Ce matin nous étions quelques petites dizaines sur les allées de Locmaria pour commémorer l’anniversaire de la Libération de Quimper intervenue le 8 août 1944.
Intervenant ensuite à l’hôtel de ville, je suis revenu sur le sens que devait avoir ce genre de manifestation.
Evidemment d’abord, comme l’indique le sens premier du mot, il s’agit de se remémorer ensemble. C’est donc un acte de reconnaissance envers les générations passées et leurs morts. C’est se rappeler le courage de ces quelques audacieux, cette « première des qualités humaines car elle garantit toutes les autres » disait Aristote. C’est au moins une fois dans l’année penser à ces Quimpérois qui ont été désignés par l’histoire et par la fatalité comme héros et victimes. C’est conforter l’idée qu’une cause juste, même portée au départ par un tout petit nombre, finit toujours par l’emporter. C’est donc en définitive une volonté de lutter contre l’oubli.
Mais commémorer c’est aussi se retrouver. C’est, à partir des valeurs et des idéaux qui ont animé la vie de ceux qui l’ont précédé qu’un groupe élabore son unité et assure sa continuité. C’est donc tirer des leçons pour l’action. Rappeler l’exemplarité est avant tout se choisir un modèle.
Bien sûr chaque histoire est unique. Chaque parcours est singulier. Défier la vulgarité et l’absurdité de la guerre, faire le choix de la solidarité et de la fraternité n’allait pas de soi. Voilà pourquoi avec le temps, ces récits n’appartiennent plus à leurs auteurs, ils appartiennent à l’humanité. Ils doivent être connus, relayés, portés, transmis. Car chacun d’entre eux contribue à construire une histoire collective.
Plus on s’éloigne de l’événement, plus il devient symbole, plus il s’incarne en mythe. Les blessures ont été apaisées. La mémoire a fini par s’entourer d’un peu plus de lucidité.
Aussi ce « devoir de mémoire » dont on parle beaucoup aujourd’hui est avant tout finalement une volonté de ne pas demain commettre les mêmes erreurs, c’est l’outil pour ne pas revoir les horreurs du XXe siècle se répéter.