Comme beaucoup en Cornouaille, je connaissais Sophie Gonidou dont la presse évoque aujourd’hui le décès à Bordeaux.
Les conditions de sa disparition laissent pantois. De ce qu’en dévoilent les quotidiens transparaissent la préparation, le raisonnement et sans doute aussi l’abîme personnel dans lequel cette famille semblait plongée. Cela ne peut entraîner que la désolation et la compassion.
D’elle je garderai d’abord sa patience têtue. Sophie appartenait à ce petit groupe de femmes que j’ai eu le privilège de rencontrer il y a quelques années. Elles venaient me parler de leur projet fou de bâtir à Quimper un lieu où serait appliquée la méthode « ABA » destinée aux enfants qui souffrent de troubles du comportement. Son fils François, alors tout gamin, était l’un d’eux. Sophie n’était pas la plus bavarde mais son regard en disant long sur sa détermination. Jamais je ne l’ai vu douter et avec Isabelle, elles ont relevé tous les défis si bien qu’en 2010, le service d’accompagnement comportemental spécialisé (SACS) a pu voir le jour à Kergonan avec l’appui de la municipalité de Bernard Poignant.
Elle incarne aussi pour moi, la noblesse de l’engagement associatif. Devenue présidente de l’Association Autisme Cornouaille, je l’ai régulièrement rencontrée. A chaque occasion, elle s’effaçait devant la cause qu’elle servait. Jamais elle ne parlait d’elle, préférant valoriser les arguments plus généraux. Elle cherchait à convaincre sans avoir besoin de jouer sur l’émotion. Elle argumentait sans relâche, n’hésitant pas à multiplier tout en souriant les propositions.
Enfin, son geste renvoie à l’intime. Sud Ouest écrit que les policiers auraient trouvé un mot écrit par Sophie et son mari »Ceci n’est pas un homicide. C’est un acte d’amour« . Personne ne peut juger, ni même interpréter mais je ne peux m’empêcher de penser à toutes les souffrances que cette famille a dû endurer pour en arriver à ne plus croire au rêve ou à l’espoir.