L’Eglise et ses règles

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La tenue du conclave depuis aujourd’hui m’a donné l’occasion de revenir sur l’un de mes sujets d’intérêt quand j’étais universitaire.

En effet, enseignant la science politique notamment dans le département d’AES de la fac de droit de Brest, je m’étais alors penché sur cette étonnante contradiction institutionnelle de l’Eglise catholique.

En effet, bien qu’élective, la monarchie pontificale est de droit divin. Et alors même que si, du point de vue théologique, le chef de l’Eglise est bien entendu le Christ, temporellement le Pontife romain, « le chef du collège des évêques » selon les termes du canon 331 est désigné selon des mécanismes électoraux hérités des ordres religieux du Moyen-Age.

Certes, l’Eglise n’est pas et ne saurait être démocratique : en démocratie, le pouvoir tire sa légitimité du consentement des gouvernés, tandis que l’Eglise la place dans le sacré. Elle n’est pas pour autant une monarchie dans la mesure où le monarque contemporain symbolise en quelque sorte l’unité de la société politique mais sans exercer concrètement le pouvoir qu’il incarne. Or le pape est bien plus que cela puisque ce même pouvoir lui vient de Dieu lui-même. Le conclave n’est que l’instrument de sa désignation. Dès lors qu’il accepte son élection, il exerce du même coup la plénitude de la souveraineté spirituelle et temporelle. En lui, tous les pouvoirs sont confondus.

Il m’a semblé intéressant de retracer l’histoire de ce mode d’élection et de son évolution à travers les âges dans une courte note que la Fondation Jean Jaurès vient d’accepter de publier. Vous pouvez la trouver en cliquant ici.

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4 réponses à L’Eglise et ses règles

  1. Très intéressant, très bien documenté, je vous remercie de cette contribution très intéressante.
    J’avais l’impression que le « socialisme » du président Hollande cherchait à démontrer que l’on ne peut pas être catholique et voter pour le parti socialiste.
    Pour une fois qu’un responsable socialiste ne parle pas de l Église en termes irrespectueux o injurieux, il convient de le noter et de l’apprécier.
    Je n’ai pas compris le sens de la phrase « Certes, l’Eglise n’est pas et ne saurait être démocratique », ce mode d’élection démocratique est bien antérieur à la révolution française, si l’on considère que c’est le point de départ de la démocratie européenne. Probablement avec une orientation platonique (au sens de la République de Platon).
    En tout cas comme Chrétien engagé, Socialiste et de Gauche, je trouve ce système bien meilleur que la post-démocratie Européenne dans laquelle on cherche à nous enfoncer.
    Amitiés Socialistes.

    • Rodolphe BOURLETT dit :

      « Je n’ai pas compris le sens de la phrase « Certes, l’Eglise n’est pas et ne saurait être démocratique », ce mode d’élection démocratique est bien antérieur à la révolution française ».
      Il ne peut, à mon avis, s’agir de démocratie dès lors qu’une seule condition est remplie : le vote. Et ce qui fait défaut, d’un point de vue démocratique, au Vatican, c’est l’organisation d’élections régulières, le pape étant élu à vie (pour le principe). Défaut d’importance tout de même.
      Sur les liens entre le PS et les catholiques, il n’est qu’à prendre l’exemple de l’actuel maire de Rennes pour voir qu’ils ne sont pas si éloignés.
      Bien cordialement

  2. clement dit :

    L’Eglise n’est pas un régime démocratique, pas plus qu’elle n’est une monarchie. Quelque part, le mode de fonctionnement de l’Eglise suit – à moins que ce ne soit les monarques Français qui aient pris pour modèle l’Eglise ? – celui des rois « de France » à son début : désignation par les pairs, sacre conférant la dignité messianique et l’agrément des populations (via l’anneau).
    Une chose m’a par contre fait tiquer. Vous dites que dans un régime démocratique, le pouvoir tire sa légitimité du consentement des gouvernés. Je disconviens. Les pouvoirs constitués tirent leur légitimité du Souverain, à savoir en la circonstance le Peuple Français. Dixit la DDHC.
    Si l’on suit votre raisonnement, Napoléon Bonaparte comme le Maréchal Pétain devraient être considérés comme d’excellents démocrates…Bien qu’ils aient, l’un et l’autre, choisi d’imposer (en se couvrant cependant d’un vernis légal permis par la complaisance d’élus pseudos républicains et démocrates) leur vue au Souverain du pays.
    Un principe qui vaut d’ailleurs sous tous les régimes connus par la France. A commencer par la Monarchie. Sur la foi d’un mauvais traité, un régent Anglais pouvait bien régner à Paris, c’est bien Charles VII de France, après son sacre (et donc son élection par le Seigneur) qui sera reconnu comme le légitime héritier du trône de France et le défenseur de la Foi.

  3. Manvie dit :

    Merci Monsieur le Député pour ce billet très intéressant, juste et respectueux. J’aime bien la toute dernière phrase qui s’est révélée prophétique ! Puissent les députés PS faire preuve de cette même liberté de conscience et d’esprit lors du vote de loi en cours qui crée tant de division chez les français (manifestation du 24 mars).
    Avec tout mon respect,
    Béatrice Manvie

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