intègre une série de mesures de lutte contre la récidive et d’évaluation de la dangerosité son « projet de loi de programmation relatif à l’exécution des peines ».
A l’instar du communiqué publié par le PS, je considère qu’avant de légiférer, « l‘examen des faits doit primer » si l’on veut avoir une chance de pouvoir comprendre ce qui s’est passé à Cambon-sur-Lignon et surtout d’en tirer des leçons.
Une enquête administrative est en cours. A quoi sert-elle si le gouvernement tire déjà les conclusions sur les dysfonctionnements supposés et annonce une modification de la loi ?
Légiférer ainsi, alors qu’une enquête est en cours, marque une forme de refus de comprendre et un renoncement à l’action efficace.
La « réponse » du Gouvernement – et non du « gouvernement » : le gouvernement de la France c’est la République ; le Gouvernement de la France c’est l’équipe de M. FILLON – est mauvaise, cela ne fait aucun doute. Agir dans la précipitation ne donne jamais rien et ne peut même pas susciter quelques espoirs, puisque les précédents démontrent (s’il en est besoin) les failles de cette « stratégie ».
Une enquête administrative est (aussi) en route. C’est une bonne chose. Mais, même avant ses conclusions, je pense qu’un certain nombre de questions peuvent être posées. Qui pourront, déjà, éclairer pas mal le sujet.
–Quand un mineur est « réinséré » dans un cadre scolaire…Qui choisit l’établissement ?
Si l’on en croit les médias – qui ne sont pas paroles d’Evangiles néanmoins -la responsabilité de trouver un tel cadre est à la charge des parents.
–Ce choix est il conditionné à une approbation par les instances judiciaires ?
La question me semble pertinente, car si l’on peut trouver quelques excuses aux parents, pour avoir envoyé leur fils dans un établissement mixte…Un « ok » de la Justice serait pour le moins étrange.
Dans le premier cas, on pourrait s’interroger sur les raisons qui ont poussé les parents à choisir un établissement réputé et (apparemment) réservé aux enfants de personnages puissants (ou ayant les moyens de payer des frais de scolarité supérieurs à la normale)…
Dans le deuxième cas, une audition du « conseil » chargé de donner son aval (ou pas) à la demande parentale, serait nécessaire, pour comprendre pourquoi des professionnels n’ont rien trouvé d’anormal à mettre des « tentations » sous le nez d’un potentiel dangereux jeune homme.
–Que se passe t il si personne n’accepte le jeune homme ? Est il libre…Mais avec un bracelet electronique ? Est il emprisonné ? Sachant que ce jeune homme, en l’occurence, n’était que « suspecté » d’avoir violé une jeune fille (pas de preuve formelle)…Et que, parallélisme des formes oblige, on se devait de lui accorder la présomption d’innocence que chaque parti réclame pour les siens ?
Sans présumer des « conclusions » de l’enquête administrative, je pense qu’un constat s’impose du départ :
-le jeune homme était présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. Pouvait on dès lors l’enfermer dans un « centre » ? Comment protéger autrui d’une éventuelle menace, sans porter atteinte à la liberté d’un innocent d’aller et venir, me semble être un débat nécessaire. Car jusqu’à maintenant, soit on emprisonne des innocents avant leur procès soit on met dehors d’éventuels violeurs/tueurs.
Bref, comment faire appliquer la DDHC de manière correcte ? Et cela vaut aussi bien pour les mineurs que pour les majeurs.
-à ce qui semble, les parents du jeune homme ont cherché, plus ou moins désespéremment, un cadre scolaire à leur fils. Ce n’est qu’en sortant les billets et en cachant les soupçons au sujet de ce dernier, qu’ils ont réussi à le faire « réinsérer » dans un tel cadre.
Dès lors, peut être serait il pertinent de voir, là encore, s’il convient de sanctionner les directeurs d’établissement qui refuseraient le jeune homme en arguant d’un soupçon – au mépris de la DDHC – ou s’il serait mieux de procéder par étape, en créant des « écoles » particulières, pour « redevenir » dans la Société.
Pour mon épouse – qui est enseignante – la meilleure approche serait la suivante :
**prévoir la réinsertion du jeune homme mais en prévenant le directeur d’école, l’enseignant « principal » de ce dernier et le président des parents d’élèves. Il est beaucoup plus simple de favoriser une réinsertion, si ces personnes sont au courant, ainsi on évite un problème en classe, auprès des parents et on ne provoque pas l’ire des élèves non plus. Le jeune homme est ainsi en liberté surveillée…Mais sans être sous les barreaux.
**Engager la responsabilité des parents : en dehors de l’école, les parents doivent se porter garant des faits et gestes de leur enfant mineur. Sans porter préjudice à sa vie sociale – l’enfant doit pouvoir faire des activités communes ou/et recevoir des « amis » à la maison – dans sa totalité (interdiction de sortir le soir pour aller en boite par ex) ceux ci doivent veiller à l’équilibre « sociétaire » de leur progéniture, tout en garantissant par leur vigilance et leur présence – ou celle d’un proche de confiance – les actes de leur enfant.
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Que d’interrogations. Il est présumé innocent, faut-il sanctionner, responsabiliser les parents. C’est un RECIDIVISTE c’est à dire qu’il a déjà été condamné une première fois. Lorsque le gouvernement actuel a créé les centres éducatifs fermés,pour les mineurs difficiles afin de leur éviter l’incacération, l’opposition a clairement fait comprendre que ce n’était pas la bonne formule etc…Dans certaines circonstances, il faut de la fermeté. J’ai une pensée pour la famille de cette jeune fille.
Merci de ne pas t’être associé au barnum orchestré par le pire ministre de l’intérieur que nous ayons connu depuis…Sarkozy.
Revenir à la sérénité et au discernement sera une tâche première de la gauche revenue aux affaires.