En Nouvelle Calédonie, la révision de la liste électorale est un sujet aussi délicat que la nitroglycérine.
Il vient pourtant d’être remué par une initiative aussi curieuse que solitaire du président du Congrès Roch Wamytan. Celui-ci demande en effet la radiation de 6720 électeurs qui n’étaient pas inscrits en 1998 mais qui ont depuis déjà voté, pour un certain nombre d’entre eux, aux précédentes élections provinciales. Il appuie sa revendication sur un arrêt de la Cour de cassation rendu en novembre 2011.
Immédiatement, cette déclaration a jeté le trouble, le sénateur UMP Frogier réclamant même d’une part une réunion du comité des signataires de l’Accord de Nouméa et d’autre part le report des prochaines provinciales prévues pour le mois de mai.
Après l’intervention hier lors des questions d’actualité de Jean Marc Ayrault en réponse à une interrogation de Sonia Lagarde, candidate UDI à la mairie de Nouméa, qu’il me soit donc permis, avec le recul que donne la distance géographique et la prudence qui sied aux néophytes de rappeler quelques éléments.
1 – Une considérable mauvaise foi permet seule d’utiliser l’arrêt « Oesterlin » de la Cour de Cassation à l’appui d’une demande de radiation. Sa simple lecture indique combien il confirme la non-rétroactivité de la loi constitutionnelle du 27 février 2007.
S’il est vrai que le principe d’égalité tel qu’il est interprété par le Conseil Constitutionnel depuis plusieurs années peut souffrir de différences de traitement, celles-ci doivent être justifiées par des différences de situation. Dans le cas d’espèce, la révision constitutionnelle de 2007, et les travaux parlementaires sont là pour le confirmer, visait à traduire le délicat équilibre trouvé lors de la signature de l’accord de Nouméa, en gelant le corps électoral. Dès lors, distinguer entre les deux conditions de l’art. 188 me paraît soulever une difficulté sérieuse au regard de ce principe constitutionnel. En effet, établir cette distinction porte atteinte non seulement au principe d’égalité en général mais encore au principe d’égalité devant le suffrage qui bénéficie d’une protection renforcée. Or distinguer entre les deux conditions a) et b) de l’art. 188, donc entre les deux catégories d’électeurs, conduit à créer une différenciation de traitement injustifiée sans rapport avec l’objet de la loi de 2007.
2 – L’instrumentalisation de la révision des listes électorales à laquelle se livre le président du congrès de Nouvelle Calédonie est de nature à perturber la campagne électorale des provinciales et risque de porter atteinte à l’acceptation de son résultat, laquelle est évidemment fortement indexée sur le traitement équitable des différentes communautés dans l’application de l’art. 188.
Il serait bien plus pertinent de s’attacher à l’établissement du corps électoral appelé à se prononcer lors de la consultation de sortie de l’accord de Nouméa ce qui permettra de prendre en compte certains électeurs actuellement exclus du corps électoral spécial.
3 – Il est extrêmement précieux que le Premier Ministre hier ait conforté dans son rôle et dans ses positions l’actuel Haut Commissaire marquant ainsi l’attachement de l’Etat à sa place de partenaire et de garant de l’Accord de Nouméa.
http://larje.univ-nc.nc/index.php/component/content/article/25-analyses-arrets-decisions/jurisprudence-judiciaire/419-le-citoyen-caledonien-est-parfaitement-defini
Il faut différencier les art. 188 a et b.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000026745541&fastReqId=654214707&fastPos=1
http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000028327032&fastReqId=1103050127&fastPos=1
Ping : NOUVELLE-CALÉDONIE : NE PAS SE LAISSER INSTRUMENTALISER | Calédonie Ensemble
Ping : La position du président de la commission des lois | Droit de vote en Nouvelle-Calédonie
Dans le télégramme 08/03/2014, vous évoquez « l’esprit d’audace qui faisait la force et la singularité des socialistes » .Il est temps de dépoussiérer les communes et les départements, survivances des paroisses et diocèses et qui ont 225 ans d’ancienneté.Dans une évidente logique de gestion et d’efficacité supprimer une strate administrative doit aller de pair avec la création d’une nouvelle strate:la naissance des intercommunalités ( voire des pays)et régions devrait être corrélée avec la disparition des communes et départements.
Diviser par 2 le nombre des conseillers régionaux voilà une excellente idée mais la même opération appliquée aux députés et sans cumul des mandats contribuerait à clarifier le paysage.
En allant plus loin, la disparition du Sénat, qui ne chagrinerait que les Sénateurs!….libérerait le Palais du Luxembourg.
Les régions sont des naines à l’échelle de l’Europe. Avec, là aussi, du courage et de l’audace, il serait bon de diviser par 2 leur nombre afin de leur donner une envergure européenne et dépasser la problématique du simple rattachement de la Loire Atlantique à la Bretagne