Renzi va-t-il aussi vite qu’on le dit ?

Participant l’autre week-end à une table ronde sur la réunification de la Bretagne à l’initiative de l’association « Bretagne réunie » , j’ai entendu Christian Troadec prendre exemple sur le chef du gouvernement italien qui aurait en quelques semaines « supprimer les provinces » de son pays.

Habitué aux affirmations à l’emporte pièce du maire de Carhaix, il m’a semblé utile, loin du confort de ses slogans, de regarder la réalité. Et celle-ci est évidemment bien plus contrastée que le leader des bonnets rouges veut bien le proclamer.

Certes une loi a été votée le 7 avril 2014. Elle vise de fait la simplification de l’organisation administrative de l’Italie. Mais elle ne saurait en l’état abolir les provinces, lesquelles figurent dans la Constitution

La seule chose que fait, pour le moment cette loi ordinaire n°56 dite Delrio, du nom du secrétaire de la Présidence, le numéro 2 du gouvernement, c’est de supprimer l’élection directe des conseillers provinciaux, ce qui leur fait perdre leur statut d’organes élus et les prive d’une partie substantielle de leurs compétences. De facto, les élections prévues pour la fin mai sont supprimées.

Mais les provinces continuent à exister. Pour les effacer, il faudra que le projet constitutionnel déposé par Matteo Renzi soit adopté. Et rien n’indique qu’il y aura une majorité pour cela.

D’ici là, l’organe qui perdure va être composé de maires des communes, qui ne pourront pas pour cette fonction supplémentaire bénéficier d’indemnités, va être une instance administrative à compétences réduites. C’est d’ailleurs ce qui nourrit les critiques depuis le vote de la loi.

En effet, la Cour des Comptes a ainsi mis en garde le Gouvernement sur le coût potentiel que cette mutation va entraîner et surtout sur le risque du transfert de bureaucratie qu’elle porte entre les anciennes provinces et les autres collectivités locales. En effet, ce n’est pas moins de 80 000 personnels des provinces qui vont devoir être accueillis par ces dernières.

Un mouvement est donc bien lancé mais il est pour le moment prématuré de le considérer comme exemplaire dans sa rapidité d’exécution…