Deux manifestations ont eu lieu hier avec comme point commun de légitimes inquiétudes sur la dégradation de l’emploi dans l’agroalimentaire finistérien.
L’une rassemblait 500 salariés de Doux et de Tilly à l’appel de la CGT et se déroula dans le calme à Quimper. La seconde se caractérisa par la destruction spectaculaire d’un portique destiné à calculer l’écotaxe sur la RN 12 et les mots furent aussi violents puisque l’un des organisateurs, par ailleurs éleveur de porcs, n’hésita pas à déclarer que « C’est le portique de l’Etat, destructeur d’emplois, qui va peser plus d’un milliard d’euros sur notre économie, dont 300 millions en frais de fonctionnement. La gabelle a été remise en place, nous ne voulons pas de ce nouvel impôt ».
Par essence, je condamne tous les actes de violence qui peuvent émailler des manifestations revendicatives. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a quelques semaines, en mai dernier, je m’étais opposé à une proposition de loi qui proposait « une amnistie pour des faits commis lors de mouvements sociaux« .
Et dans le cas d’espèce, je peine à comprendre l’argumentation développée.
D’abord parce que les crises que traverse l’agroalimentaire n’ont qu’un rapport lointain avec la mise en place de l’écotaxe décidée, faut-il le rappeler ? – par le gouvernement de François Fillon. Ainsi le groupe Doux a déposé son bilan le 1er juin, bien avant que soit élue cette majorité, alors que certains parlementaires qui ont soutenu cette action l’étaient depuis longtemps !
Ensuite, parce que nombre de ceux qui protestaient à Guiclan, réclament en parallèle des subventions à l’Etat, subventions qui ne peuvent venir que des impôts payés par tous les contribuables français. Enfin,
Sur le cas particulier de l’écotaxe, il faut aussi d’abord rappeler son périmètre et ensuite son montant. Ainsi, toutes les routes ne sont pas concernées, seuls 1,5 % du réseau départemental et 0,5 % du réseau communal local le seront. Et en moyenne, pour l’ensemble du territoire national, cela tournera autour de 0,12 €/km pour les trois catégories de véhicules concernés et 0,14 €/km pour les poids lourds de 4 essieux ou plus. Sauf en Bretagne où grâce à notre action à l’Assemblée nationale le 14 avril dernier dont vous pouvez retrouver la trace ici ou encore là, la RN 164 en totalité est exemptée, de même que l’ensemble des véhicules dédiés à la collecte de lait et que pour les autres un dégrèvement de 40 à 50 % a été obtenu.
Il faut enfin se souvenir que son objet est d’apporter des ressources pour financer des infrastructures (et notamment la modernisation du réseau ferroviaire) dont la Bretagne a besoin.
En définitive, que l’avenir de l’agroalimentaire mérite la mobilisation de tout le département est une évidence. Chacun à sa place y contribue d’ailleurs quotidiennement. Mais tous les moyens ne sont pas égaux pour y parvenir. Et la violence, même contre des biens, ne sera jamais fédératrice. Comme disait le philosophe Vladimir Jankélévitch « elle n’est rien d’autre qu’une force faible« .