Commentaires sur : La prudence du rapport de l’IGPN http://www.urvoas.org/2012/10/24/la-prudence-du-rapport-igpn/ Tue, 05 Nov 2013 18:55:58 +0000 hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.2.1 Par : seb http://www.urvoas.org/2012/10/24/la-prudence-du-rapport-igpn/#comment-19361 seb Wed, 24 Oct 2012 16:10:46 +0000 http://www.urvoas.org/?p=14705#comment-19361 **Bonne initiative du Ministre Valls - le seul compétent ? - sur ce dossier comme sur d'autres. (Une seule petite critique. Je ne vois pas où est "l'urgence" de naturaliser tout le monde ! Je comprends la nécessité de revenir sur des critères effectivement discriminants (CDI nécessaire) ou ineffiscients (QCM culture française) mais faut il laisser penser aux éventuels "acquéreurs" de la nationalité française...Que celle ci vaut des clous ?) J'apprécie son geste à l'endroit des parlementaires. Celui, aussi, envers les citoyens. **Maintenant, pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme...Est ce que le Parlement s'appuie aussi sur les observations (que je trouves personnellement intéressantes) du "coordinateur" de l'UE ? A en croire Gilles de Kerchove, coordinateur de l'UE pour la lutte contre le terrorisme, la coordination européenne peut être vivement améliorée ! En effet, il semble que l’UE dispose d’agences spécialisées compétentes dans la lutte anti-terroriste : Europol, Eurojust, Frontex, ENISA (Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l’information). Mais elles sont peu connues des services concernés dans les Etats Membres. Et leur potentiel n’est donc pas utilisé pleinement. Par exemple, se demande Gilles De Kerchove, « combien d’enquêteurs dans les États membres de l’UE réalisent-ils qu’Europol peut demander au gouvernement des États-Unis d’effectuer des recherches dans le programme de surveillance du financement du terrorisme? » Le même pointe un manque de coopération inter-agences. Par exemple, en 2011, sur 33 équipes communes d’enquête mises en place, seule une concernait le terrorisme. De même, si la situation s’améliore, le coordinateur européen constate qu’Eurojust n’est que très rarement invité aux réunions d’Europol. Il faudrait, à l'entendre, aussi détacher des magistrats d’Eurojust « auprès d’États tiers où le terrorisme menace gravement la sécurité intérieure de l’UE », comme prévu initialement. Mais aussi surveiller les déplacements de djihadistes européennes qui partent s’entraîner à l’étranger : pour cela, une coopération entre Europol, Frontex mais aussi le SitCen (Centre de Situation, le service de renseignements européen qui est aujourd’hui intégré au service diplomatique européen) est indispensable. Enfin, le coordinateur pense qu'il est important d’agir en amont, dans la prévention de la radicalisation. Une des pistes pour cela serait d’intégrer davantage cette dimension aux programmes de développement de l’UE. Il s’agit de s’attaquer aux conditions de développement du terrorisme : ce-dernier, en favorisant l’insécurité et l’instabilité, empêche tout essor social et économique. Le coordinateur européen recommande ainsi des études de terrain systématiques avant chaque projet de développement. Des experts de lutte anti-terroriste et de prévention de la radicalisation doivent aussi être associés, dès la programmation, aux politiques de développement. **Pour en revenir à mister Meerah : Ce qui, à mon avis, mérite l’attention, c'est le parcours « supposé » du criminel. De la même façon que pour les attentats de Londres, on n’a pas affaire là à un terrorisme importé, venant frapper de l’extérieur, avec des réseaux (comme la série d’attentats qu’a connues la France dans les années 1980, imputées au GIA ou à des groupes libanais sous impulsion iranienne) mais à un terrorisme du terroir, fait maison, c’est-à-dire un homme vivant sur le territoire, apparemment bien intégré qui, pour une raison ou une autre, a été convaincu de mener un autre combat, a été endoctriné et entraîné pour cela. On pouvait penser naïvement que l’intervention massive en Afghanistan dont le premier objectif était d’éradiquer le terrorisme visant les pays occidentaux avait atteint ses objectifs. Il semble qu'il n’en soit rien. Si le passage de Merah dans un centre d’instruction d’Al Qaida en Afghanistan et au Pakistan n’est pas confirmé en tant que tel, il aurait cependant pu lors de ses séjours se former à certaines techniques. On pourrait alors dire que la fabrique de terrorisme que l’on visait en 2001 n’est pas encore disloquée. Et qu’il faudra désormais être plus qu’attentif. Car Merah n’a pas été, en effet, « formé » dans les années 1990 ni au début des années 2000 mais bien dans les années 2010, quand l’opération militaire en Afghanistan était normalement au plus fort de sa stratégie. Cela oblige, à mon sens, plus que jamais à poser la question de ce que l’on fait en Afghanistan, pour quel objectif, avec quels moyens ? Il ne s’agit pas de dire seulement qu’on se retire d’Afghanistan, mais ce qu’on l’y fait après. Pas comment on va stabiliser le pays ou l’amener vers de méthodes plus modernes de gouvernance. Mais comment on va s’assurer que le risque d’exportation terroriste qu’il semble toujours receler va être contré. Ce qui semble sûr en tout cas, c’est que la force internationale de sécurité (FIAS) n’a pas tout à fait réussi dans cet aspect de sa mission ! Au delà de cet aspect, je pense qu'il faut être beaucoup moins "laxistes" politiquement, avec le terrorisme. (En faire une énième "priorité" n'est pas une réponse suffisante) En la matière, la réaction européenne a été relativement faible, au plan politique, lors des attentats en Norvège. Des condoléances à la Norvège, une réunion rapide des experts anti-terroristes et l’engagement d’Europol à mieux suivre les mouvements extrêmes (une cinquantaine d’enquêteurs serait mis sur le pont). Point. C'est sur qu'on fait peur aux terroristes ! Autant que le "renard" aux Antilles, qui ne fait guère plus peur qu'aux bouts de chou ! **Bonne initiative du Ministre Valls – le seul compétent ? – sur ce dossier comme sur d’autres. (Une seule petite critique. Je ne vois pas où est « l’urgence » de naturaliser tout le monde ! Je comprends la nécessité de revenir sur des critères effectivement discriminants (CDI nécessaire) ou ineffiscients (QCM culture française) mais faut il laisser penser aux éventuels « acquéreurs » de la nationalité française…Que celle ci vaut des clous ?)

J’apprécie son geste à l’endroit des parlementaires. Celui, aussi, envers les citoyens.

**Maintenant, pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme…Est ce que le Parlement s’appuie aussi sur les observations (que je trouves personnellement intéressantes) du « coordinateur » de l’UE ?

A en croire Gilles de Kerchove, coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme, la coordination européenne peut être vivement améliorée !

En effet, il semble que l’UE dispose d’agences spécialisées compétentes dans la lutte anti-terroriste : Europol, Eurojust, Frontex, ENISA (Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l’information). Mais elles sont peu connues des services concernés dans les Etats Membres. Et leur potentiel n’est donc pas utilisé pleinement. Par exemple, se demande Gilles De Kerchove, « combien d’enquêteurs dans les États membres de l’UE réalisent-ils qu’Europol peut demander au gouvernement des États-Unis d’effectuer des recherches dans le programme de surveillance du financement du terrorisme? »

Le même pointe un manque de coopération inter-agences. Par exemple, en 2011, sur 33 équipes communes d’enquête mises en place, seule une concernait le terrorisme. De même, si la situation s’améliore, le coordinateur européen constate qu’Eurojust n’est que très rarement invité aux réunions d’Europol. Il faudrait, à l’entendre, aussi détacher des magistrats d’Eurojust « auprès d’États tiers où le terrorisme menace gravement la sécurité intérieure de l’UE », comme prévu initialement.

Mais aussi surveiller les déplacements de djihadistes européennes qui partent s’entraîner à l’étranger : pour cela, une coopération entre Europol, Frontex mais aussi le SitCen (Centre de Situation, le service de renseignements européen qui est aujourd’hui intégré au service diplomatique européen) est indispensable.

Enfin, le coordinateur pense qu’il est important d’agir en amont, dans la prévention de la radicalisation. Une des pistes pour cela serait d’intégrer davantage cette dimension aux programmes de développement de l’UE. Il s’agit de s’attaquer aux conditions de développement du terrorisme : ce-dernier, en favorisant l’insécurité et l’instabilité, empêche tout essor social et économique. Le coordinateur européen recommande ainsi des études de terrain systématiques avant chaque projet de développement. Des experts de lutte anti-terroriste et de prévention de la radicalisation doivent aussi être associés, dès la programmation, aux politiques de développement.

**Pour en revenir à mister Meerah :

Ce qui, à mon avis, mérite l’attention, c’est le parcours « supposé » du criminel. De la même façon que pour les attentats de Londres, on n’a pas affaire là à un terrorisme importé, venant frapper de l’extérieur, avec des réseaux (comme la série d’attentats qu’a connues la France dans les années 1980, imputées au GIA ou à des groupes libanais sous impulsion iranienne) mais à un terrorisme du terroir, fait maison, c’est-à-dire un homme vivant sur le territoire, apparemment bien intégré qui, pour une raison ou une autre, a été convaincu de mener un autre combat, a été endoctriné et entraîné pour cela.

On pouvait penser naïvement que l’intervention massive en Afghanistan dont le premier objectif était d’éradiquer le terrorisme visant les pays occidentaux avait atteint ses objectifs. Il semble qu’il n’en soit rien. Si le passage de Merah dans un centre d’instruction d’Al Qaida en Afghanistan et au Pakistan n’est pas confirmé en tant que tel, il aurait cependant pu lors de ses séjours se former à certaines techniques. On pourrait alors dire que la fabrique de terrorisme que l’on visait en 2001 n’est pas encore disloquée. Et qu’il faudra désormais être plus qu’attentif. Car Merah n’a pas été, en effet, « formé » dans les années 1990 ni au début des années 2000 mais bien dans les années 2010, quand l’opération militaire en Afghanistan était normalement au plus fort de sa stratégie.

Cela oblige, à mon sens, plus que jamais à poser la question de ce que l’on fait en Afghanistan, pour quel objectif, avec quels moyens ? Il ne s’agit pas de dire seulement qu’on se retire d’Afghanistan, mais ce qu’on l’y fait après.

Pas comment on va stabiliser le pays ou l’amener vers de méthodes plus modernes de gouvernance. Mais comment on va s’assurer que le risque d’exportation terroriste qu’il semble toujours receler va être contré. Ce qui semble sûr en tout cas, c’est que la force internationale de sécurité (FIAS) n’a pas tout à fait réussi dans cet aspect de sa mission !

Au delà de cet aspect, je pense qu’il faut être beaucoup moins « laxistes » politiquement, avec le terrorisme. (En faire une énième « priorité » n’est pas une réponse suffisante)

En la matière, la réaction européenne a été relativement faible, au plan politique, lors des attentats en Norvège. Des condoléances à la Norvège, une réunion rapide des experts anti-terroristes et l’engagement d’Europol à mieux suivre les mouvements extrêmes (une cinquantaine d’enquêteurs serait mis sur le pont). Point. C’est sur qu’on fait peur aux terroristes ! Autant que le « renard » aux Antilles, qui ne fait guère plus peur qu’aux bouts de chou !

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