Retour hier soir à l’Assemblée pour la 2nd lecture de la loi de programmation relative à l’exécution des peines.
Il y a quand même quelque chose d’absurde à examiner dans un hémicycle vide, en toute fin de législature, une loi dite de programmation… Fallait-il donc attendre si longtemps, d’être au cœur du débat électoral, pour examiner un tel texte ? La méthode laisse, une nouvelle fois, songeur.
Sur le fond, tout ou presque a été dit sur son contenu lors de la 1ère lecture. Voulue par le Chef de l’Etat en réaction à l’affaire dite de « Chambon-sur-Lignon » en septembre 2011, elle n’offre pas de réponse à la question centrale qu’elle se proposait de résoudre, à savoir l’inexécution des peines.
Elle se contente de poursuivre une logique simpliste, tendant à faire croire que l’enfermement est la seule sanction possible, et qu’une politique pénitentiaire moderne est une politique qui construit de nouvelles prisons. J’ai récemment dit au Télégramme tout le mal que je pensais d’une telle vision. Vous pouvez retrouver l’entretien en cliquant ici.
Beau travail. Vous faites honneur.
Le lien est erroné, il manque le ‘p’ à la fin
http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/execution_peines.asp
Je suis tout à fait d’accord que l’enfermement à tout prix comme argument de vente est simpliste et rétrograde. L’argument est érodé , il s’agit de punir le délinquant, de protéger la société et donc les citoyens. Ah nous y voilà, nous sommes protégés…
Il y a trois modèles de justice :
- la justice punitive
- la justice réhabilitative
- la justice réparatrice
Ces modèles peuvent nous amener à réfléchir sur le modèle que nous envisageons pour notre pays. Ainsi, il faut avoir travaillé en milieu carcéral pour connaître ce que connaissent les détenus. Tout professionnel qui entre en prison ( juge, bénévole, avocat..) est soumis aux mêmes longues attentes , et aux différentes zones pour aller de couloir en couloir. C’est souvent une demi-heure qu’il est nécessaire pour parvenir, de grille en grille au but, càd un bureau. Cette sécurité nous est garantie par le personnel de l’AP.
Alors, personne ne peut nier au départ cette sensation d’être démuni , dépossédé , bref de passer dans un autre monde. De nombreux livres ont traité du sujet. Il faut notamment travailler auprès de mineurs délinquants , pour lire dans leur regard un tel désespoir dû à l’enfermement et la contention de l’incarcération. Il faut simplement avoir pu un jour , les entendre vous dire : « Sortez-moi de là » , pour se dire que si la prison à toute sa place, elle ne peut pas avoir toute la place. Un travail d’accompagnement individuel et de reconstruction sociale est INDISPENSABLE.