Les conditions d’élaboration de cette réforme ont suscité d’inévitables tensions territoriales. C’est ce qui explique que le « droit d’option » va susciter beaucoup d’attention lors de la seconde lecture du texte sur la nouvelle carte des régions qui débute demain dans l’hémicycle.
Ce « droit d’option » est le mécanisme qui demain devrait permettre à un département de quitter la région où il se trouve pour en rejoindre une autre. Plus personne n’en conteste l’utilité et il apparaît à beaucoup comme une sorte de « soupape de sécurité » susceptible de les amortir.
Mais à mes yeux, il est bien plus que cela. Il faut qu’il soit perçu comme la consécration de l’intelligence des territoires, la prise en compte de l’expertise indispensable des élus locaux, voire l’attention des aspirations exprimées par les citoyens.
Voilà pourquoi cette seconde lecture doit le faire évoluer pour transformer ce mécanisme en une véritable avancée démocratique. Nous n’y sommes pas encore, c’est ce qui justifie que je vais demain m’investir lors de débats pour y parvenir.
Pour le moment, y compris dans la version sortie de la commission, ce droit d’option n’est qu’une virtualité.
Soyons honnêtes. Il est improbable qu’un département puisse quitter sa région d’origine dans un consensus général. Celle-ci le vivra au mieux comme une manifestation d’ingratitude et au pire comme une forme de violence. Il est donc vain de croire qu’elle ne tentera pas par tous les moyens de s’y opposer.
Lui donner en conséquence une faculté de veto [par une majorité des 2/3 ou des 3/5ème], c’est interdire en réalité verrouiller à l’excès ce droit d’option. Peut-être d’ailleurs serait-ce même contraire au principe de non-tutelle d’une collectivité sur l’autre qui figure dans la constitution ? C’est d’ailleurs pour cela qu’en décembre 2003, lorsque les électeurs de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy ont été appelés à s’exprimer sur leur autonomie institutionnelle par rapport à la Guadeloupe, nul n’a songé à octroyer à cette région un quelconque pouvoir de blocage.
Il faut donc imaginer des modifications pour que la région d’origine ne puisse pas bloquer toute évolution mais en même temps, le mécanisme ne doit pas se dispenser de toute règle car il ne faudrait pas que chaque alternance politique dans les collectivités se traduise par un grand chamboule-tout territorial. Le changement de région de rattachement ne peut pas être une foucade punitive !
Que nous faut-il donc faire pour que ce droit devienne une réelle possibilité ? L’option minimaliste consisterait évidemment à supprimer la majorité qualifiée des 3/5ème exigée pour les délibérations du département et de la région d’arrivée, tout en la maintenant pour la région de départ.
Mais je suis plus optimiste sur la volonté du rapporteur d’évoluer encore plus. Je crois que la solution la plus satisfaisante serait de prendre la décision à la majorité simple du département et de la région d’arrivée, la région de départ n’étant consultée que pour avis. Ce sera mon combat de la semaine.